Tiré de regards.fr
Regards. Samedi dernier, vous avez occupé un centre commercial parisien. Comment est-ce que cela se passe ce genre d’action ?
Libertad. Tant qu’ils respectent les principes de Extinction Rebellion (XR), ses membres font un peu ce qu’ils veulent. En petits groupes, ils préparent des événements, décident du lieu, de la date, etc., puis mobilisent les gens dont ils ont besoin. Ces principes sont ceux de la non-violence. Donc en cas d’intervention des forces de l’ordre, on accepte l’interpellation – sachant qu’il y a quand même des débats au sein d’XR sur les limites de la non-violence, sur les slogans qu’on utilise. On tient à rester bienveillants les uns les autres, à critiquer le système et non pas les individus.
Vous avez réussi à rassembler des groupes assez divers. Certains appelleraient ça la « convergence des luttes ». C’est indispensable pour faire passer votre message, pour faire changer les choses ?
C’était la particularité de cette action : on a intégré d’autres collectifs, avec des pratiques politiques différentes. On a rencontré les différents collectifs pour leur expliquer notre démarche. Ils étaient nombreux à être intéressés, ils se sont vraiment impliqués dans l’organisation de l’action. On n’a pas juste invité ces collectifs, cette action a été co-construite. C’était très important qu’on ne sépare pas les luttes sociales et écologistes. Surtout, c’était la première fois. C’était ambitieux, mais je crois que ça a bien marché. On a été très heureux de la participation du Comité Adama à cette action et ce depuis le début. La prise de parole d’Assa Traoré a permis de faire le lien entre l’écologie, les quartiers populaires et les questions coloniales. C’était important qu’ils soient là pour permettre à l’écologie de sortir d’un entre soi bourgeois (blancs) assez problématique de mon point de vue.
Quel était le message politique et quelle était la symbolique de l’occupation d’un tel endroit ?
Un centre commercial est vraiment le symbole de la société de consommation, de la production de masse, du capitalisme. Du coup, c’était extrêmement symbolique de pouvoir occuper cet espace pour y créer des « maisons du peuple », de pouvoir discuter ensemble, lutter ensemble.
« C’est une semaine d’actions qui commence ce lundi dans 60 grandes villes du monde. Deux endroits à Paris vont être occupés pour plusieurs jours, si on y arrive. Il y aura aussi une grosse occupation qui se lancera samedi prochain. »
L’occupation s’est-elle passée comme vous le vouliez ? Pas de « débordements » ? Pas de violences policières ?
On est tous rentrés assez paisiblement dans le centre commercial et après, ça s’est vraiment autogéré. Des assemblées populaires se sont créées spontanément un peu partout, très naturellement, par des gens pour lesquels c’était la première action de désobéissance civile et qui n’était pas particulièrement impliqués au sein de XR, donc c’était très agréable et impressionnant à la fois. Nous, on faisait en sorte que le cadre d’action soit respecté : qu’il n’y ait pas trop de dégradations, que ce soit d’abord validé en AG, etc. C’était assez massif comme occupation, donc c’est difficile de tout gérer.
On a été assez étonnés que l’intervention policière n’intervienne pas plus tôt. J’ai été assez surprise, en tant que participante, de la volonté de blocage des autres participants. Personnellement, j’ai été hyper satisfaite. ça aurait pu très mal se passer, mais grâce à la bonne volonté de tous les collectifs, c’était hyper agréable.
Vous avez prévu d’autres actions du même genre. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
L’action du 5, c’était une avant-première parisienne pour introduire la « rébellion internationale d’octobre », la RIO. C’est une semaine d’actions qui commence ce lundi dans 60 grandes villes du monde. Deux endroits à Paris vont être occupés pour plusieurs jours, si on y arrive. Il y aura aussi une grosse occupation qui se lancera samedi prochain.
Ce lundi sur France Inter, Ségolène Royal a déploré « l’instrumentalisation de l’écologie par ces groupes violents », demandant à ce que l’on vous « réprime très rapidement ». Un commentaire ?
On est un mouvement de désobéissance civile non-violent. Samedi, il n’y a pas eu d’interventions policières, pas de violences de notre part, on était totalement pacifiste, il y avait des gens qui faisaient des chenilles… Je ne vois pas où est la violence.
Propos recueillis par Loïc Le Clerc
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