Édition du 12 novembre 2024

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Hydrocarbures

Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste

Après les rapports du BAPE et du Commissaire au Développement Durable, une rigoureuse enquête sur les premiers forages s’impose.

Plutôt que d’envisager de nouvelles activités de forage et de fracturation sous couvert de recherche scientifique et de mettre le bouchon sur des puits qui posent problèmes, le Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec invite le Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) à faire une étude approfondie des impacts des activités d’« exploration » du gaz de schiste qui ont déjà été effectuées en sol québécois.

Dans la foulée de la recommandation du Commissaire au Développement durable « de se doter des moyens permettant une meilleure prise en compte des effets cumulatifs des activités projetées et de la capacité de support du milieu récepteur », le Collectif appelle à colliger d’abord toute l’information disponible (provenant entre autres de l’expérience américaine) et celle que pourra fournir une étude rigoureuse et à long terme des installations déjà en place au Québec. Il va sans dire que la santé et la sécurité des populations de même que l’intégrité des écosystèmes doivent toujours demeurer des préoccupations de premier ordre dans toute intervention ou étude dans un milieu.

Comme le mentionne le Rapport du Vérificateur Général en date du 30 mars 2011, 18 des 29 puits forés ont subi des opérations de fracturation. Il est raisonnable de supposer que ces puits auront été creusés dans des sites représentatifs, choisis par l’industrie en fonction de leur potentiel. Bien au-delà d’une inspection sommaire, il importe d’entreprendre une analyse scientifique des procédés et des techniques de forage et de fracturation qui ont été utilisés, de leurs résultats comme de leurs conséquences environnementales et de leurs impacts auprès des populations concernées. Cette analyse permettra d’acquérir un ensemble de connaissances qui pourront s’avérer suffisantes pour prendre des décisions éclairées sans entreprendre de nouveaux forages ou fracturations, lesquels ne feraient qu’ajouter aux risques encourus. Dans un tel contexte, la pertinence et l’utilité de poursuivre les activités d’« exploration » sont sans fondement scientifique, ce qui justifie amplement la demande d’un moratoire.

Ainsi, dans le cas du puits de la Présentation dont les fuites ont entraîné une demande de fermeture, le Collectif propose d’entreprendre plutôt une autopsie rigoureuse, qui permette d’établir des liens entre le processus d’exploration adopté et ses conséquences avérées et prévisibles. Il revient au MDDEP de prendre l’initiative de pareille investigation et de la confier à des experts indépendants dotés des pleins pouvoirs d’accès au terrain d’étude et d’examen des données en possession des industriels impliqués.

La simple fermeture du puits entraînerait l’application des règles actuelles, lesquelles sont totalement inadéquates pour ce nouveau type de puits. Il s’agit là de la pire des décisions : 1) La fermeture correspond au bouchage du puits ; cette opération se fait à l’intérieur du puits et rend tout accès futur pratiquement impossible ; 2) La réglementation actuelle prévoit après fermeture un certain nombre d’exigences de restauration du site en surface et le transfert de propriété au domaine public ; or un tel transfert des responsabilités est absolument à proscrire et encore davantage, pour un puits à problèmes. Il faut insister pour que la compagnie propriétaire du puits colmate de façon complète toutes les fuites et livre l’information et les garanties d’un programme de suivi permettant d’assurer que des mesures soient prises tant et aussi longtemps que du méthane se dégagera du substrat fracturé en profondeur.

Par ailleurs, en parallèle à l’étude des puits existants, le Collectif appelle à l’organisation d’uneconsultation publique préparatoire à l’élaboration du mandat de l’Évaluation Environnementale Stratégique recommandée par le BAPE. La portée et le devis d’une telle évaluation, comportant des volets sociaux, environnementaux et économiques, ne peuvent être définis sans une consultation attentive de spécialistes des divers champs disciplinaires concernés et de tous les types d’acteurs sociaux impliqués – incluant les ONG et les regroupements citoyens –, au risque de s’en trouver invalidés. Il importe de rappeler par ailleurs que cette ÉES serait incomplète et même biaisée si elle n’incluait pas un examen en profondeur des différentes options énergétiques qui s’offrent en contexte québécois afin de pouvoir faire des choix éclairés dans le cadre d’une stratégie globale et intégrée.

Rappelons que le Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec s’est constitué pour exprimer principalement les demandes suivantes relatives aux problématiques liées au dossier du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent : 1) un moratoire sur toute activité d’exploration et d’exploitation ; 2) l’étude intégrale de toutes les facettes de cette filière de « développement » ; 3) la mise en place d’un processus démocratique menant à l’élaboration d’une politique énergétique québécoise axée sur l’efficacité et les énergies renouvelables, à la hauteur des aspirations, de la capacité inventive et des compétences existantes au sein de notre société. Voilà les motifs de la présence vigilante dans ce dossier de notre Collectif scientifique. Formé il y a un peu plus d’un mois, ce Collectif multidisciplinaire réunit 147 membres provenant de diverses institutions d’enseignement supérieur et de recherche : www.manifestegazdeschiste.org

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