Édition du 19 novembre 2024

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COP16 biodiversité : en Colombie, les Amérindiens veulent mettre les projecteurs sur l’Amazonie

La Colombie entend donner à la COP16 sur la biodiversité, qui débute ce lundi 21 octobre à Cali, l’étoffe d’une “COP du peuple”, en plaçant les populations autochtones au centre des débats. Ces dernières veulent profiter de l’occasion pour faire de la préservation de l’Amazonie une priorité.

21 octobre 2024 | tiré de Courrier international | Photo : Un indigène brésilien photographié le 20 octobre 2024 au Pacific Event Center, le site de la COP16, près de Cali, en Colombie. PHOTO JOAQUIN SARMIENTO/AFP

Généralement, les Conférences des parties (COP) sur la biodiversité sont des sommets de l’ONU où les grandes décisions se prennent entre États, à porte fermée, pratiquement sans prise en compte de la société civile. Mais, cette année, les peuples autochtones espèrent peser de tout leur poids sur la COP16, qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. Et c’est aussi la couleur que le gouvernement colombien veut donner à l’événement, à en juger par le surnom que lui a donné le président, Gustavo Petro : “COP du peuple”.

L’un des enjeux majeurs de cet événement est l’Amazonie, la forêt primaire aux 7 millions de kilomètres carrés que partage ce pays avec 8 autres nations. Pourtant, le président ne lui a pas consacré un mot lors de son discours d’inauguration, le dimanche 20 octobre, au terme d’une émouvante cérémonie au cours de laquelle Amérindiens et afrodescendants ont rappelé les liens étroits qui les unissent à la nature.

Le chef de l’État a chargé, pêle-mêle, les ultra-riches qui rêvent d’aller sur Mars, l’économie de marché et l’intelligence artificielle, en assurant “qu’il est illusoire de nier que l’extinction de la biodiversité et de la vie a déjà débuté”, et qu’il faudra “une révolution” pour en finir avec l’ère néolibérale, relate le journal El Espectador.

Reconnaissance du rôle clé des Amérindiens

Mais les peuples autochtones ne désespèrent pas de faire entendre leur demande de financement, en lien avec le rôle fondamental qu’ils jouent dans la conservation de la biodiversité, ainsi qu’une plus grande protection face aux menaces extérieures “et, surtout, la reconnaissance de leurs droits sur les terres qu’ils habitent depuis des générations”, assure l’agence Inter Press Service.

Car en Colombie les zones où la biodiversité est le mieux conservée sont généralement habitées par des peuples amérindiens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Petro leur a concédé, quelques jours avant la COP16, le statut d’autorité environnementale, rapporte El Colombiano
.
La guerre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en toile de fond

Au départ, Cali était loin d’être la ville favorite pour accueillir ce sommet auquel assistent 14 chefs d’État, plus de 100 ministres de l’Environnement et 18 000 autres personnes. Mais le tremblement de terre survenu en 2023 en Turquie, pays qui devait présider l’événement, a rebattu les cartes. Et le gouvernement de Petro semblait alors cocher toutes les cases pour que la Colombie devienne le nouvel hôte de cet événement né en 1992 à Rio, en même temps que les COP annuelles sur le climat, et celles sur la désertification (bisannuelles).

Le slogan officiel choisi par la Colombie, “Faire la paix avec la nature”, peut toutefois sembler ironique, dans la mesure où la guerre a repris pratiquement dans toute la Colombie, faisant exploser le déboisement dans les zones que dominent des dissidents ayant refusé de se soumettre à l’accord de paix signé en 2016 avec les Farc. Ce qui explique la présence de milliers de policiers et de militaires censés garantir la sécurité lors de l’événement.

Dans ce contexte, l’autre grand enjeu de la COP au niveau régional sera de “parvenir à définir une feuille de route commune à tous les pays de l’Amazonie afin de définir un plan pour traiter les problèmes majeurs en matière de déforestation, d’exploitation minière illégale, d’abattage illégal et d’expansion de la frontière agricole”,explique à La Silla Vacía Andrés Santiago Arroyave, spécialiste de l’environnement de l’Université nationale de Colombie. Mais aussi d’allouer des ressources au reboisement des milliers d’hectares qui perdent leur flore chaque année.

Instaurer des zones protégées sur 30 % de la planète

Le journal El Heraldo détaille les objectifs de la COP au plan international :

“L’accent sera mis sur la mise en place de l’accord de Kunming-Montréal, adopté lors du dernier sommet, au Canada, dont l’objectif principal est de protéger 30 % de la planète (zones terrestres, marines et d’eau douce), en les convertissant en zones protégées d’ici à la fin de la décennie, et de restaurer 30 % des écosystèmes dégradés.”

La situation actuelle ne pousse cependant pas à l’optimisme. Sur les 195 pays ayant signé cet accord, seuls 25 ont publié leurs “stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité”.

Lire aussi : Biodiversité. COP16 : la grande majorité des pays n’ont pas transmis leur feuille de route

Et d’après une enquête du Paulson Institute menée en 2021, entre 120 000 et 140 000 millions de dollars sont investis chaque année dans la conservation de la biodiversité, alors qu’il faudrait 700 000 millions de plus chaque année pour inverser son déclin d’ici à 2030.

Ce sera donc à la Colombie, l’un des pays qui abritent la plus grande biodiversité au kilomètre carré – avec 311 écosystèmes continentaux et marins –, de trouver la clé pour mettre en place “un programme politique fondé sur le rassemblement de pays extrêmement divers afin de donner autant d’importance à la biodiversité qu’à l’urgence climatique globale”, conclut le journal El Espectador.

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