3 mai 2022 | tiré du site alencontre.org
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Ce dernier, après le court mandat de Silvia Silva (juin 2021-mars 2022) est le successeur de Bárbara Figueroa (Parti communiste) qui a été en poste de 2012 à 2021 et qui a été nommée par Gabriel Boric comme ambassadrice du Chili en Argentine. Le dirigeant a déjà franchi un cap cette semaine : l’augmentation du salaire minimum de 14,3%, le réajustement le plus important depuis 25 ans, passant de 380 000 pesos à 400 000 à partir du premier août 2022 et à 410 000 à partir de janvier prochain. C’est-à-dire, de 445 dollars à 480.
Le coût élevé de la vie
Une mesure qui, bien que saluée par le gouvernement, n’a pas été particulièrement fêtée dans la rue, compte tenu d’un taux d’inflation qui dépasse presque les 10%, sans précédent dans le pays et qui se traduit par le coût élevé des denrées alimentaires de base et du carburant, une situation comparable seulement à 1993. Quoi qu’il en soit, David Acuña Millahueique a déclaré cette semaine : « Aujourd’hui, nous avons effectué une grande avancée dans la protection des droits, nous avons commencé à construire un véritable dialogue, aujourd’hui nous avons la possibilité de dialoguer et nous voulons construire. » Son idée, a-t-il dit, est de se concentrer également sur les questions urgentes telles que la réforme des impôts, les retraites et le renforcement de l’assurance chômage.
Le modèle économique « performant »
Au Chili, à première vue, cette crise semble se déguiser en crise de la consommation, puisqu’à la fin du mois les supermarchés, les centres commerciaux et les magasins de tout le pays sont bondés. Littéralement, un flot de personnes qui rend difficile la circulation dans les rues, le métro et les magasins eux-mêmes. Il y a aussi des voitures remplies de marchandises. Pourtant, il y a ici une explication simple : la facilité d’accès au crédit et aux versements échelonnés qui permettent, grâce à l’endettement, d’aller de l’avant. Le fameux modèle économique « à succès » que les Chiliens ont intégré comme « naturel » depuis le retour à la démocratie.
« Nous comprenons que nous nous affrontons, dans tous les cas, à un scénario national où aucun des accords ne sera suffisant pour faire face au coût élevé de la vie et, par conséquent, nous exigeons la fin des augmentations ou des mécanismes complémentaires pour contrôler les augmentations du panier de base », a reconnu vendredi le sous-secrétaire général de la CUT, Eric Campos.
Le président Gaabriel Boric, lors d’une réunion hier 1er mai avec la CUT, a indiqué son soutien inconditionnel : « Je me souviens qu’ici, à la CUT, nous avons eu des réunions importantes il y a plus de 10 ans, convergeant avec différentes luttes sociales qui, aujourd’hui, donnent également un sens à notre gouvernement […]. Nous ne pouvons pas oublier d’où nous venons. Nous le devons aux travailleurs et travailleuses du Chili. »
La ministre du Travail [PC], Jeanette Jara, a ajouté : « Sans aucun doute, [les dirigeants syndicaux] sont et ont été le moteur historique des changements dans notre pays, surtout en cette période de transformations si importantes qui nous attendent. »
La marche
Cette marche du 1er mai, qui a débuté sur la place Baquedano (rebaptisée De la Dignidad) et a ensuite progressé le long de l’Alameda – l’avenue principale du centre-ville de Santiago – après 10 heures, où se détachaient le drapeau mapuche et les drapeaux de divers groupes de travailleurs, s’est déroulée dans un contexte particulièrement significatif pour les Chiliens : le débat constitutionnel. La Convention constituante (CC) est à contretemps, prolongeant ses jours de travail jusqu’au samedi, faisant face à une forte désapprobation dans les sondages et aux critiques sur sa façon de communiquer. De plus, des attaques sous forme de fake news sont lancées par des groupes de droite, profitant du fait qu’une grande partie de la population est informée de ce processus constituant par les réseaux sociaux.
Le 5 juin, le texte constitutionnel devrait être prêt et disponible pour la lecture et le 4 septembre, il sera soumis à un plébiscite avec un vote obligatoire à deux options : « J’approuve » ou « Je rejette », de manière significative le même jour que Salvador Allende a accédé à la présidence en 1971. La complexité réside dans le fait que les derniers sondages tels que celui de l’institut Cadem indiquent que le rejet l’emporterait de neuf points, tandis que celui Tu Influyes indique une égalité technique entre les deux options. Un scénario difficile à imaginer en 2020 alors que l’option « J’approuve » (pour changer la Constitution de 1980 établie sous la dictature) a obtenu un retentissant 78,28%.
Nouvelle Constitution et impôt sur les riches
La marche, qui s’est terminée sur l’Avenida Santa Rosa, précisément dans un ancien quartier populaire de la capitale, a été marquée par le soutien à la nouvelle constitution et aussi à la réforme de l’imposition qui vise, face à la résistance de l’élite économique transandine, à introduire un impôt sur les super-riches, un élément très présent dans le programme du président Gabriel Boric.
Comme le veut la tradition, les magasins et les boutiques étaient fermés car il s’agissait d’un jour férié complet, ce qui a donné à Santiago – et aux villes du pays – un aspect de calme qu’il est difficile de trouver même le dimanche. (Article publié par le quotidien argentin Pagina 12, le 2 mai 2022 ; traduction rédaction A l’Encontre)
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