Il faut s’intéresser au budget de l’État parce qu’il s’agit là du plus important exercice annuel d’un gouvernement. C’est à travers cet exercice qu’il est possible de savoir quelle part au juste le gouvernement entend s’accaparer de la richesse collective en vue d’administrer le secteur public, de donner des services à la population, de rémunérer ses salariéEs, de redistribuer la richesse collective et d’investir dans les infrastructures. La grande question qui se pose inlassablement devant l’annonce d’un budget est la suivante : le budget s’écrira-t-il à l’encre rouge (création d’un déficit) ou à l’encre noire (anticipation d’un surplus) ?
Le mardi 10 mars 2020, 16 heures pile, je suis installé devant l’écran de mon téléviseur pour écouter le discours sur le budget du ministre des Finances du Québec, monsieur Éric Girard. Depuis bientôt un mois que j’attends ce moment. C’est autour de 16h7 que le Président de l’Assemblée nationale, monsieur François Paradis, donne la parole au ministre Girard qui est, faut-il le rappeler, un député caquiste. Je précise que la Coalition avenir Québec n’a jamais affiché d’orientations progressistes. Après à peine quelques mots en français, portant sur la performance économique enviable que traverse le Québec et le contexte d’incertitude en lien avec le Corona virus et la chute du prix du baril du pétrole… le ministre passe à l’anglais. RDI profite de ce passage dans la langue de Shakespeare pour interrompre brusquement la diffusion du discours et nous imposer une table ronde animée par le journaliste Patrice Roy accompagné de quelques commentateurs et d’une commentatrice de l’actualité. Exit le discours du ministre et place à des commentaires qui reposent sur des données que la téléspectatrice ou le téléspectateur est dans l’impossibilité de vérifier. Émission d’information ou information spectacle ? Je me demande pourquoi cette rapide interruption de la diffusion du discours sur le budget ? Passons.
Quelques chiffres en lien avec le budget 2020-2021 :
Des revenus prévus de l’ordre de 121 milliards 300 millions ;
Des dépenses de 118 milliards 600 millions ;
Un surplus anticipé de 2 milliards 700 millions qui sera en totalité versé au Fonds des générations.
Il faut noter ici que les surplus accumulés au cours des deux dernières années et celui anticipé pour la prochaine année s’élèvent à plus de 14 milliards. Il s’agit là d’une cagnotte que nous pouvons qualifier de pharaonique.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les finances publiques au Québec se portent plutôt bien. Les dépenses sont en hausse et un nouveau surplus milliardaire est même envisagé. Cela contraste avec les années d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard.
Ce budget doit faire l’objet d’une étude que je n’ai hélas ni le temps, ni les moyens d’effectuer au cours des prochains jours. Le présent texte est, dans les présentes circonstances, un work in progress.
Première conclusion au sujet de ce budget
Après avoir écouté deux ou trois émissions de télévision et de radio sur le budget, une chose me semblait claire : certaines grandes revendications de grands mouvements sociaux de protestation des dernières années sont toujours laissées sur la table. Je pense ici plus particulièrement aux revendications au sujet de la rémunération des stages et l’abolition des frais de scolarité à l’université. Pour ce qui est d’une juste rémunération pour les plus de 550 000 salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic, il faut attendre de voir les données sur les crédits des ministères. Il s’agit là d’une publication en provenance du Conseil du trésor. Cette publication comporte de nombreuses données détaillées et comme dirait l’autre : « Le diable est dans les détails ».
Yvan Perrier
10 mars 2020
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