Lorsque l’on parle de mauvaise situation financière, ce sont toujours les enseignantes et enseignants à contrat (les chargées et chargés de cours) qui écopent par une baisse significative de l’enveloppe de charges de cours. On s’attendait, bien sûr, que la pandémie ait un impact négatif sur les budgets de fonctionnement des universités. Mais le SPPEUQAM est toutefois d’avis que l’hypothèse budgétaire présentée par l’UQAM qui sous-tend cette « consultation » est alarmiste et pessimiste et nous place devant un « fait non-accompli ».
Dans l’annonce du budget du gouvernement du Québec de mars dernier, il a été prévu un investissement de 700 M$ en enseignement supérieur jusqu’en 2026. Il est également précisé un investissement de 170 millions pour « soutenir la consolidation des apprentissages en contexte de crise sanitaire ». On peut donc s’attendre à un déficit réel beaucoup moindre que celui annoncé par l’UQAM, d’autant plus que la mise en place des règles budgétaires est encore en discussion entre le gouvernement et les universités. Québec n’a donc pas fermé la porte à une possible compensation supplémentaire à l’automne.
Quant à l’invitation à participer au plan de vitalité financière de l’UQAM, on s’interroge sur cette façon de « consulter » qui s’adresse à tout le monde et à personne en même temps. Il existe, à l’UQAM, des syndicats et des associations étudiantes qui représentent différents groupes et qui ont toute la légitimité pour être consultées. Comment la direction va-t-elle prendre en compte des idées individuelles, alors que des instances institutionnelles pourraient s’y pencher ?
La « consultation » du plan de vitalité financière propose trois catégories de thèmes :
– la hausse/diversification des revenus ;
– la réduction des coûts ;
– l’efficacité, agilité et optimisation.
Nous ne pouvons que déplorer que ces thèmes orientent vers une logique marchande de l’enseignement. L’université ce n’est pas une entreprise privée qui doit faire de l’éducation une machine sur la voie de la rentabilisation.
Concernant la hausse/diversification des revenus, le SPPEUQAM est d’avis que l’augmentation des revenus doit passer par un réinvestissement significatif du gouvernement en enseignement supérieur. Les dernières annonces de Québec sont positives mais ne seront pas suffisantes pour contrer des années d’austérité et de coupes budgétaires qui ont mis à mal l’enseignement supérieur. La logique marchande compétitive pour recruter des étudiants du Québec ou de l’international ne doit pas remplacer le financement public. Le manque de prévisibilité budgétaire des universités a d’ailleurs été soulevé par Rémi Quirion, le scientifique en chef, dans son rapport sur l’Université québécoise du futur.
Le second thème vise une réduction des coûts, mais le SPPEUQAM se battra haut et fort contre une détérioration des conditions de travail de ses membres et une hausse de leur précarité.
Finalement, si l’UQAM veut « améliorer certains processus et partager des ressources », nous invitons la direction à considérer les propositions du SPPEUQAM à la table de négociation de notre convention collective. Réduire la précarité des enseignantes et enseignants à contrat et améliorer leurs conditions de travail permettraient une meilleure rétention de ce personnel expérimenté tout en améliorant la qualité de l’enseignement. Un grand roulement d’enseignantes et enseignants précaires a pour effet inverse, sans parler des effets sur la santé mentale des personnes concernées. Les étudiantes et les étudiants ne sont pas dupes. Si l’UQAM fait des promesses alléchantes au moment des inscriptions, il faut qu’elle donne les moyens à son personnel enseignant d’y arriver.
Cette pseudo consultation ne doit pas être le prélude à des coupes budgétaires. Les membres du SPPEUQAM y ont assez goûté !
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