Édition du 17 décembre 2024

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Battle of the sexes (La Bataille des Sexes)

Récit filmique biographique autour du combat de Billy Jean King en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes

Le film Battle of the Sexes (La Bataille des Sexes) est un film américano-britannique réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris. Il est sorti en 2017. Il s’agit, d’une manière un peu plus précise, d’un film biographique sur la très talentueuse joueuse de tennis américaine Billie Jean King. Le film porte sur sa lutte en faveur de l’obtention d’un traitement juste et équitable pour les femmes joueuses de tennis et sur son célèbre match contre le joueur clownesque - et parieur invétéré - Bobby Riggs. Riggs, rappelons-le, est un ancien champion de Wimbledon qui n’hésitait pas à clamer haut et fort la « supériorité masculine » sur le supposé « sexe faible » (sic).

Le film…

1972, la championne de tennis Billie Jean King remporte cette année-là trois titres du Grand Chelem. Le montant total de ses bourses accumulées s’élevait à 100 000$. Une somme astronomique pour l’époque qui a amené le scabreux président Richard Nixon à l’appeler pour la féliciter personnellement pour cet exploit à la fois remarquable et exceptionnel. Loin de se satisfaire de ses succès personnels, Billy Jean King s’engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de tennis et pour qu’elles aient droit à des bourses similaires à celles de leurs collègues masculins. Il faut rappeler que nous sommes au début des années soixante-dix. Une nouvelle génération de femmes se lance à la conquête de certains bastions traditionnellement réservés aux hommes. Le tennis est contrôlé par ce type de mâle machiste qui jette un regard patriarcal et condescendant sur les femmes. Impossible, selon les dirigeants de l’Association of Tennis Professionals (ATP), que les femmes présentent aux spectateurs et aux spectatrices une compétition aussi relevée que celle des hommes. D’où, une inévitable inégalité de traitement pleinement justifiée à leurs yeux. Devant cette intolérable injustice faite aux tenniswomen, Billy Jean King va décider de se mobiliser pour renverser l’ordre des choses. Elle et huit autres joueuses de tennis professionnel, avec l’appui organisationnel du mari de Billy Jean King (Larry de son prénom), vont mettre sur pied, en 1973, la Women’s Tennis Association (WTA) ou la « Original Nine ». C’est alors que l’ancien tennisman numéro un mondial, Bobby Riggs, profondément misogyne et surtout provocateur à outrance, va tout mettre en œuvre pour que Billie Jean King accepte de l’affronter en match simple. Entre temps, Billy Jean King, qui est à l’époque mariée, découvre qu’elle a une nette attirance pour sa coiffeuse avec qui elle développe une relation amoureuse. Une relation très mal vue il y a un demi-siècle. Que de choses à combattre pour une personne humaine qui a ses forces et ses faiblesses, tout en ayant à cacher, en plus, sa source principale de bonheur le plus intime ! Le match opposant Bobby Riggs à Billie Jean King aura lieu le 20 septembre 1973. Il se déroulera à l’Astrodome de Houston devant plus de 30 000 spectatrices et spectateurs, soit la plus grande foule de tous les temps pour un match de tennis aux USA. Le duel est suivi à domicile par environ 50 millions de téléspectatrices et de téléspectateurs et diffusé dans 37 pays. La partie est remportée par Billy Jean King. Lors de cet affrontement, Billy Jean King a prouvé qu’elle pouvait non seulement triompher d’un adversaire de sexe opposé, mais également vaincre certains préjugés sexistes.

Féminisme et droit des LGBTQ

Billy Jean King appartient à cette catégorie de personnes qui ont décidé de troquer une partie de leur gloriole personnelle au profit de l’avancement et de l’amélioration de la condition du plus grand nombre. Cette femme aurait pu continuer à frapper des balles de tennis avec sa raquette comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes en général et sur le court de tennis en particulier. Non. Elle a préféré s’investir dans la promotion du droit des femmes et des LGBTQ tout en pratiquant son sport préféré. Elle sera d’ailleurs la première athlète féminine à faire son coming out (comprendre par là à révéler publiquement son homosexualité). Il faut préciser que nombreuses étaient les personnes de son entourage qui craignaient de voir les compagnies qui commanditaient le tennis féminin retirer leurs oh combien indispensables précieux billets verts nécessaires au bon fonctionnement de cette industrie sportive autonome naissante, le tennis féminin de la WTA, et concurrente à son pendant masculin l’ATP. Pour ses nombreux combats, Billy Jean King recevra, en 2009, des mains de Barak Obama, la très convoitée Presidential Medal of Freedom (la médaille présidentielle de la Liberté).


Pour conclure

Ce récit touche à la fois aux domaines suivants : sportif, politique, amoureux et homosexualité. Il s’agit donc d’une solide démonstration que quand nous parlons de sport, il est parfaitement possible de tomber dans de nombreux sujets. De plus, il a un caractère atypique en ce sens qu’il nous rappelle à quel point le chemin parcouru par les féministes et les LGBTQ, depuis les années soixante-dix, est certes formidable à certains égards, mais également fragile sous certains aspects. Il faut toujours se dire que la lutte en faveur de l’égalité, toutes catégories sociales et sexuelles confondues, n’est pas encore gagnée. Oui, il est exact de constater que les choses, dans certains cas, ont beaucoup changé en cinquante ans, mais il y en a encore aujourd’hui des personnes, de différentes conditions, qui luttent pour la reconnaissance de leur droit ou pour enfin obtenir un traitement à la hauteur de la valeur de leur prestation du travail. Il faut le constater et se rappeler que le monde change, mais certaines personnalités, qui ont le regret ou la nostalgie de l’ordre ancien, persistent et menacent les fragiles acquis des victoires des forces progressistes. Et c’est ainsi que le monde évolue, il change… tout en continuant à tourner en rond !

Yvan Perrier

8 mars 2021

yvan_perrier@hotmail.com

Yvan Perrier

Yvan Perrier est professeur de science politique depuis 1979. Il détient une maîtrise en science politique de l’Université Laval (Québec), un diplôme d’études approfondies (DEA) en sociologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Paris) et un doctorat (Ph. D.) en science politique de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département des Sciences sociales du Cégep du Vieux Montréal (depuis 1990). Il a été chargé de cours en Relations industrielles à l’Université du Québec en Outaouais (de 2008 à 2016). Il a également été chercheur-associé au Centre de recherche en droit public à l’Université de Montréal.
Il est l’auteur de textes portant sur les sujets suivants : la question des jeunes ; la méthodologie du travail intellectuel et les méthodes de recherche en sciences sociales ; les Codes d’éthique dans les établissements de santé et de services sociaux ; la laïcité et la constitution canadienne ; les rapports collectifs de travail dans les secteurs public et parapublic au Québec ; l’État ; l’effectivité du droit et l’État de droit ; la constitutionnalisation de la liberté d’association ; l’historiographie ; la société moderne et finalement les arts (les arts visuels, le cinéma et la littérature).
Vous pouvez m’écrire à l’adresse suivante : yvan_perrier@hotmail.com

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