Du point de vue du peuple québécois, la pertinence politique en est décuplée puisque qu’il s’agit aussi on ne peut plus clairement d’une question d’oppression nationale ce qui en démultiplie les enjeux de justice sociale et écologiques. Il appartient aux grandes organisations politiques et sociales du Québec, qui se réclament de la gauche, du féminisme et de l’indépendance nationale, de s’emparer de toute urgence de la lutte immensément courageuse de cette femme autochtone. Il faut saisir la balle au bond.
En appuyant publiquement le mouvement « Idle no more » et en appelant à des mobilisations, la gauche indépendantiste, dont Québec solidaire est l’expression politique, serait en mesure de rallier les peuples autochtones et inuit, et le peuple de gauche canadien, à appuyer ou à sympathiser à la lutte pour l’indépendance du Québec. Car la question nationale québécoise, comme l’a démontré le référendum de 1995 et l’hystérie en réaction à la récente victoire électorale du PQ, reste le maillon faible et la grande peur de cette bourgeoisie canadienne et de son État. Or leur projet économique est un « Canada R3 » (rentier, réactionnaire et répressif) qui exige de s’emparer des terres aborigènes où se trouvent sables bitumineux, mines de toute sorte et rivières à harnacher.
Il y a un rendez-vous historique entre les intérêts aborigènes, ceux du peuple québécois et ceux du prolétariat de l’État canadien pour le plein emploi écologique et non le pillage polluant et peu intensif en force de travail des ressources naturelles.
Il faut cependant que la lutte pour l’indépendance apparaisse pour ce qu’elle est, une lutte pour se libérer tant de la mainmise du gouvernement fédéral contre notre droit à l’indépendance et contre nos droits linguistiques que de celle des banques et des transnationales, plus fédéralistes les unes que les autres, contre la justice sociale et écologique.
Notes
[1] Voir sur ESSF (article 27417), Pourquoi « Idle No More » gagne en force, et pourquoi tous les Canadiens devraient s’en préoccuper.
[2] Voir sur ESSF (article 27418), Pendant que meurt de faim la chef Spence, les Canadiens se réveillent de leur torpeur et se souviennent de leurs racines.