Pourquoi cette attitude du MSSS ? Parce que le MSSS croit que plus c’est gros, meilleurs sont les services. Or la majorité des études scientifiques à ce sujet indiquent le contraire : les organismes qui ont pour mission des services de proximité ont intérêt à conserver une taille plus légère.
Selon les chercheurs Alain Dupuis et Luc Farinas, les fusions sont le fruit d’une mode dangereuse : « Il s’agit d’une mode managériale sans fondement sérieux au regard des sciences de l’organisation et qui pousse l’ensemble du système vers le modèle de la grande entreprise divisionnalisée. Sous l’effet de ce modèle, nos organisations risquent de devenir toujours plus grosses, plus formelles, plus abstraites, plus impersonnelles, plus superficielles, vides d’engagements et de jugements éclairés. » (Cahier de recherche du Cergo, 2009, Énap et Téluq).
L’ancien sous-ministre de la Santé et des Services sociaux et professeur à l’Université de Montréal, Paul Lamarche, abonde dans le même sens : « Ceux qui ont la responsabilité de concevoir et d’implanter ces réformes (Ministère, Agences régionales et CSSS), jugent qu’elles contiennent le ferment d’une véritable transformation. Depuis leur mise en oeuvre, le fonctionnement du système et sa performance se sont grandement améliorés. Mais, ils conviennent aussi que beaucoup reste encore à faire. Les autres (cadres intermédiaires, professionnels et citoyens) jugent que les réformes ont généré beaucoup plus de turbulence que de changements réels et que son fonctionnement et sa performance se détériorent au rythme de la succession des réformes. Les faits semblent leur donner raison. » (Forum sur la participation et l’organisation des services de santé et des services sociaux, UQAM, 5-6 juin 2008).
Qu’a-t-on constaté lors de la vague de fusions forcées de l’été 2004 ? L’obligation pour les usagers de se déplacer plus loin pour avoir des services, la concentration des fonds dans la mission hospitalière, la diminution des programmes préventifs, l’alourdissement des structures, la démobilisation du personnel, l’affaiblissement du processus démocratique et de la participation citoyenne, une porte plus ouverte à la sous-traitance et à la privatisation, etc. Ces effets pervers perdurent. Pourquoi vouloir aggraver les choses en fusionnant davantage ? D’autant plus que la loi exclut normalement du processus des fusions les hôpitaux universitaires affiliés, ce qui est le cas de l’HCLM. Il est encore temps d’empêcher le MSSS de détériorer davantage les services de proximité à la population.
Le c.a. du CSSS Champlain se réunit le 16 décembre : encourageons-le à maintenir sa position de non-fusion, à l’encontre de l’entêtement du MSSS.
Jacques Fournier est organisateur communautaire retraité