Le film…
1972, la championne de tennis Billie Jean King remporte cette année-là trois titres du Grand Chelem. Le montant total de ses bourses accumulées s’élevait à 100 000$. Une somme astronomique pour l’époque qui a amené le scabreux président Richard Nixon à l’appeler pour la féliciter personnellement pour cet exploit à la fois remarquable et exceptionnel. Loin de se satisfaire de ses succès personnels, Billy Jean King s’engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de tennis et pour qu’elles aient droit à des bourses similaires à celles de leurs collègues masculins. Il faut rappeler que nous sommes au début des années soixante-dix. Une nouvelle génération de femmes se lance à la conquête de certains bastions traditionnellement réservés aux hommes. Le tennis est contrôlé par ce type de mâle machiste qui jette un regard patriarcal et condescendant sur les femmes. Impossible, selon les dirigeants de l’Association of Tennis Professionals (ATP), que les femmes présentent aux spectateurs et aux spectatrices une compétition aussi relevée que celle des hommes. D’où, une inévitable inégalité de traitement pleinement justifiée à leurs yeux. Devant cette intolérable injustice faite aux tenniswomen, Billy Jean King va décider de se mobiliser pour renverser l’ordre des choses. Elle et huit autres joueuses de tennis professionnel, avec l’appui organisationnel du mari de Billy Jean King (Larry de son prénom), vont mettre sur pied, en 1973, la Women’s Tennis Association (WTA) ou la « Original Nine ». C’est alors que l’ancien tennisman numéro un mondial, Bobby Riggs, profondément misogyne et surtout provocateur à outrance, va tout mettre en œuvre pour que Billie Jean King accepte de l’affronter en match simple. Entre temps, Billy Jean King, qui est à l’époque mariée, découvre qu’elle a une nette attirance pour sa coiffeuse avec qui elle développe une relation amoureuse. Une relation très mal vue il y a un demi-siècle. Que de choses à combattre pour une personne humaine qui a ses forces et ses faiblesses, tout en ayant à cacher, en plus, sa source principale de bonheur le plus intime ! Le match opposant Bobby Riggs à Billie Jean King aura lieu le 20 septembre 1973. Il se déroulera à l’Astrodome de Houston devant plus de 30 000 spectatrices et spectateurs, soit la plus grande foule de tous les temps pour un match de tennis aux USA. Le duel est suivi à domicile par environ 50 millions de téléspectatrices et de téléspectateurs et diffusé dans 37 pays. La partie est remportée par Billy Jean King. Lors de cet affrontement, Billy Jean King a prouvé qu’elle pouvait non seulement triompher d’un adversaire de sexe opposé, mais également vaincre certains préjugés sexistes.
Féminisme et droit des LGBTQ
Billy Jean King appartient à cette catégorie de personnes qui ont décidé de troquer une partie de leur gloriole personnelle au profit de l’avancement et de l’amélioration de la condition du plus grand nombre. Cette femme aurait pu continuer à frapper des balles de tennis avec sa raquette comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes en général et sur le court de tennis en particulier. Non. Elle a préféré s’investir dans la promotion du droit des femmes et des LGBTQ tout en pratiquant son sport préféré. Elle sera d’ailleurs la première athlète féminine à faire son coming out (comprendre par là à révéler publiquement son homosexualité). Il faut préciser que nombreuses étaient les personnes de son entourage qui craignaient de voir les compagnies qui commanditaient le tennis féminin retirer leurs oh combien indispensables précieux billets verts nécessaires au bon fonctionnement de cette industrie sportive autonome naissante, le tennis féminin de la WTA, et concurrente à son pendant masculin l’ATP. Pour ses nombreux combats, Billy Jean King recevra, en 2009, des mains de Barak Obama, la très convoitée Presidential Medal of Freedom (la médaille présidentielle de la Liberté).
Pour conclure
Ce récit touche à la fois aux domaines suivants : sportif, politique, amoureux et homosexualité. Il s’agit donc d’une solide démonstration que quand nous parlons de sport, il est parfaitement possible de tomber dans de nombreux sujets. De plus, il a un caractère atypique en ce sens qu’il nous rappelle à quel point le chemin parcouru par les féministes et les LGBTQ, depuis les années soixante-dix, est certes formidable à certains égards, mais également fragile sous certains aspects. Il faut toujours se dire que la lutte en faveur de l’égalité, toutes catégories sociales et sexuelles confondues, n’est pas encore gagnée. Oui, il est exact de constater que les choses, dans certains cas, ont beaucoup changé en cinquante ans, mais il y en a encore aujourd’hui des personnes, de différentes conditions, qui luttent pour la reconnaissance de leur droit ou pour enfin obtenir un traitement à la hauteur de la valeur de leur prestation du travail. Il faut le constater et se rappeler que le monde change, mais certaines personnalités, qui ont le regret ou la nostalgie de l’ordre ancien, persistent et menacent les fragiles acquis des victoires des forces progressistes. Et c’est ainsi que le monde évolue, il change… tout en continuant à tourner en rond !
Yvan Perrier
8 mars 2021
yvan_perrier@hotmail.com
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