Dans une série à deux volets, car les sujets ne manquent pas, je vais jeter un regard citoyen sur quelques événements de l’actualité des derniers jours et tenter de répondre aux questions ci-haut énoncées. Ce faisant, j’espère susciter une réflexion éclairée quant aux véritables motifs derrière ces événements et de poser la question à savoir comment, possiblement, les choses pourraient se passer autrement.
En vol plané...
D’abord, parlons de cette saga entourant deux grosses compagnies, celles du genre « too big to fail » ou trop grosses pour faillir, comme on dit dans les cercles altiers de la haute finance...
L’une, Air Canada, est le plus gros transporteur aérien au pays et l’autre, Bombardier, est un important fabricant de trains et d’avions. Résumons les faits et essayons de comprendre...
Récemment, Air Canada a annoncé la signature d’une lettre d’intention avec Bombardier portant sur l’achat de 45 avions de la Série C et sur des options en vue de l’achat de 30 appareils supplémentaires. Voilà, certes, en soi, une bonne nouvelle. Cependant, dans le même souffle, nous apprenions que Bombardier va supprimer 11 % de sa main-d’oeuvre à l’échelle mondiale, dont 2 400 au Québec. Qui plus est, le gouvernement du Québec a décidé d’abandonner sa cause face au transporteur dans l’épineux dossier d’Aveos, ce centre de maintenance des avions d’Air Canada qui a fermé ses portes en 2012, entraînant la perte de 1800 bons emplois.
Rappelons-nous qu’à la suite de cette décision d’Air Canada, les gouvernements, tant du Québec que du Manitoba, voire le fédéral, tous avaient décidé de poursuivre Air Canada, alléguant que cette compagnie ne respectait pas sa loi constitutive qui lui impose des centres de révision de ses appareils à Montréal, Mississauga, en Ontario, et Winnipeg, au Manitoba. Puis, les gouvernements du Québec et du Manitoba ont remporté une victoire contre le transporteur aérien en Cour d’appel. À cette époque, même Denis Coderre, alors député à Ottawa, ainsi que Justin Trudeau, ci-devant premier ministre du Canada, avaient plaidé la cause des travailleurs lésés dans leurs droits.
Air Canada avait alors porté la cause en appel et le litige se trouvait maintenant devant la Cour suprême. Mais là, par magie, dans ce qui ressemble étrangement à une forme de chantage, Air Canada, dans le cadre de la nouvelle entente avec Bombardier, se trouve débarrassé de ce litige. Tout ce beau monde a décidé d’abandonner la juste cause des travailleurs d’Aveos !
Seule consolation, s’il en est, Air Canada aurait maintenant l’obligation de faire réaliser les travaux d’entretien de ses nouveaux avions à Montréal, durant au moins vingt ans, et de créer un centre d’excellence dans le domaine de la maintenance des appareils Série C. La nouvelle ministre de l’Économie du gouvernement Couillard, Dominque Anglade, affirme que cela créera 1 000 emplois au Québec, sur une période de 15 ans. Soit, mais qu’en est-il des travailleurs d’Aveos et de leurs bons emplois perdus ? Assiste-t-on à un exemple de la « brebis sacrifiée » sur l’autel des seuls impératifs financiers d’une entreprise qui bafoue des travailleurs ? Et puis, comment expliquer ces revirements d’allégeance de politiciens qui, hier, défendaient, bec et ongles, ces travailleurs ? Cela laisse un drôle de goût, une drôle d’odeur... Enfin, si le passé est garant de l’avenir, on peut même se poser la question à savoir si Air Canada respectera ses nouveaux engagements.
Cette injustice patente est d’autant plus révoltante qu’elle survient peu de temps après l’annonce d’un investissement du gouvernement du Québec, à hauteur de la modique somme de 1,3 milliard de beaux dollars d’argent public, dans ledit programme de la Série C, qui semble avoir, excusez le jeu de mots, de la peine à décoller...
Et vogue la galère...
Parlant de ce cher Denis Coderre, ne pensez-vous pas que ce petit potentat autoritaire de la Ville de Montréal commence à ressembler, étrangement, à tous ces politiciens, tous partis confondus, qui s’amusent à piger dans l’assiette à beurre des fonds publics afin d’aider leurs petits amis à s’en mettre plein les poches ? Allergique à toute critique, rejetant du revers de la main tout questionnement sur ses agissements, se montrant indigné qu’on ose même questionner sa probité, le maire Coderre réfute les révélations selon lesquelles il aurait accordé des contrats, sans appel d’offres, à des amis, à des proches. D’abord, il y eut ce juteux contrat de 1 880 $ par jour pour coordonner l’accueil des réfugiés syriens à Michel Dorais, un ami. Ensuite, on a appris que Me Raphaël Lescop, ex-avocat du maire ayant plaidé la cause de M. Coderre contre le joueur de hockey Shane Doan, des Coyotes de Phoenix, qui avait insulté les Canadiens français, est membre d’un bureau d’avocats qui a obtenu des contrats sans appels d’offres pour un montant de 350 000 $, depuis que Denis Coderre est devenu maire de la métropole du Québec. Beaux retours d’ascenseur, n’est-ce pas ? Oserait-on parler de népotisme ? Plus ça change...
Enfin, un mot sur cette dépêche qui nous a appris récemment que quatre établissements universitaires au Québec, faisant partie du réseau de l’Université du Québec, soit l’École de technologie supérieure (ÉTS), l’Institut national de recherche scientifique (INRS), l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), auraient versé la modique somme de 818 000 $ dollars en bonis illégaux à des dizaines de cadres, en violation de la loi. C’est le Vérificateur général du Québec, dans une enquête sur la conformité de la rémunération des cadres du réseau de l’Université du Québec, qui a découvert ce pot aux roses. Et pendant ce temps, plein d’écoles, au niveau primaire surtout, tombent en désuétude, physiquement parlant, faute d’investissements depuis longtemps requis. Choquant, n’est-ce pas ?
Conclusion
Que conclure de tout ça ? Peut-il y avoir un lien entre toutes ces affaires ? Au risque d’être accusé de tomber dans de faciles amalgames, j’oserais dire que ces magouilles, petites et grandes, font ressortir la propension inexorable qu’ont certains puissants de nos sociétés à n’avoir comme motivation de leurs actions, comme moteur, que la seule course aux profits. Engranger le plus d’argent possible, détourner des fonds, faire fi des lois, ce n’est que la machine à faire des sous qui dicte la marche à suivre. Que des colonnes de chiffres et au plus fort la poche ! Un partage plus équitable des richesses ? Connais pas !
À suivre...