Une rupture à faire et à comprendre
Le choix de la non-convergence illustre pour les militants et militantes de Qs la nécessité de se distinguer du PQ, mais surtout de rompre avec les politiques qu’applique le PQ depuis 40 ans.
C’est d’abord le refus d’un supposé virage à gauche à la Lisée. Peut-être non aux énergies fossiles, peut-être oui au mode de scrutin, peut-être Pharma Québec. Les militants et militantes de Qs ne vivent pas de peut-être . Même ceux et celles qui voulaient la convergence avaient mis des conditions, pour ne pas dire des dents, à ce projet face aux changements de cap du PQ. Plusieurs y voyaient une tactique pour bien paraître en faisant alliance, mais en sachant que cela ne pourrait se faire vu les exigences. Mais cette tactique d’entente était dangereuse et méséducative, car, dans le fonds, même si les alliances ne se réalisaient pas, elle créait des illusions en posant le fait que voter PQ, en temps d’alliance, devenait possible et surtout progressiste.
Ce n’est pas parce que monsieur Lisée se proclame parti progressiste qu’il en est un, sinon Martine Ouellet avec son programme plus à gauche aurait été élue chef. La pratique du PQ au cours de ses quarante années de vie politique le prouve clairement : c’est un parti qui applique les politiques néolibérales. Est-ce que tous les militants et militantes du PQ sont néolibérales, je ne pense pas que l’on puisse dire cela. Mais ils et elles refusent de rompre et de se situer clairement à gauche. Pourquoi ? L’indépendance avant le projet de société ? Là aussi le PQ a montré son incapacité à organiser et réaliser un pays parce que le projet péquiste veut un pays sans rien changer des politiques actuelles, sans remettre en question la répartition de la richesse. Or ce projet est loin de rallier les capitalistes actuels. ‘On est ben de même, on reste de même’. Les entrepreneurs sont une partie importante de la stratégie péquiste pour les prochaines élections plus que le mouvement syndical ou le mouvement communautaire en lutte pour son financement. Se montrer comme un bon gouvernement provincial capable de gérer l’économie. Gérer comment ? N’oublions pas que c’est madame Marois qui a accepté les accords avec Pétrolia à Anticosti et que c’est Agnès Maltais qui a déposé un projet de loi pour baisser les programmes d’aide sociale et que le budget le plus austère est l’oeuvre de monsieur Marceau.
QS met l’indépendance au coeur de son programme. Mais pas n’importe quelle indépendance. Une indépendance qui va assurer un projet de société équitable, juste, égalitaire et écologiste. C’est ce projet que les personnes racisées et plus spécialement les femmes racisées (ce dont je suis fière comme femme) sont venues défendre au micro durant ce débat sur les alliances. Nous voulons faire partie de ce projet. Nous ne voulons pas être marginalisées ou stigmatisées dans une charte. Les personnes racisées n’ont pas seulement posé leur isolement, leur discrimination et dénoncé le racisme ambiant. Ils et elles ont ainsi manifesté leur volonté de lutter contre ces formes d’exclusion et de travailler dans un parti inclusif. Oui, ils et elles ont joué un rôle important dans le rejet des alliances parce qu’elles ont su inclure leurs revendications et leur lutte antiraciste dans le projet de société de Qs. Leur rôle a été éminemment enrichissant. Ils et elles n’ont pas tort, ils et elles avaient raison et ont convaincu le congrès de la pertinence de leurs luttes. Ne pas reconnaître cet apport c’est jouer dans les racines du racisme.
Et le féminisme ?
Qs a été le premier parti politique a assurer depuis sa création en 2006 la parité dans les candidatures au Québec. C’est un fait historique et toutes les femmes candidates sont des héroïnes pour nos cours d’histoire. Mais cela a des exigences politiques. Le nombre de femmes députées à l’Assemblée nationale a baissé à la dernière élection. Il nous faut travailler à en augmenter le nombre. La convergence n’assurait rien de la parité. Monsieur Lisée ne parle jamais de féminisme. Son parti n’a pas la parité des candidatures. Madame Marois contrairement à monsieur Charest n’avait pas la parité au conseil des ministres. Alors les pactes électoraux ne garantissaient absolument pas la place des femmes. Comme parti : Qs pouvait présenter des candidatures paritaires dans ses circonscriptions, mais dans les autres laissées au PQ qui nous assurait la parité ? C’est là qu’on voit quel projet de société le PQ propose. La place des femmes n’y est pas assurée. Et ça QS ne peut en supporter le poids. Il faut plus de femmes à l’Assemblée nationale. Nous n’avons pas trop de 125 candidatures pour remplir cet objectif.
Quant au Politbureau
Le PQ mène une campagne de dénigrement suite au refus d’alliance de Qs. Il faut être très clairs sur cette stratégie. La question du Politburo et du Oui Québec démontre le fonctionnement de chaque parti. Pour Qs, ce ne sont pas les représentants et représentantes qui prennent position, mais les structures légitimement mandatées pour le faire. Le chef décide dans bien des partis politiques au Québec. À Qs les porte-parole ont des mandats très serrés et surtout sont redevables devant les instances. L’entente outrepassait le mandat, le conseil de coordination national a refusé de l’entériner. Les congressistes ont été mis au courant de l’état de fait. Est-ce que les autres partis politiques signataires de l’entente ont convoqué leurs instances pour informer les membres de leurs décisions comme l‘a fait QS ? Quant à la question que Qs défend la démocratie participative, invite les membres a assister au congrès, mais vote par délégation : en faire le reproche à Qs alors que c’est le fonctionnement démocratique approuvé par les instances de plusieurs mouvements de mobilisations à commencer par le mouvement syndical, le mouvement des femmes, etc, c’est jouer de la démagogie pure.
En conclusion
Le fait que Qs refuse les alliances va clarifier la scène politique et offrir aux Québécoises et Québécois un véritable pôle à gauche pour défendre les revendications des mouvements en lutte contre l’austérité, les énergies fossiles, le racisme et les inégalités, pour le partage de la richesse, le bien commun, pour une société écologique et féministe.
Dix ans de débats nous ont permis de garder nos valeurs et notre crédibilité.
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