Cette semaine, André Frappier est de retour du congrès des Démocratic socialist of America tenu à Atlanta du 1er au 4 août, Normand Beaudet est surpris par l’absence d’Hydro-Québec, et des sociétés d’Etat en général, dans la stratégie de lutte aux GES et affirme qu’Hydro Québec « est la carte maîtresse pour mettre en œuvre des solutions contre le réchauffement climatique » et Bernard Rioux critique la tournée de consultation de la CAQ sur les changements climatiques.
André Frappier était délégué au congrès des DSA à titre de représentant de Québec solidaire. Il fut à même de constater l’ampleur du développement de la gauche au sein du Parti démocrate. Les DSA sont passés de 25000 à 40000 membres en peu de temps. « L’élection d’Alexandria Ocasio-Cortez en 2018 de même que Rashida Tlaib (...) a certainement permis de donner une l’impulsion publique qui explique cette croissance » croit l’auteur. Et si Bernie Sanders n’a pas assisté aux débats, il fut désigné à titre de candidat des DSA. Frappier explique les différents courants politiques présents au congrès, la stratégie adoptée afin d’orienter leur travail en direction des mouvements sociaux, l’importance de la formation des membres ainsi que leur orientation pour lutter contre les changements climatiques, le Green New Deal.
Normand Beaudet voit dans Hydro-Québec, le porteur de ballon nécessaire à la lutte contre les gaz à effet de serre. Alors que le secteur privé est largement sollicité sans grandes conséquences, les sociétés d’Etat et Hydro Québec en particulier, doivent être mises à contribution pour agir à titre de levier dans la lutte aux changements climatiques.
Bernard Rioux souligne qu’il "vaut la peine d’analyser les prémisses de cette consultation et d’examiner la logique qui la sous-tend. Cela nous permettra d’éviter les mauvaises surprises et de souligner l’importance que cette consultation soit large et démocratique et débouche sur une large mobilisation citoyenne face aux défis posés par la crise climatique."
Parmi les autres sujets, mentionnons la contribution de Paul Cliche qui se questionne sur les véritables intentions de François Legault quant à l’instauration d’un scrutin proportionnel, la CSQ présente sa position sur les conditions pour une immigration réussie alors que le président du SFPQ Christian Daigle affirme qu’une politique d’accueil des immigrant.e.s sans moyens est vouée à l’échec. Pierre Carrier revient sur les enjeux entourant la privatisation des données numériques et les vols d’identité et Olivier Monnier fait état des difficultés rencontrées par Justin Trudeau à la veille du déclenchement des élections fédérales.
Enfin, Alexandre Leduc, député solidaire de Hochelaga-Maisonneuve fait un premier bilan de son mandat une année après les élections alors que Francis Lagacé revient sur le plus récent défilé de la Fierté à Montréal.
Sur la scène interntionale
Notre choix concernant la situation internationale a porté cette semaine sur deux compte rendus de situation au Moyen Orient et en Afrique, de deux analyses de la montée de la droite et des perspectives de changements et finalement le reportage d’un conflit de travail.
Le premier rapport que nous vous présentons concerne les mobilisations au Soudan.
La révolution soudanaise entre dans une nouvelle phase
Premier intérêt de l’article c’est le découpage historique des événements : « La Révolution soudanaise est alors entrée dans une troisième phase, après une première phase marquée par la chute d’Omar al-Bachir le 11 avril et une deuxième par la retraite du CMD le 5 juillet. » Le deuxième intérêt de l’article c’est qu’il parle de victoires partielles et de compromis fragiles avec l’ancien régime. Il qualifie la situation de dualité de pouvoir entre les militaires et la gauche mobilisée. L’article conclut sur l’espoir d’une quatrième phase où les mobilisations de masse vont vraiment prendre le pouvoir et mettre de côté le régime militaire. Sinon : « Sans cela, la Révolution soudanaise sera embourbée à mi-chemin »
Le deuxième compte rendu concerne la situation en Syrie
Syrie : un régime de plus en plus tribal, sectaire, capitaliste
L’auteur parle d’un régime : « Par « patrimonial », j’entends un État entièrement privatisé, au sein d’une famille et de ses propres réseaux. Cela rendait le renversement de l’État beaucoup plus difficile que dans les régimes « néo-patrimoniaux » que vous mentionnez, où les sections clés du pouvoir d’État ont pu supprimer Ben Ali et Moubarak tout en maintenant la forme de base du pouvoir. » Il fait ensuite un bref historique du pouvoir des Bashir et insiste pour qualifier le président actuel comme porteur des politiques néolibérales, d,ami des banques et des investissements étrangers perdant ainsi tout lien avec ses bases sociales. L’auteur poursuit sur les politiques de répressions du régime qui a étouffé rapidement tout mouvement de contestation. Les kurdes demeurent l’exception à cause de leur histoire d’organisation politique. L’auteur aborde ensuite la présence russe et iranienne. Il place le contexte politique : « Les possibilités iraniennes et russes en Syrie étaient également liées à l’affaiblissement de l’impérialisme américain dans la région, en particulier après la défaite en Irak, à la crise financière internationale de 2008 et aux soulèvements. » Pour lui les interventions russes et iraniennes tiennent plus de raisons géopolitiques qu’économiques bien que ceux-ci soit présents : « Même avant 2011, la Russie souhaitait agrandir deux bases navales en Syrie. Pour l’Iran, c’est un peu différent. Elle doit préserver un itinéraire pour la livraison d’armes au Hezbollah au Liban. » En conclusion l’auteur revient sur sa définition première et marque le renforcement : « Le régime est à
tous égards plus patrimonial – sa base sociale s’est rétrécie. Il est plus sectaire, plus tribal, plus clientéliste et plus capitaliste que jamais »
Concernant les analyses de l’extrême-droite
Le premier article choisi porte sur la caractéristique du régime brésilien de Bolsanoro. Entrevue avec Michael Löwy
L’auteur reconnaît que c’est par une élection démocratique que Bolsonaro est arrivé au pouvoir et non parcoup d’état. Cela peut changer la donne. Mais il qualifie le qualifie de semi fasciste : « Il n’est pas entièrement fasciste, car il manque les aspects de l’État totalitaire, les gangs armés, tels que les « fascios »de [Benito] Mussolini. Mais il a vraiment beaucoup d’aspects du fascisme. Je pense que Jair Bolsonaro est très comparable, par exemple, à Mussolini des années 20. » Il rappelle les politiques sociales et environnementales de ce gouvernement sur la libération despesticides, la déforestation etc. L’auteur souligne l’importance que les masses commencent à désenchanter de ce gouvernement et insiste sur la question écologique pour pousser la mobilisation. Il met beaucoup d’espoir dans la résistance des jeunes.
Le deuxième article sur la montée de la droite est un texte rendant compte d’un Forum organisé par la Marche mondiale des femmes
Résistance et construction du mouvement
Le texte porte au départ une caractérisation du système actuel comme hétéropatriarcale et énonce l’extrativisme, les coupures sociales, les privatisations et toutes les mesures néolibérales. Il rajoute : « La militarisation de la vie, les mécanismes de contrôle, l’emprisonnement des Noirs, la criminalisation des mouvements, la xénophobie et la monopolisation des médias sont des éléments qui alimentent l’idéologie raciste, patriarcale et capitaliste et légitiment quotidiennement le terrorisme de ce système. ». Le texte aborde ensuite les défaites historiques des mobilisations et la montée de la droite. « Dans de nombreux pays, les temps actuels sont marqués par des défaites historiques et profondes de la classe ouvrière. Dans la réalité latino-américaine, la montée de l’extrême droite doit être discutée en tenant compte du rôle que cette région joue dans la géopolitique internationale et l’accumulation du capital.
La montée de l’extrême droite, suite à la crise prolongée de 2008, s’appuie sur l’hégémonie américaine et les nouvelles caractéristiques du néolibéralisme. Alors que dans le passé, la droite s’appuyait sur la défense de la démocratie ; aujourd’hui, elle s’en dispense » Ensuite l’article insiste sur le pouvoir et la place des femmes dans la résistance. Sur l’importance de l’auto-organisation. Il parle de l’économie féministe comme : « C’est avec les fondements de l’économie féministe qu’il faut construire une critique de la crise économique dont la cause est due au système capitaliste qui exploite de façon inépuisable les biens communs et le travail des femmes. Rompre avec ce système, c’est donc rompre avec la division sexuelle du travail et avec les hiérarchies entre production et reproduction sociale. » Le document nous invite donc à bâtir un projet de société, à développer des alternatives en lien avec le féminisme qui vise le changement dans la vie des femmes. « Ce féminisme est au cœur d’un profond engagement pour la transformation de la société par la lutte pour la fin du capitalisme, du patriarcat et du racisme. »
Concernant un conflit de travail
Nous avons retenu une grève des camionneurs au Portugal
Le gouvernement « de gauche » au Portugal utilise des troupes pour briser la grève des chauffeurs de camions-citernes
« Le gouvernement portugais – que certains qualifient de modèle pour la gauche – a envoyé des soldats conduire des camions de carburant pour briser une grève illimitée. Le gouvernement a également publié un décret de « réquisition civile » d’urgence. Cela signifie que les grévistes peuvent être poursuivis en justice et risquent jusqu’à deux ans de prison. » Voilà le portrait est placé. Pourtant ces camionneurs ne demandent que justice. Ils veulent des augmentations salariales Ils gagnent comme salaire de base 700 euros avec 90 euros de plus, ils atteindraient en 2021 900 euros. Mais ils luttent aussi pour de meilleures conditions de travail. « Il exige également une augmentation de 20% de la rémunération globale moyenne, avec les heures sup’s, de 1 300 euros par mois cette année à 1 600 £ d’ici 2021. Mais le gouvernement s’acharnent à dire non et utilise gendarmes et armée pour forcer le retour au travailleurs sous prétexte que la livraison de carburant est essentiel surtout pour les aéroports. Un conflit à suivre.
Bonne lecture
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