Édition du 17 décembre 2024

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Féminisme

Vasectomie : stoppons l’hypocrisie

Ce matin (10 juin NDLR) à 10h, la présidente de la FFQ a publié un post Facebook et Twitter concernant la vasectomie obligatoire à 18 ans. Le post, composé exactement de 10 mots et publié sur les comptes personnels Facebook et Twitter de Gabrielle Bouchard, a été repris moins de 2h plus tard pour une chronique (très sérieuse) sur le Journal du Québec, suivi par une seconde chronique publiée dans la foulée, toujours sur le journal du Québec – s’en sont suivis une dizaine d’appels de la part de journalistes nous demandant de nous positionner sur cette question.

À toutes fins utiles, nous précisons (pour celles et ceux qui auraient encore un doute) que le post était en réponse aux récentes attaques contre le droit à l’avortement des femmes ici et ailleurs. Au risque d’étonner, la Fédération des femmes du Québec et ses membres n’ont en effet aucune intention de rendre la vasectomie obligatoire pour les hommes âgés de 18 ans.

Titre de l’article publié sur le Journal de Québec

Ce post a servi néanmoins à démontrer la volonté de monter en épingle des polémiques futiles dès lors que nous questionnons le droit des hommes à disposer de leurs corps. Dans le même temps, à longueur d’année, il est considéré acceptable de remettre en cause les droits des femmes à disposer de leur propre corps et de considérer cela comme des débats “raisonnables” (sans que cela ne génère autant de réactions publiques).
Des indignations à géométrie variable

Depuis quelques temps, les attaques aux droits des femmes à disposer de leur propre corps s’intensifient. Voici une liste (non exhaustive) de discussions autorisées concernant la remise en cause des droits des femmes à disposer de leur propre corps (le plus souvent en excluant de la discussion les premières concernées) :

Sur la remise en cause du droit à l’avortement : Aux États-Unis, le droit à l’avortement est aujourd’hui remis en cause par une dizaine d’états. Récemment, Maxime Bernier, député canadien du Parti populaire, s’est dit enclin à appuyer une loi anti-avortement. Il y deux semaines, le parti conservateur d’Andrew Sheer a refusé de soutenir une motion réaffirmant le soutien au droit des femmes de choisir d’avorter ou non.

Sur la remise en cause du droit des femmes à se vêtir comme elles le souhaitent : Présentement est discutée à l’Assemblée Nationale le projet de loi 21 qui, au prétexte d’une laïcité falsifiée, dictera à certaines femmes comment elles doivent s’habiller en leur interdisant de porter le foulard.

Sur la stérilisation forcée des femmes autochtones : en novembre 2018, @LP_lapresse avait publié un article révélant qu’en 2017, au Canada, des femmes étaient encore stérilisées de force. Steve E. Fortin, l’auteur de l’article du journal de Québec n’avait étrangement pas jugé utile de s’indigner à ce sujet. Pourtant cette fois, il s’agissait d’un article publié dans un organe de presse nationale, et s’appuyant sur des données tangibles.

Est-ce à dire que certains auraient le droit absolu de discuter du bien fondé des femmes à disposer de leur propre corps pendant qu’il serait strictement “tabou” d’en faire de même sur le droit des hommes à disposer de leurs propres corps ? C’est la question que nous nous posons au vue de la polémique ridicule soulevée ce matin.
Un engagement historique contre la stérilisation forcée

Par ailleurs, précisons que par le passé, Gabrielle Bouchard, en tant que coordinatrice au Centre de lutte contre l’oppression des genres, a lutté contre la stérilisation forcée des personnes trans. Elle a remporté la bataille de supprimer dans les critères d’accessibilité au changement de nom des personnes trans l’obligation de passer par une opération des organes génitaux, ce qui revenait à une stérilisation détournée des personnes trans.

Aussi, la FFQ, en décembre 2018 a participé auprès de nombreuses autres organisations de défense des droits à la signature d’une pétition contre la stérilisation forcée des femmes autochtones portée par Amnesty International Canada.

Au regard de la montée de ce climat conservateur, les enjeux féministes sont nombreux pour la Fédération des femmes du Québec.

Si Steve Fortin conclut son article en expliquant que “ce féminisme de combat, de provocation, est exaspérant”, nous assurons qu’en effet nous avons l’intention de continuer à “exaspérer” les systèmes de pouvoir patriarcal et raciste dans notre travail. Il y a largement de quoi faire. Ce post prouve en effet qu’il y a un double-standard sur ce qui est considéré comme “raisonnable” dans les discussions que nous menons sur le droit des personnes à disposer de leur corps selon que nous soyons un homme ou une femme.

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