Rappelons que ce qui a permis au conflit de perdurer est le fait que l’entreprise ait pu poursuivre ses activités en remplissant les pages de son journal d’articles rédigés non pas par ses journalistes, mais plutôt par une agence de presse, QMI, spécifiquement créée pour pallier au lock-out. En continuant à publier ses journaux quotidiennement et en maintenant ses profits, l’entreprise n’a jamais ressenti l’urgence d’en venir à une entente négociée de bonne foi avec ses travailleurs. Ce lock-out a provoqué près de deux cents pertes d’emplois, en plus de nettement faire reculer les conditions de travail et les avantages sociaux de tous les travailleurs, ainsi que les clauses professionnelles qui encadrent et protègent l’intégrité et l’indépendance du travail journalistique.
Ajoutons que M. Péladeau a retiré ses entreprises du Conseil de presse, tribunal d’honneur qui reçoit les plaintes du public lorsque ce dernier se croit mal informé et qui intervient lorsque la liberté de presse est menacée.
Le président de la CSN, Jacques Létourneau, y voit un désaveu du Parti québécois dans son engagement à protéger les travailleurs et à entretenir un sain climat dans les relations de travail au Québec. Cela est d’autant plus surprenant qu’à la suite des lock-out dans les entreprises de M. Péladeau, la Commission parlementaire sur l’économie et le travail avait conclu que : « Le ministère du Travail revoie la notion d’établissement ainsi que la notion d’employeur prévuent dans le Code du travail pour tenir compte de l’évolution des réalités économiques et technologiques, et ce, afin d’établir un juste équilibre du rapport de force entre les parties négociantes lors d’un conflit de travail. »
Pour M. Pierre Roger, président de la FNC « l’arrivée en politique de celui que plusieurs décrivent comme étant un des pires employeurs de l’histoire du Québec en termes de relations de travail envoie un signal très inquiétant aux travailleurs et particulièrement à nos membres qui œuvrent en majorité dans les milieux de la culture et des communications ».
« La feuille de route du magnat des communications en matière de relations de travail et ses interventions publiques à cet égard sont sans équivoque, a déclaré Jacques Létourneau. Nous profiterons de la campagne électorale pour l’interpeler sur ses intentions à ce sujet et sur la nécessaire modernisation du Code du travail. »