Les crises économique, écologique et alimentaire fusionnent dans une crise systémique qui se fait de plus en plus dramatique pour l’ensemble de l’humanité.
La crise économique a rebondi et elle s’est approfondie. L’Europe a été durement frappée par la crise de la dette souveraine. Après avoir socialisé les dettes privées pour sauver les banques, les États européens se sont retrouvés avec une situation d’endettement généralisé. La solution des classes dirigeantes a été de faire payer la population en leur appliquant une austérité de plus en plus féroce à mesure que la crise s’aggravait. Mais, l’austérité en diminuant encore plus le pouvoir d’achat de la majorité de la population a cassé toute reprise. Alors, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre se sont enfoncés dans la crise. Aujourd’hui, la récession est européenne et la situation de l’économie des États-Unis continue de se détériorer avec un impact dévastateur du recul de ces deux grands blocs sur l’ensemble de l’économie mondiale.
Le comportement irresponsable, pour ne pas dire criminel, des oligarchies occidentales régnantes face au réchauffement climatique a été démontré au sommet de Durban. Non seulement elles ont rejeté tout accord contraignant sur l’émission de gaz à effet de serre, mais elles veulent limiter les investissements à cet égard qu’aux marchés de carbone qui ne profitent qu’aux riches et qui sont inefficaces pour faire face aux changements climatiques. La perspective de prendre des initiatives concrètes a été reportée au-delà de 2020. Ce sont les pays du Sud qui vont vivre les conséquences désastreuses de ces choix des grandes puissances de la planète.
Les États-Unis et leurs alliés retirent leurs troupes d’Irak et d’Afghanistan. Ces interventions militaires ont-elles soulagé les populations ? Au contraire, elles ont semé la mort, la destruction et la désolation. Et durant toute cette année, des menaces d’une nouvelle aventure militaire contre l’Iran se sont multipliées. Le déploiement des troupes américaines continue dans la région Asie-Pacifique comme ailleurs sur la planète. Alors que des dépenses militaires considérables sont faites pour aider à faire main basse sur les richesses (particulièrement pétrolières) des pays du sud, les famines continuent à frapper. Dans la Corne de l’Afrique, en Éthiopie et en Somalie, 12 millions de personnes vivent une situation de famine.
Le Canada aux mains des Conservateurs
Le gouvernement Harper forme un gouvernement majoritaire avec une minorité des voix exprimées. Mais, le gouvernement Harper a les mains libres pour être partie prenantes des aventures militaires américaines. Devant une récession s’annonce, il fait de l’austérité l’axe de sa politique économique. Il nie avec arrogance la gravité de la crise écologique et se retire des accords de Kyoto. Ce gouvernement conservateur soutient l’exploitation des sables bitumineux et l’exportation du pétrole vers les États-Unis et la Chine. Le soutien aux énergies fossiles responsables du réchauffement de la planète est ouvertement défendu. Plus, la fonte des glaces dans le grand nord est présentée non comme une catastrophe écologique, mais comme une occasion d’exploiter plus aisément le pétrole de l’Arctique. Les grandes entreprises canadiennes se ruent déjà sur cet or noir au mépris de l’environnement.
Le gouvernement Harper impose ses choix répressifs et son conservatisme moral à l’ensemble de la population canadienne. Les lois réactionnaires sur le système de justice, sur le registre des armes à feu sont des attaques frontales contre les jeunes et les femmes de ce pays. Ce gouvernement traite le Québec et les Premières nations avec un mépris qui n’hésite même plus à s’afficher à la Chambre des communes.
Le Québec sous la férule des corrompus
Le gouvernement Charest se fait le défenseur de l’exploration et de l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. L’industrie des gaz de schiste mobilise Lucien Bouchard, ancien premier ministre péquiste, pour l’aider dans son travail d’intoxication sur le caractère non dangereux de cette exploitation.
Le gouvernement Charest présente un projet d’exploitation du Grand Nord et de braderie de nos ressources naturelles comme un nouvel eldorado pour le Québec. Il parcourt la planète pour vendre le Québec et son plan Nord. Il promet aux grandes entreprises qui répondraient à ses appels de les subventionner généreusement.
Dans tous les secteurs et dans toutes les régions, les scandales surgissent au grand jour. L’octroi des contrats gouvernementaux dans la construction semble une occasion d’affaires et de malversations de tous genres. Et il en est de même dans certaines municipalités. Le rapport Duchesneau sur la corruption dans l’industrie de la construction démontre que la privatisation que défend le gouvernement Charest favorise la corruption et la collusion en faisant perdre une expertise essentielle au ministère des Transports, qui n’est même plus à même d’évaluer correctement les dépassements des coûts des travaux que le gouvernement octroie. L’attribution de places en garderies est faite au bénéfice des personnes qui contribuent à la caisse du Parti libéral du Québec.
L’effondrement de la popularité du PLQ est telle, que les secteurs fédéralistes de la classe dominante se retrouvent dans la perspective de devoir céder le pouvoir aux prochaines élections. Il leur faut mettre un deuxième fer au feu. François Legault, un homme d’affaires, dirigera l’opération. Il proclame que la polarisation entre le fédéralisme et le souverainisme est dépassée et qu’il faut s’attaquer aux vrais problèmes du Québec comme si la minorisation politique du Québec n’était pas un problème essentiel. Son parti, la Coalition Avenir Québec, présente un programme libéral mâtiné d’un peu de nationalisme. Il absorbe l’ADQ en voie de disparition. La droite politique a un nouveau cheval. Les empires médiatiques multiplient les sondages biaisés pour bien placer la CAQ dans la course. L’opération peut toujours capoter, mais elle semble bien amorcée.
La recomposition en cours du mouvement souverainiste
En 2011, Le Bloc québécois s’effondre. Il lui reste quatre députés. Jouant à fond, avec un électoralisme débridé, la carte de l’alternance provincialiste, le Parti québécois entre en crise. Des députés démissionnent. La direction de Pauline Marois est remise en cause car elle est tenue responsable de tous les problèmes de son parti. Les intentions de vote du PQ s’effondrent dans les sondages. En fait, c’est l’ensemble du mouvement souverainiste qui est en crise. Il se réorganise selon différents axes stratégiques. Option nationale est lancée par Jean-Marie Aussant. Le Parti québécois a vraiment perdu le monopole de représentation des indépendantistes. En fait, ce qui est en train de disparaître radicalement, c’est la possibilité d’unir les indépendantistes en faisant abstraction de la polarisation gauche-droite. La reconstruction du mouvement indépendantiste ne se fera pas sans que cette polarisation soit prise en compte, particulièrement dans cette période de crise économique et d’approfondissement de l’offensive contre les acquis sociaux et politiques de la population.
LA RADICALISATION DES RÉSISTANCES
La révolution arabe continue
La révolution arabe s’est développée en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie, au Barhein, au Yémen... Des dictateurs ont été éjectés par la mobilisation populaire. De nouveaux gouvernements ont été élus. La lutte démocratique est largement inachevée, mais elle a marqué des points. La lutte continue comme en Égypte où les mobilisations se heurtent aux autorités militaires, comme en Syrie où les manifestations n’hésitent pas à faire face avec courage à la répression. Le printemps arabe est loin d’être terminé. La lutte sera longue, difficile, faite de reculs et de reprises. Mais la révolution arabe est encore en marche.
La mobilisation contre les politiques d’austérité et le mouvement des Indignés
En Europe, les populations n’acceptent pas les politiques d’austérité des gouvernements de droite ou de la gauche sociale-démocrate. En Grèce, les grèves générales ont succédé à des grèves générales. De larges et dures mobilisations ont eu lieu au Portugal, en Espagne, en Italie et en Angleterre. Les confrontations avec les forces de l’ordre capitaliste se sont multipliées. Dans le sillage de ces mobilisations, s’est développé le mouvement des indignés qui rejette la domination des 1% des plus riches sur les 99% de la population. Mais, la massivité et la combativité de ces grèves et de ses manifestations ne sont pas encore parvenues à faire reculer les gouvernements qui persistent à mener leurs politiques antipopulaires. Mais les expériences s’accumulent et c’est dans ces expériences et les réflexions sur ces dernières que sont en train de se forger les stratégies et les organisations qui permettront à ces résistances d’être victorieuses.
L’apparition d’Occupy Wall Street et le développement du mouvement Occupy dans l’ensemble des villes des États-Unis et du Canada ont introduit une remise en question de la domination de classe dans les luttes des mouvements sociaux. Aux États-Unis, tout particulièrement, le mouvement Occupy a réussi à faire des jonctions avec le mouvement syndical dans des manifestations et des occupations qui pourront permettre d’enrichir la résistance aux visées des grands capitalistes américains.
La lutte pour la justice climatique et pour un environnement sain
En 2009, il y a eu des mobilisations de centaines de milliers de personnes au sommet de Copenhague et dans d’autres villes du monde. En 2010, il y a eu le Sommet des Peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre-Mère en Bolivie. En 2011, les paysans de plusieurs pays africains se sont mobilisés dans le cadre du sommet de Durban. Le mouvement pour la justice climatique ne peut pas compter sur les autorités gouvernementales des pays du Nord. Le mouvement pour la justice climatique et les mouvements écologiques ont déjà recueilli un vaste appui dans les populations de la planète. Mais des stratégies autonomes, inspirées des principes de Cochabamba, devront être développées pour faire face aux défis environnementaux essentiels auquel l’humanité fait face.
En 2011, au Québec, la résistance populaire et citoyenne s’est déployée sur de multiples terrains
Le gouvernement Charest a dû finalement accepter de mettre sur pied une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la coonstruction. Devant la détermination de la population à ce que soit mis sur pied une commission d’enquête, face au prix politique qu’il payait, Charest a cédé. Ce fut là une véritable victoire de la population du Québec face aux représentants de cette oligarchie corrompue.
Le mouvement citoyen contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste a réussi à faire reculer le gouvernement Charest par sa mobilisation et son large travail d’explication des dangers d’une telle exploration. Sans accepter un véritable moratoire, le gouvernement du PLQ a dû mettre fin à l’utilisation des fracturations... du moins officiellement, sauf pour celles permettant de faire des études des conséquences de cette exploitation. Mais rien n’est encore définitivement joué et la bataille se poursuit.
La résistance des mouvements populaires, étudiants et syndicaux contre la privatisation et la tarification des services publics s’est concrétisée dans nombre d’initiatives. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues cette année. Des occupations ont relayé les manifestations. La grève contre la hausse des frais de scolarité universitaires se prépare activement et la possibilité d’un soutien actif des autres mouvements sociaux au mouvement étudiant s’est construite cette année grâce à des expériences de luttes communes. Seule une lutte d’ensemble pourra casser l’intransigeance gouvernementale. C’est là une analyse largement partagée.
La transformation sociale est une exigence incontournable
Des convictions commencent à s’ancrer dans la population. On n’a pas à payer pour leur crise. L’enrichissement des plus riches et l’élargissement des écarts sont inacceptables. L’irresponsabilité des affairistes face aux problèmes écologiques et climatiques n’a pas de bornes. Il faut faire la politique autrement. Il faut redonner ses véritables dimensions à la démocratie. Il faut refonder la souveraineté du peuple sur les enjeux essentiels et combiner les aspirations sociales aux aspirations nationales à l’indépendance. Ces convictions sont au coeur des mobilisations actuelles. Elles doivent inspirer tous ceux et toutes celles pour qui la transformation sociale dans un sens du renforcement de la solidarité et de la défense du bien commun est un impératif incontournable.