Les bailleurs de fonds de cette élection appartiennent aux républicains et démocrates. Leurs organisations respectives contrôlent l’ensemble des villes, des comptés, des états et s’assurent de maintenir en place l’hégémonie du bipartisme absolu. Leur rôle est non seulement d’assoiffer monétairement les partis indépendants, mais de réduire leur discours politique au silence. Ainsi le financement de ces derniers garantit chaque quatre une victoire républicaine ou démocrate. Leur mainmise s’exerce de la Maison Blanche, en passant par le Congrès et rejoint les grandes villes des 50 états de la nation étasunienne. Seuls quelques députés socialistes ont pu briser ce monopole au niveau municipal, comme Kshama Sawant à Seattle. Malgré ces petites percées, le processus de gouvernance demeure dans les mains du 1 %.
Avec l’omniprésence de l’argent, les réseaux d’influence et le contrôle de l’appareil politique par l’hégémonie bancaire, la démocratie américaine est en péril comme jamais et aucune alternative politique n’est en mesure de l’empêcher. Pour le peuple étasunien, la présente campagne électorale n’est que la reconduction de cette impasse démocratique. La gauche américaine avait prévu cette situation et voilà pourquoi elle a tenté de convaincre Bernie Sanders de fonder un troisième parti qui récolterait possiblement les 12 millions d’appuis qu’avait reçus le gouverneur du Vermont durant les primaires. Enfin se présentait une opportunité de constituer une véritable alternative progressiste et démocratique, mais malheureusement Sanders aura décidé d’appuyer Hilary Clinton, même après avoir découvert les méthodes douteuses de l’establishment démocrate pour empêcher sa victoire à l’investiture présidentielle.
Peu importe les résultats de l’élection présidentielle de 2016, les problèmes sociaux et économiques des États-Unis ne feront que s’aggraver. Le racisme systémique, l’écart de richesse entre les classes dominantes et les travailleurs américains se creuseront davantage, les acquis de la lutte féministe sont déjà terriblement compromis et la militarisation de la société étasunienne provoquera davantage de violence et de morts dans les villes de l’Amérique. Les élections présidentielles ont notamment pour mission de ressusciter l’espoir du peuple américain. Or, il n’en est rien et le désespoir est partout. La « révolution culturelle » néoconservatrice atteint son climax dans la hargne de Donald Trump et l’extrême-droite reprend tranquillement le terrain perdu au cours des années Obama.
Comme dans toutes les démocraties occidentales de la civilisation industrielle avancée, le modèle représentatif des États-Unis est en crise. Il ne répond plus aux besoins de la classe ouvrière et ne parle certainement pas en son nom. La restructuration technologique du capitalisme coûtera très cher et, encore une fois, les travailleurs américains devront payer la note. L’affaiblissement des services sociaux et du mouvement syndical, la violence subie par les minorités sont les symptômes du péril démocratique américain. La gauche américaine doit agir de manière urgente et constituer le mouvement historique dont le 21e siècle et la démocratie ont tant besoin. Comme le disait Jim Morrison : « The future is now ! »