L’été est enfin arrivé et dans les prochaines semaines des milliers de Québécois et Québécoises auront la chance de prendre un peu de repos bien mérité ; aller se reposer chez matante Lucie, un peu de camping en famille ou encore un road trip de quelques semaines. Bien que plusieurs personnes soient limitées dans ce qu’elles peuvent s’offrir comme vacances, il y a des gens parmi nous qui n’ont jamais droit aux vacances. Le répit est rare, voire inexistant pour les prestataires d’aide sociale, pour les chômeurs ou pour les travailleurs pauvres.
Dressons un portrait d’une personne seule à l’aide sociale : vous recevez votre chèque mensuel de 648$ le premier du mois. La même journée, vous versez la quasi-totalité de cette somme en loyer. Le loyer moyen d’un studio est de 597$/mois à Montréal et 549$/mois à Québec. Il vous reste donc moins de 100$ pour la nourriture, le transport, les vêtements, le téléphone, le chauffage, l’électricité, les médicaments, les produits d’hygiènes, etc. Pour le reste du mois, vous allez travailler fort pour survivre jusqu’au prochain chèque.
Ce travail ne se fait pas à temps partiel. Vous comptez chaque cenne que vous dépensez. Votre vie est remplie de choix difficiles. Vous n’avez pas d’argent pour prendre l’autobus aller-retour, mais le supermarché au bout de la ville offre des rabais dont vous ne pouvez vous passer. L’école de votre enfant organise une sortie accompagnée, vous ne pouvez pas y participer puisque vous avez un rendez-vous quotidien pour faire la file des banques alimentaires. Votre ami vit un divorce difficile, vous aimeriez le recevoir à la maison, mais vous n’avez pas l’argent pour lui préparer un repas.
Votre horaire est contrôlé par les heures d’ouverture des services dont vous avez besoin, les kilomètres à marcher pour y accéder et le poids des démarches administratives. Vous n’avez pas la fatigue d’un 40 heures de travail par semaine, mais celle d’une vie en perpétuel état de survie. Il s’agit d’un travail quotidien, à la fois physique et d’organisation, avec une importante charge mentale. Il n’y a jamais de répit, jamais de vacances.
Votre cousine vous invite à passer 2 semaines à son chalet près du lac Ontario ? Vous devez décliner l’invitation. Si vous quittez le Québec pour cette période, vous ne recevrez pas votre chèque d’aide sociale le mois suivant. Au printemps 2015, le gouvernement du Québec a instauré un règlement qui limite les séjours hors Québec des personnes sur l’aide sociale à un maximum de 7 jours consécutifs ou 15 jours cumulatifs par mois.
En ce moment, les parlementaires qui ont voté ce règlement sont en vacances. Leurs politiques nourrissent les préjugés selon lesquels les prestataires d’aide sociale sont toujours en « vacances ». Nos élus prendront l’avion pour l’Europe, les États-Unis ou l’endroit de leur choix. Ils auront des vacances dont nous ne pouvons que rêver et n’auront probablement jamais à vivre les conséquences de leurs politiques.
SHEETAL PATHAK ET PASCALE BRUNET
Campage Pauvre + Captif
Pauvre + captif est une campagne de groupes communautaires, de juristes et de prestataires de l’aide sociale qui sont inquiets et outrés par les limites sur les séjours hors Québec de l’aide sociale.
Appuyez la campagne : Les déclarations d’appui sont accessibles ici.
Invitation : Une assemblée populaire du Collectif Pauvre + Captif aura lieu le 23 octobre 2018 au CÉDA (2515 Rue Delisle), de 12h00 à 15h00.
Personne contact : Gessica Gropp / CDC Action-Gardien, Pointe-Saint-Charles
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