De même, peu de Québécois connaissaient l’entreprise minière. Elle s’est livrée d’elle-même à une opinion publique déjà sensibilisée à la question des poursuites-bâillons, où elle devient (par sa faute) le symbole même de la puissance arrogante que les gens aiment détester. Quand plusieurs Québécois sont informés de votre présence sur le conseil d’administration, il faut les voir saliver, fouiller sur internet l’historique de vos liens financiers avec l’entreprise, sans oublier l’historique des relations de Barrick Gold avec le Parti conservateur. Certains se demandent même si cette dernière question n’expliquerait pas la réticence du gouvernement actuel à nommer un ombudsman chargé de faire la lumière indépendante et objective sur les activités des minières canadiennes dans l’hémisphère sud.
Il est étonnant qu’après votre longue carrière, vous connaissiez si mal la mentalité québécoise (au-delà des cercles sélects de la haute gomme politique et financière). Membre de l’Institut pour une Écosociété, je vous écris ceci à titre personnel. Mais petit gars de Roberval ayant de la parenté sur la Côte Nord, ma sensibilité humaniste de source judéochrétienne est attristée de voir un ex "petit gars de Baie Comeau" se nuire par des erreurs de stratégie. Nos légitimes divergences idéologiques méritent des formes de débat démocratique plus civilisées.
André Thibault, correspondant montréalais des Amis du Monde Diplomatique, membre du comité de rédaction de Possibles et chargé de cours de socio à l’UQO.