Avez-vous remarqué qu’on nous présente chaque soir, aux nouvelles, les impératifs des compagnies multinationales d’ici et d’ailleurs en termes de profits et qu’on y encense la montée de la croissance économique en glorifiant leurs produits qui, pour la plupart, ne sont pas de première nécessité ? Parfois suit une nouvelle qui effleure le problème de la pauvreté croissante, comme la disette en CHSLD.
Je considère que la misère humaine est grande lorsque les besoins les plus fondamentaux – respirer de façon sécuritaire, boire de l’eau potable et manger des aliments sains – sont si difficilement satisfaits qu’ils deviennent un grand luxe. Personne n’est vraiment à l’abri d’une telle misère si l’eau (potable et qui sert aussi à d’autres usages) devait être contaminée accidentellement, par exemple avec un déversement d’hydrocarbures. Demandez aux patients dont la survie est menacée s’ils échangeraient leur bonbonne d’oxygène ou leur perfusion de liquides intraveineux pour des biens matériels dernier cri ou pour un statut d’emploi plus enviable.
À quoi cela sert-il d’adhérer au cercle vicieux de la hausse de production pour consommer plus de biens (et de pétrole ou méthane) à jeter ? Les images de bonheur par la consommation qu’on nous présente nous rendent-elles plus heureux ? Notre santé mentale et physique devient-elle meilleure ? N’est-ce pas une fuite en avant qui semble ne pas pouvoir s’arrêter ? Est-ce vraiment le but de notre existence sur terre ? Peut-on espérer qu’un jour des député(e)s élu(e)s oseront remettre en question les fausses promesses de félicité liées à cette quête effrénée de la croissance économique ? Peut-on rêver aussi qu’ils vont se permettre de penser par eux-mêmes avant de voter, plutôt que de toujours voter selon la ligne de parti ?
Notre père libéral, vous, vos conseillers lobbyistes et économistes, ainsi que vos disciples qui suivent aveuglément la ligne du parti et vos ordres, afin de ne pas se faire écarter du pouvoir, vous affichez un triomphalisme déconcertant. Le chapitre IV sur les hydrocarbures de votre projet de loi 106, tout comme la diminution des prestations des bénéficiaires du bien-être social, illustrent votre vision de l’être humain et de la communauté québécoise. Avec vos belles promesses creuses pour la croissance économique, vous avez déstructuré notre Québec, énucléé bien des organisations communautaires, et maintenant vous vous présentez comme le grand défenseur de la veuve et de l’orphelin et des femmes autochtones ??? Il faut beaucoup de naïveté pour gober cela ! Laisser une simple trace dans la neige qui fond au soleil ne vaut-il pas mieux que de laisser des traces de mutilation sociale et environnementale ?
Monsieur le père libéral, le but de notre existence n’est pas de servir les compagnies qui forment votre piédestal, ni de vous admirer ou de vous mépriser, ni de mettre en valeur votre diktat de la croissance économique. Nous avons tellement mieux à faire. Auriez-vous la décence de cesser de légiférer en bâillonnant les objecteurs de conscience ? Le respect se mérite, dit-on. Y a-t-il des élu(e)s capables d’oser suivre leur conscience plutôt qu’une ligne de parti contaminée ? J’en garde l’espoir afin de contrer l’actuel climat de morosité !
Marie Durand
Boucherville
Le 2 décembre 2016