Tiré de Reporterre.
Les attentes étaient grandes. Après le retour des travaillistes au gouvernement, en mai dernier, l’Australie a enfin revu à la hausse ses ambitions en matière de climat. Le Parlement a voté la Climate Change Bill, une loi qui fixe un seuil minimum de réduction des émissions de CO2 de 43 % d’ici 2030, et qui consacre l’objectif de zéro émission nette pour 2050.
L’Australie a régulièrement été pointée du doigt ces dernières années pour sa politique peu ambitieuse en matière de climat, malgré des catastrophes à répétition. Pendant plus de dix ans, la question a été ignorée par les gouvernements conservateurs successifs, qui ont préféré soutenir les industries fossiles. Allant jusqu’à supprimer en 2014 la taxe carbone visant les industries polluantes, instaurée sous le gouvernement travailliste de Kevin Rudd en 2010. C’était, jusqu’à ce 8 septembre, la dernière loi visant à réduire les émissions de CO2 adoptée dans le pays.
Mais en 2022, les Australiens ont de nouveau élu un gouvernement travailliste, qui promettait une réduction des émissions de CO2 plus ambitieuse que les conservateurs : de 43 % d’ici 2030 par rapport aux taux de 2005. Des objectifs confirmés dans la nouvelle loi sur le changement climatique.
Votée en août par la Chambre des représentants, où les travaillistes disposent de la majorité, la Climate Change Bill a également passé le Sénat, début septembre, grâce au soutien des élus Verts et d’indépendants, qui ont essayé de renforcer la proposition de loi.
Une loi peu ambitieuse
Les Verts réclamaient une réduction des émissions de CO2 de 75 % d’ici 2030. Parmi les amendements proposés, ils ont également tenté d’intégrer l’interdiction de tout nouveau projet d’énergie fossile. Si aucune de ces deux propositions n’a été retenue par les travaillistes, les Verts ont tout de même choisi de voter en faveur de la Climate Change Bill, en s’assurant que l’objectif des 43 % de réduction des émissions de CO2 ne puisse plus être revu à la baisse. Un objectif faible, mais pour les parlementaires écologistes, c’est déjà ça de pris.
« Même si j’aimerais voir plus d’ambition, que les climatologues aimeraient voir plus d’ambition, que des millions d’Australiens aimeraient voir plus d’ambition, 43 % est certainement une amélioration par rapport à la situation d’il y a douze mois », a déclaré le sénateur indépendant David Pocock, ancien joueur de l’équipe nationale australienne de rugby reconverti en politique.
Mais si la Climate Change Bill représente « un petit pas » en avant, comme a affirmé Adam Bandt, leader des Verts, les écologistes souhaitent désormais voir des actions concrètes pour atteindre les objectifs. Car la Climate Change Bill n’en prévoit aucune.
Des décisions à prendre contre l’énergie fossile
« Cette loi doit être un tremplin pour l’action, ce n’est que la première étape », explique Jennifer Rayner, responsable de campagne au Climate Council, principal organisme de sensibilisation à l’action contre le réchauffement climatique, jointe par téléphone.
Après une décennie d’inaction, l’Australie doit désormais combler son retard en matière de politiques climatiques. « Mettre en place des normes d’efficacité énergétique pour les nouvelles voitures, par exemple, c’est quelque chose qui est en vigueur en Europe depuis longtemps », reprend Jennifer Rayner. Le 13 septembre, le Climate Council a d’ailleurs publié une liste de dix actions concrètes que le gouvernement pourrait prendre pour s’assurer du respect de ses objectifs. Parmi elles, des recommandations pour faire chuter les émissions des industries les plus polluantes.
Car le gouvernement travailliste va désormais devoir se prononcer sur la taxation des entreprises les plus polluantes du pays, et sur son soutien, ou non, aux nouveaux projets d’extraction de gaz et de charbon.
« Il y a 114 nouveaux projets de charbon et de gaz qui arrivent sur le bureau de la ministre de l’Environnement et qui sont en attente d’autorisation », a rappelé la sénatrice des Verts Sarah Hanson-Young, dont le parti a également proposé en septembre une loi pour interdire systématiquement tout projet dont les émissions de CO2 seraient supérieures à 100 000 tonnes, et pour demander qu’une étude des impacts environnementaux soit réalisée pour tout projet prévoyant d’émettre entre 25 000 et 100 000 tonnes de CO2.
L’intention des Verts étant d’essayer de cadrer au maximum un gouvernement travailliste qui, à l’heure actuelle, ne s’est pas encore résigné à tourner le dos aux énergies fossiles, mais que la nouvelle loi devrait, à coup sûr, pousser à faire des choix en faveur de la réduction des émissions de CO2.
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