Édition du 17 décembre 2024

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Une nouvelle garde en tête du Parti républicain

La candidature de Donald Trump à l’investiture républicaine a ouvert la porte à une nouvelle garde du Parti républicain. Dès le début des primaires, la direction du Parti souhaitait refaire l’image de leur formation politique et présenter des candidats capables de réinventer la tradition politique républicaine. Durant les deux mandats du président Obama, les républicains se sont fait une réputation de parti intransigeant qui refuse de travailler avec les membres de l’opposition. Il suffit de penser au blocus systématique du congrès républicain devant les politiques proposées par Obama, au cours des deux dernières années. L’establishment du Parti républicain croyait qu’un candidat plus modéré leur permettrait de reprendre les rênes de la Maison-Blanche. Ainsi, Jeb Bush semblait le candidat « parachuté » dans la course par les hautes instances du parti.

Le parti républicain est devenu un bloc monolithique de conservatisme moral et économique : contre Obamacare, contre la réglementation des armes à feu, contre le droit à l’avortement, contre le mariage gai, contre la discrimination positive, contre le TARP (considéré comme une mesure socialisante) et contre une intervention de l’État pour sauver General Motors, etc. Sur le plan idéologique et culturel, plus que jamais, le Parti républicain s’apparente au Tea Party. Aujourd’hui, le Parti républicain représente une coalition des forces réactionnaires d’extrême droite : suprématistes raciaux, fondamentalistes chrétiens et libertariens se rangent derrière le Parti républicain pour que l’« .Amérique redevienne grandiose à nouveau » Les Ted Cruz, les Marco Rubio et les Mitch McConnell avaient le plancher au sénat, tandis les Paul Ryan, et compagnie contrôlaient la Chambre des représentants, tous appuyés par les gouverneurs comme Chris Christie du New Jersey et Scott Walker du Wisconsin.

Mais Jeb Bush a failli à la tâche. Donald Trump le démagogue spectaculaire, est parvenu à consolider un discours populiste accusateur dans lequel se retrouvent les motifs du mécontentement de la classe moyenne américaine. Contre toute attente, et au grand désarroi de la direction républicaine, il est devenu le candidat présidentiel du Parti. Il faut également rappeler que ces néoconservateurs qui se sont farouchement opposés à la candidature de Trump partagent sensiblement les mêmes idées sur le déclin de l’Amérique et sur les solutions pour lui rendre ses lettres de noblesse. Ces derniers en avaient tout simplement contre Trump. Il ne voulait pas concéder le Parti à un outsider imprévisible et insolant : Trump représentait trop de risques pour le Parti républicain. Le risque de céder la victoire pour une troisième fois aux démocrates. Ils ne voulaient surtout pas perdre la « guerre culturelle » inaugurée par Ronald Reagan dans les années 1980.

La direction du Parti républicain devait alors trouver un moyen de « contrôler » Trump, tout en préservant sa ligne dure néoconservatrice. Mike Pence, gouverneur ultraconservateur de l’Indiana et ami personnel de Paul Ryan fit alors son entrée dans le paysage de l’investiture républicaine. Sans oublier la venue de Stephan Bannon, Carolaynne Connor et Roger Ailes dans l’entourage rapproché de Trump. Ces derniers sont venus renforcer l’encadrement de Trump et confirmer le virage ultraconservateur des républicains pour la prochaine campagne présidentielle. Il en fut terminé des discours « modérés » à la Jeb Bush. Les républicains ont compris qu’ils devaient utiliser Trump pour entrer dans la Maison Blanche, mais pas au prix d’entacher durablement leur réputation en vue des prochaines élections à venir.

Ce virage ultraconservateur du Parti républicain était déjà en cours, bien avant l’arrivée de Donald Trump. La « nouvelle garde » incarnée par Paul Ryan, Chris Christie et Scott Walker avait délogé la famille Bush, Mitt Rom né et John McCain depuis belle lurette. Pour achever ce processus, les républicains ont besoin du pouvoir présidentiel. Une victoire des démocrates en 2016 pourrait éventuellement céder le pas à une droite plus modérée au sein du Parti républicain.

Au-delà de la campagne de Trump et de ses frasques monumentales se dresse l’avenir de la frange ultraconservatrice du Parti républicain. Ces derniers veulent à tout pris remporter la « guerre culturelle » et Donald Trump semble être le « moindre mal » pour y parvenir. Après tout, ne veut-il pas lui aussi défendre les « vraies valeurs américaines » et en faire la superpuissance militaro-industrielle incontestée ?

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