Édition du 12 novembre 2024

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Environnement

Un manque à gagner plus important pour Hydro-Québec et des hausses de tarif d’électricité plus élevées pour les Québécois.e.s en raison de Gazoduq

Saguenay, Rouyn-Noranda, Montréal, Québec – Des groupes environnementaux et citoyens* révèlent que le projet de gazoduc de la société en commandite GNL Québec, volet Gazoduq, entraînerait le gaspillage d’environ 1 milliard de kilowattheures (1 TWh) d’électricité renouvelable. Ce 1 TWh supplémentaire viendrait s’ajouter aux quelques 5 TWh que demanderait l’usine de liquéfaction de gaz d’Énergie Saguenay pour un total de près de 6 TWH. Le projet GNL/Gazoduq entraînerait donc une hausse supplémentaire des tarifs de 2,5% pour 2030 et un manque à gagner cumulatif de près de 1,5 milliards de dollars pour Hydro-Québec pour la période 2027-2030.

Tiré deGreenpeace Canada.

Ce 1 TWh supplémentaire, soit une augmentation de 20% des besoins, serait nécessaire pour électrifier les stations de pompage et les compresseurs utilisés pour le fonctionnement du gazoduc de 780 kilomètres qui acheminerait le gaz à l’usine de liquéfaction qui serait située au Saguenay. Il est équivalent à la consommation en énergie d’environ 50 000 maisons, chaque année pendant au moins 25 ans, afin de transporter à travers le Québec du gaz fossile extrait par fracturation hydraulique dans l’Ouest canadien.

Rappelons que le projet de Gazoduq vise à exporter 15 milliards de mètres cubes de méthane par année en passant par le Québec et l’entreprise voudrait utiliser l’électricité renouvelable du Québec pour faire fonctionner les compresseurs qui permettraient la circulation du gaz dans le gazoduc. À elle seule, l’usine de liquéfaction consommerait annuellement environ 5 TWh en électricité et, selon les calculs de l’Union des consommateurs, cela provoquerait déjà une augmentation substantielle des tarifs d’environ 2,1% pour des millions de Québécois.es. L’ajout de 1 TWH d’électricité viendrait aggraver cette augmentation des tarifs rendue nécessaire par le manque à gagner pour Hydro-Québec qui résulterait de l’écart entre les coûts d’approvisionnement pour de l’électricité supplémentaire et les revenus associés à Énergie Saguenay.

Pour l’ensemble du projet de gazoduc et d’usine de liquéfaction à Saguenay, la consommation annuelle d’électricité serait donc d’environ 6 TWh, soit l’équivalent de la consommation de 300 000 maisons. Sur la base des calculs faits par l’Union des consommateurs pour les 5 TWh que consommerait l’usine, le 1 TWh additionnel ferait grimper le manque à gagner cumulatif d’Hydro-Québec pour 2027-2030 à près de 1,5 milliards de dollars. Pour la seule année 2030, le manque à gagner pour Hydro-Québec se chiffrerait à près de 380 millions de dollars, ce qui résulterait alors en une hausse supplémentaire des tarifs de 2,5%. Cette hausse supplémentaire s’ajouterait à la hausse tarifaire de 2% prévue par Hydro-Québec en l’absence de ces deux projets.

Détails de la consommation annuelle de 1 TWH d’électricité qu’entrainerait le gazoduc

Dans un récent communiqué, l’entreprise Gazoduq prétendait pouvoir diminuer ses émissions d’environ 376 000 tonnes de GES mais se gardait bien de dire combien de kilowattheures d’électricité renouvelable par année seraient nécessaires afin de transporter son gaz méthane.

Pour réaliser cette substitution d’alimentation, Gazoduq projetterait d’utiliser, dans la portion québécoise de son gazoduc, deux stations de postes de compressions comprenant au total trois immenses compresseurs demandant chacun 40 MW de puissance. Cette information a été dévoilée par Emission Reduction Alberta et confirmée par Gazoduq lors d’un entretien avec la Coalition Fjord. Même si Gazoduq refuse toujours de dévoiler la quantité d’énergie annuelle qui serait consommée par ses équipements, il est estimé que cette consommation serait de l’ordre de 1 TWh annuellement.

Selon l’État d’avancement 2020 du Plan d’approvisionnement 2020-2029 d’Hydro-Québec, il est déjà prévu que de nouveaux approvisionnements de long terme soient requis pour répondre aux besoins en énergie à compter de 2027. L’alimentation des installations de Gazoduq viendrait s’ajouter au déficit d’approvisionnement d’Hydro-Québec déjà prévu.

*Signataires du communiqué : la Coalition Fjord, la Coalition Anti-Pipeline, Greenpeace Canada, Nature Québec, Équiterre et le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec (RVHQ)

Citations

« Remplacer du gaz de fracturation par de l’hydroélectricité était déjà un non sens pour l’usine de liquéfaction de GNL Québec. En voulant faire fonctionner ses compresseurs avec notre énergie propre, Gazoduq viendrait en rajouter, cherchant encore ainsi à camoufler l’impact global désastreux de son projet sur l’environnement et le déficit énergétique et écologique de l’utilisation de gaz fossile », mentionne Jean Paradis, responsable des dossiers énergétiques à la Coalition Fjord.

« Il n’y avait déjà aucune acceptabilité sociale pour GNL Québec/Gazoduq et l’opposition sera encore plus forte considérant qu’il entraînerait un gigantesque manque à gagner pour Hydro-Québec et une hausse des tarifs d’électricité pour des millions de ménages québécois. François Legault n’a d’autre choix que de rejeter ce projet qui ne remplira jamais les conditions d’acceptabilité sociale et de respect de l’environnement que le gouvernement a posées », explique Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace.

« Annoncer en grande pompe qu’on veut faire construire un gazoduc “carboneutre” en utilisant de l’électricité propre pour transporter du gaz albertain issu de la fracturation, c’est l’apogée du greenwashing. GNL/Gazoduq compte sur une quantité gigantesque d’électricité disponible à faible coût pour nous faire avaler son gazoduc qui causerait une fracture dans le paysage québécois. Ce n’est pas aux Québécois et Québécoises de financer l’utilisation d’une énergie renouvelable dans le but d’exporter une énergie extrêmement polluante en payant leurs comptes d’Hydro plus chers », explique Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

« Chaque fois qu’on scrute une facette du projet, on découvre une nouvelle raison de le rejeter une bonne fois pour toute. L’obstination du gouvernement à ne pas reléguer aux oubliettes cette bombe climatique est inquiétante et apparaît de plus en plus farfelue. Je ne crois pas me tromper en affirmant que peu de Québécois.es souhaitent que leur électricité propre coûte plus cher tout en servant à exporter du gaz fossile de l’Ouest », affirme Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques d’Équiterre.

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