Édition du 12 novembre 2024

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Action « Vous nous avez tourné le dos » devant l’Assemblée nationale du Québec

Notre action « Vous nous avez tourné le dos » devant l’Assemblée nationale du Québec le 11 juin a été un moment fort pour les participantes et a suscité énormément d’engouement sur nos réseaux sociaux. Je partage avec vous la déclaration que j’ai prononcée au cours de cette action, avec l’intention de partager en même temps l’énergie, la mobilisation et la force ressenties. On ne lâche pas !

Infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes, perfusionnistes cliniques !

Nous étions surchargées, nous voilà épuisées ! Nos conditions de travail étaient déplorables, elles sont maintenant intolérables !

Notre priorité, c’est la santé de nos patients, c’est de pouvoir les soigner.

On veut leur donner des soins humains et de qualité.

On a dénoncé, on a demandé, on a proposé et on a lutté, pour la santé de nos patients. Maintenant, c’est le temps d’exiger.

On est ici, ensemble, devant l’Assemblée nationale, pour rappeler aux élus québécois que les professionnelles en soins ne peuvent plus en supporter davantage.

On a livré le message des 76 000 professionnelles en soins à la ministre McCann, on lui a dit que pour continuer, on avait besoin de répit. On avait besoin de respect.

Il aura fallu aller planter nos tentes, être « Mortes de fatigue » devant des établissements, pour appuyer nos syndicats affiliés et gagner un peu de repos. Et ce n’est pas fini.

Parce que quand on se tient et on bouge, quand on met de l’avant ce à quoi on croit, rien n’arrête les professionnelles en soins au Québec.

Aujourd’hui, on est à un point tournant. La crise n’est pas terminée, elle nous pèse et chaque jour, elle nous inquiète encore.

Les professionnelles en soins veulent exercer leur profession et leur jugement clinique sans y laisser leur peau, elles veulent que le gouvernement s’attaque au cœur des problèmes du réseau de la santé, à ce qui détruit notre capacité de soigner les patients au Québec.

Ensemble, on doit mettre fin à l’inhumain.

L’inhumain, on le vit avec nos patients, à qui on ne peut pas offrir la qualité de soins pour laquelle nous avons été formées et à laquelle ils sont en droit de s’attendre.

L’inhumain, on le vit avec une gestion qui ne se soucie pas qu’on ait une famille, qu’on ait une vie personnelle, qu’on soit nous-mêmes des humaines !

Des conditions inhumaines, c’est quand on n’est pas protégées !

C’est quand on nous fait miroiter des primes, et qu’en bout de ligne, on essaie de nous les enlever par tous les moyens.

L’inhumain, on le vit avec ce gouvernement qui fait des compromis, même avec la démocratie, et qui impose son pouvoir de façon abusive !

En santé et sécurité au travail, le gouvernement nous a tourné le dos, il a tourné le dos à des principes de base. Il a échoué à protéger ses travailleuses.

Où étaient les masques N95 quand on en avait besoin ? Dans les voûtes des établissements plutôt qu’au visage des soignantes ! Honte à vous !

Où était l’INSPQ alors que la contamination et la transmission faisaient rage ? Occupée à changer ses directives au gré des stocks !

Où était la CNESST ? On a dû faire une bataille sans relâche pour retirer les femmes enceintes et les travailleuses immunosupprimées…

5000 travailleuses de la santé ont été infectées, où était ce gouvernement ? Occupé à dire qu’il ne manquait pas de matériel !

Mettons fin à l’inhumain.

Si vous aviez protégé le personnel de la santé, on n’en serait pas là !

En santé et sécurité au travail, le gouvernement nous a tourné le dos.

Aujourd’hui, c’est à nous de vous tourner le dos !

La crise s’est installée, les travailleuses ont redoublé d’efforts, mais la reconnaissance n’a pas suivi.

On a vu des épiceries ou des pharmacies offrir une prime en raison des inconvénients. Ils ont dit que c’était essentiel pour soutenir leurs employés.

Pendant ce temps-là, dans le réseau de la santé, exposé en premier lieu, en première ligne… qu’est-ce qui se passe ?

On a dû attendre et il faut encore attendre. Les premières annonces : 4 %, 8 %… Mais pour qui, mais où et quand ? Des primes tardives, inéquitables, insuffisantes…

Début mai, le gouvernement décide de mettre en place des primes en apparence plus intéressantes, mais attention, les obtenir c’est une vraie course à obstacles. Une journée d’absence et c’est fini la prime ; pas à temps complet, pas de prime. Et j’en passe.

Ils peuvent bien nous appeler leurs anges-gardiennes et nous dire merci !

Mettons fin à l’inhumain.

Au lieu de nous dire qu’on allait toucher une prime qui se dérobait sous nos doigts, si le gouvernement avait reconnu le risque auquel nous étions exposées, on n’en serait pas là.

Avec ses primes ridicules, le gouvernement nous a tourné le dos.

À nous aujourd’hui, de tourner le dos à ce gouvernement !

Dès le début de la pandémie, c’est avec des arrêtés que le gouvernement a choisi de gouverner. Pas de consultation, pas de collaboration, non, des arrêtés !

Le gouvernement a donné tous les pouvoirs aux employeurs et on a vu bien vite qu’ils en ont abusé. Ils s’en sont servi comme un outil de gestion, pour des problèmes qui n’avaient rien à voir avec la crise.

On a bouleversé les horaires de travail, les congés, la mobilité. On les a déplacées… Alors que la population du Québec a besoin d’elles, les membres de la FIQ et de la FIQP continuent d’être malmenées.

Dans plusieurs régions, absolument RIEN ne justifiait d’utiliser ces pouvoirs et d’en abuser. Ça n’a aucun sens !

On a dénoncé les arrêtés, on a fait la bataille des vacances et bien d’autres sont en cours.

Maintenant, le déconfinement est commencé ! Si tout revient à la normale, pourquoi les conditions de travail des professionnelles en soins ne reviendraient-elles pas aussi à la normale ?

Cessez les arrêtés et redonnez leurs droits aux professionnelles en soins du Québec !

Mettons fin à l’inhumain.

Si vous n’aviez pas choisi de gouverner par arrêtés et de nous priver de nos droits, on n’en serait pas là !

Avec ses arrêtés autoritaires, le gouvernement nous a tourné le dos.

À nous de vous tourner le dos !

Comme si ce n’était pas assez, le gouvernement ajoute l’insulte à l’injure. Son état d’urgence sanitaire, il veut le rendre permanent, par le projet de loi 61, qui est dénoncé de tous bords tous côtés. C’est inacceptable !

Où est le respect de ces processus démocratiques, de l’environnement, et des femmes ?

Où sont les investissements dans les services publics ? On a vu pendant cette crise, tout le monde l’a vu, à quel point il est essentiel d’investir dans nos services publics !

En rendant l’état d’urgence sanitaire permanent, c’est notre état d’épuisement, de désespoir et notre colère que vous allez rendre permanents !

Mettons fin à l’inhumain !

Si vous n’aviez pas choisi de déposer un projet de loi qui se moque de l’environnement, de la science, de la démocratie et des femmes, on n’en serait pas là !

Avec le projet de loi 61, qui devrait être passé tout simplement à la déchiqueteuse, le gouvernement nous a tourné le dos.

À nous de lui tourner le dos !

Ensemble, mettons fin à l’inhumain !

Voir la vidéo.

Nancy Bédard

Présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)

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