Nous sommes respectueusement solidaires de la cheffe Theresa Spence et de Michèle Audette, la présidente actuelle de l’Association des femmes autochtones du Canada, ainsi que des femmes inspirantes qui ont initié le mouvement Idle No More : Sheela McLean, Sylvia McAdams, Nina Wilson et Jessica Gordon. Nous reconnaissons que ce mouvement est le prolongement d’une longue histoire de femmes inspirantes qui ont été à l’avant-plan des Premières Nations et des mouvements autochtones au Canada incluant Ellen Gabriel, feu Patricia Monture-Angus et plusieurs autres. Nous comprenons que les femmes à la tête du mouvement Idle No More, en plus de confronter le gouvernement canadien, demandent aussi des changements au sein des Premières Nations et organisations autochtones pour instaurer des pratiques de prise de décision qui répondent mieux aux demandes exprimées par les femmes, les jeunes et les personnes qui travaillent à la base dans leurs communautés.
Nous nous opposons fermement à la législation proposée et adoptée par le gouvernement canadien, incluant la loi C-45, qui dicte des procédures administratives antidémocratiques, par exemple, en donnant le pouvoir au ministre des Affaires indiennes d’ignorer une résolution adoptée par un Conseil de bande contre la désignation de territoires protégés pour l’extraction de ressources non renouvelables. De telles procédures conduisent à la redéfinition du territoire autochtone et soulèvent des questions fondamentales au sujet du respect par la Couronne de l’esprit des droits issus des traités. Nous sommes préoccupées par l’absence de considération de ce gouvernement pour les lois sur la protection de l’environnement et devant les nombreux exemples de refus de donner suite aux engagements découlant de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et de la rencontre tenue en 2012 entre la Couronne et les Premières Nations. Nous sommes particulièrement inquiètes devant l’inaction ou la négligence à apporter des mesures immédiates et efficaces pour garantir la sécurité des femmes autochtones, surtout que récemment, des centaines de femmes autochtones ont disparu ou ont été victimes de meurtre.
En tant que membres d’une université canadienne érigée sur un territoire Mohawk, nous reconnaissons les pratiques abusives qui ont été utilisées par les institutions d’éducation pour détruire les communautés autochtones ainsi que l’existence de barrières systémiques et persistantes en ce qui a trait à l’éducation post-secondaire. Nous nous engageons à nous renseigner et à éduquer les autres au sujet de la colonisation des territoires autochtones à l’intérieur des limites du Canada et sur le traitement des peuples indigènes en territoires colonisés partout ailleurs. À cette fin, nous nous engageons à maintenir et à améliorer nos programmes d’éducation et à :
• Donner aux étudiant-es l’occasion d’en apprendre davantage au sujet des mouvements anticoloniaux et des stratégies locales et mondiales d’activisme autochtone, incluant le mouvement Idle No More.
• Aider nos étudiant-es à comprendre les dimensions genrées des relations coloniales de pouvoir et de résistance dans les contextes historiques et contemporains.
• Assigner et utiliser des matériaux, méthodologies et écrits de femmes autochtones dans notre enseignement.
• Soutenir activement la lutte pour la souveraineté autochtone en prenant part à des séminaires d’enseignement, des manifestations, des démonstrations et des événements communautaires.
• Demander la fin de la violence sous toutes ses formes contre toutes les femmes.
• Reconnaître que le mouvement Idle No More est intégralement lié aux efforts pour mettre fin aux occupations, à l’exploitation économique, à la dégradation de l’environnement et au militarisme et en faveur de la justice à l’échelle de la planète.