À l’occasion de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, à Montréal :
Vendredi 22 novembre 2024
Rassemblement de protestation à Montréal
Place Jean-Paul Riopelle, à 15 h
Cette Assemblée des parlementaires est un des mécanismes par lesquels les États-Unis, maître d’œuvre de l’OTAN, fabriquent, en continu, un « consensus » autour de leur propre stratégie belliciste :
« L’AP-OTAN a été fondée en 1955 pour amener les parlementaires à prendre part au débat sur les questions transatlantiques et pour contribuer à l’émergence d’un consensus autour des politiques de l’Alliance au sein des parlements et de l’opinion publique ».
L’OTAN se décrit comme « une communauté de valeurs unique en son genre, attachée aux principes de la liberté individuelle, de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit ». Mais, de ses origines
(1949) à aujourd’hui, l’OTAN a régulièrement violé les principes qu’elle proclame. Actuellement, après plus de 13 mois de génocide à Gaza, la complicité ou l’inaction des pays membres de l’OTAN nous donne la mesure réelle de leur attachement aux droits humains et au droit international.
L’OTAN est, en réalité, un bras armé des États-Unis, s’ajoutant à son armée ultrapuissante et à ses 800 bases militaires à travers le monde. Loin d’être une alliance défensive, l’OTAN s’est lancée dans de nombreuses guerres a
u cours des 30 dernières années. L’OTAN a rejeté en bloc la démarche des Nations Unies pour parvenir à l’élimination de toutes les armes nucléaires, qui menacent la survie même de l’humanité. Aucun de ses membres n’a signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Tous les membres de l’OTAN, dont le Canada, sont maintenant mobilisés par les États-Unis pour préserver leur hégémonie, dans une logique de confrontation avec la Chine et la Russie. Loin de nous protéger, l’OTAN représente une menace pour l’humanité.
Pressé par l’OTAN et les lobbies militaristes d’accroître considérablement ses dépenses militaires, le Canada obéit. À la veille de l’AP-OTAN et au lendemain de l’élection de Donald Trump, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lance même que le budget de la Défense sera triplé ! Ces sommes colossales ne devraient-elles pas être consacrées plutôt aux fonctions sociales de l’État (logement, santé, éducation) et à affronter la crise climatique ?
L’OTAN n’est pas défensive, l’OTAN c’est la guerre
Sitôt finie la Guerre froide (1989), les États-Unis et l’OTAN sont partis en guerre : Irak, Kosovo, Afghanistan, Irak à nouveau, Libye et Syrie. Certaines de ces guerres se sont étendues sur des années, voire deux décennies. Leur guerre « contre le terrorisme » a causé plus de 4,5 millions de morts directes et indirectes et a créé au moins 38 millions de réfugié·e·s.
L’OTAN en expansion : perturbatrice de l’ordre mondial
De la fin de la Guerre froide à aujourd’hui, au lieu d’être dissoute, l’OTAN a été transformée pour répondre au nouvel objectif d’hégémonie étasunienne globale. D’une part, elle est passée de 16 à 32 États membres, englobant les pays d’Europe de l’Est, jusqu’aux frontières de la Russie. D’autre part, elle a établi des partenariats dans diverses régions du monde et son champ d’action est devenu planétaire :
« L’OTAN s’est transformée en une organisation transatlantique effectuant des missions globales, de portée globale avec des partenaires globaux (…). Tout appartient potentiellement à la zone de l’OTAN ».
– Daniel Fried, Secrétaire d’État adjoint (étasunien) aux Affaires européennes et eurasiennes, 2007
Cette posture entre clairement en contradiction avec le rôle même des Nations Unies dont le but premier est de maintenir la paix et la sécurité internationales. En effet, cette volonté des États-Unis et de l’OTAN d’agir de façon autonome partout dans le monde entre en contradiction avec l’article 53 de la Charte des Nations Unies qui stipule qu’« aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d’accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l’autorisation du Conseil de sécurité ». Ni la guerre du Kosovo (contre la Serbie), ni la guerre en Afghanistan, ni la guerre en Irak (2003), ni la guerre en Libye n’avaient reçu de telles autorisations. Elles se sont donc menées en violation du droit international.
Dans son soutien à l’Ukraine face à l’invasion de la Russie – une véritable guerre par procuration – l’OTAN et ses pays membres prétendent se porter à la défense d’un « ordre mondial fondé sur des règles ». Mais de quelles règles s’agit-il ? Celles du droit international et des Nations Unies, ou celles des États-Unis et de l’OTAN ?
Face à l’assaut génocidaire d’Israël à Gaza, toutes les institutions des Nations Unies et la Cour internationale de justice sonnent l’alarme et appellent les pays à agir en vue d’un cessez-le-feu immédiat. Les pays de l’OTAN, eux – presque à l’unisson et y compris le Canada – font la sourde oreille, n’imposent aucune sanction et continuent même, pour plusieurs, d’armer Israël. Il faut savoir qu’Israël est un pays « partenaire » de l’OTAN et aura, en plein génocide, sa délégation à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN à Montréal.
L’OTAN : promotrice de la démocratie et des droits humains ?
L’attachement professé par l’OTAN envers la démocratie et les droits humains se révèle trompeur quand on considère notamment les faits suivants :
● Des dictatures ont été membres de l’OTAN : Portugal, Grèce ;
● De nombreuses dictatures militaires en Amérique latine ont été soutenues et même installées au pouvoir – via des coups d’État fomentés par la CIA – dans les années 1960, 1970 et 1980 ;
● Plus récemment, l’OTAN a collaboré avec des seigneurs de guerre en Afghanistan ou des organisations affiliés à Al-Qaïda en Syrie ;
● Les États-Unis, maitre d’œuvre de l’OTAN, ont systématiquement pratiqué la torture dans leur guerre « contre le terrorisme » ;
● Les pays de l’OTAN vendent massivement des armes à des pays répressifs comme l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis.
En tant qu’instance supranationale, l’OTAN échappe au contrôle démocratique. Le respect de leurs « engagements envers l’OTAN » amène souvent les pays membres à poursuivre des politiques contraires à la volonté de leurs populations, comme ce fut le cas dans la guerre en Afghanistan.
Actuellement, après plus de 13 mois de génocide à Gaza, plusieurs pays de l’OTAN continuent d’armer Israël. Sauf rares exceptions, la complicité ou l’inaction des pays membres de l’OTAN, qui se contentent d’appeler à un cessez-le-feu sans la moindre sanction contre Israël, nous donne la mesure réelle de leur attachement aux droits humains et au droit international !
L’OTAN : une menace pour l’humanité
Depuis plusieurs années, l’économie et l’influence de la Chine se sont accrues considérablement dans le monde, rivalisant avec celles des États-Unis. Une évolution similaire a marqué la Russie, mais de façon nettement moindre. Ces deux pays ont aussi beaucoup augmenté leurs dépenses militaires au cours de la dernière décennie. Mais il faut replacer ces dépenses en perspective. En 2023, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 2 443 milliards de dollars US, en hausse constante depuis 2015. Les dépenses militaires des membres de l’OTAN (32 pays) représentent plus de la moitié (55 %) du total mondial. À elles seules, les dépenses militaires des États-Unis ont constitué 37,5 % des dépenses mondiales, soit plus que le total combiné des neuf autres pays en tête de liste, incluant la Chine (12 %) et la Russie (4,5 %).
Depuis 2018, les États-Unis ont adopté la « compétition stratégique » avec la Chine et la Russie comme axe central de leur stratégie de défense nationale, qui a ensuite été adoptée par l’OTAN et ses pays membres. Cette orientation a lancé une nouvelle course mondiale aux armements particulièrement inquiétante quand on se rappelle…
● … que les États-Unis entretiennent une « ambiguïté stratégique » face à la Chine, affirmant à la fois qu’ils acceptent le principe d’« une seule Chine », et qu’ils défendraient Taïwan en cas d’attaque chinoise ;
● … que l’OTAN se trouve déjà objectivement dans une guerre par procuration contre la Russie en Ukraine.
Au moment de la Guerre froide, les États-Unis et l’URSS considéraient qu’un affrontement direct entre eux, risquant inévitablement une guerre nucléaire, était un tabou absolu. Mais cet élément de sagesse élémentaire n’existe plus aujourd’hui. Des stratèges étasuniens vont même jusqu’à dire que la question n’est pas de savoir s’il y aura une guerre avec la Chine, mais quand !
Face au risque de notre annihilation totale par une guerre nucléaire, les Nations Unies ont adopté un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui est entré en vigueur le 10 janvier 2021. Jusqu’à maintenant, il a été signé par 94 pays. Alors que l’OTAN affirme vouloir « créer les conditions pour un monde sans armes nucléaires », aucun de ses 32 pays membres, dont trois possèdent l’arme nucléaire, ne l’a signé. Aucun des six autres pays dotés de cette arme non plus.
La politique nucléaire de l’OTAN est indéfendable et suicidaire. Indéfendable, parce qu’elle affirme que les armes nucléaires sont la « garantie suprême de la sécurité des Alliés » tout en rejetant toute possibilité que les autres pays se dotent eux aussi de cette garantie suprême. Suicidaire, parce qu’un potentiel anéantissement de l’humanité ne peut raisonnablement être le garant de notre sécurité. Il faut savoir aussi que l’OTAN a toujours refusé de s’engager à ne pas être la première à utiliser des armes nucléaires…
Le militarisme accentue la crise climatique
L’armée des États-Unis (É.-U.) est l’institution qui produit le plus de gaz à effet de serre dans le monde. Ses émissions – pour ses guerres et les opérations de ses 800 bases militaires dans le monde – sont bien supérieures aux émissions totales de pays comme la Suède, la Finlande ou le Danemark. À cela, il faut ajouter les émissions des industries militaires estimées à environ 15 % du total des émissions industrielles du pays.
Pour connaître l’empreinte carbone réelle des guerres et du militarisme, il faudrait ajouter toutes les émissions liées aux autres armées et aux autres industries militaires dans le monde (celles des autres membres de l’OTAN, de la Chine, de la Russie, etc.). Il faudrait aussi estimer les émissions résultant des autres guerres en cours. Et il faudrait aussi ajouter les émissions liées à la reconstruction des infrastructures détruites ou endommagées dans toutes ces guerres. À cet égard, les impacts climatiques de la guerre en Ukraine et de l’assaut génocidaire d’Israël à Gaza sont considérables.
Il faut savoir aussi que le Protocole de Kyoto (1997) exemptait les pays signataires de faire rapport de leurs émissions de CO2 pour la défense et la sécurité, qui n’étaient donc pas comptabilisées. L’Accord de Paris (2016) a voulu combler un peu cette brèche. Mais les pays peuvent continuer d’exempter ces secteurs quand vient le temps d’établir des cibles de réduction des émissions, ce qui est le cas du Canada.
Le militarisme détourne des ressources énormes des besoins réels de l’humanité
Il est scandaleux que 2 443 milliards de dollars US soient consacrés à intimider, à tuer, à estropier, à terroriser et à détruire, pour servir des ambitions de domination et de pouvoir contraires aux intérêts de l’humanité et qui la conduisent à sa perte ! Cet argent devrait servir à combler les besoins fondamentaux de l’humanité (nourriture, logement, santé, éducation) et à faire face à l’urgence climatique.
Ici même, au Canada, alors que l’inflation réduit notre pouvoir d’achat, que nous sommes frappés par une grave crise du logement et que nos services publics d’éducation et de santé sont de moins en moins à la hauteur des besoins, le budget 2024 du gouvernement canadien prévoit augmenter le financement du ministère de la Défense nationale, de 30 milliards de dollars en 2023-2024 à 49,5 milliards de dollars en 2029-2030. Et le 8 novembre – à la suite de l’élection de Donald Trump et alors que le Canada sera l’hôte de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN du 22 au 25 novembre –, le ministre de la Défense du Canada, Bill Blair, a indiqué qu’un plan avait été soumis à l’OTAN pour que le Canada accroisse ses dépenses militaires de 1,35 % du PIB présentement à 2 % du PIB en 2032, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, allant même jusqu’à dire que le Canada allait tripler ses dépenses militaires !
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