Ces trois cas mettent en lumière les lacunes du filet de sécurité à la disposition des femmes qui tentent d’échapper à un conjoint contrôlant. Pourtant, des solutions sont connues pour prévenir ces homicides. Nos groupes les réclament depuis de longues années déjà : mise en place de cellules d’intervention rapide pour prévenir les homicides conjugaux, formation obligatoire et continue des différents intervenants en lien avec les femmes violentées sur la problématique de la violence conjugale et les outils d’évaluation des risques, évaluation systématique des conjoints violents à leur remise en liberté, etc.
Il est aussi primordial de poursuivre le travail d’information auprès de la population. Le gouvernement ne doit pas relâcher ses efforts dans ce domaine et prévoir de nouvelles campagnes de sensibilisation à destination des femmes mais aussi des proches : famille, ami.e.s, collègues de travail, voisin.e.s. Des ressources existent, il faut les faire connaître.
Les maisons d’aide et d’hébergement sont ouvertes 24h sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an pour accueillir et soutenir (avec ou sans hébergement) les femmes et leurs enfants victimes de violence conjugale. De même que SOS violence conjugale, les maisons sont aussi là pour répondre à toutes les questions ou doutes des proches. Nous pouvons toutes et tous faire une différence dans la vie des victimes de violence conjugale.
Nous rappelons que les plans d’actions et les recommandations de comités d’experts se sont multipliés dans les derniers mois totalisant près de 300 recommandations. Combien de rapports faudra-t-il encore avant que le gouvernement mette en place de manière transversale des actions structurantes pour prévenir les féminicides en contexte conjugal ? Il est temps que le gouvernement donne à la ministre Charest et à ses collègues les moyens d’agir pour renforcer les mesures en place et en développer de nouvelles. Les groupes de défense des droits de victimes pressent le gouvernement d’avancer plus rapidement car des femmes continuent de mourir par dizaine à chaque année, assassinées dans des contextes de violence conjugale.
Les ressources qui viennent en aide aux femmes violentées et qui luttent contre la violence envers les femmes sont ses premières alliées, si tant est qu’on leur donne les moyens de mener les actions nécessaires. Le prochain budget est l’occasion pour le gouvernement de montrer sa volonté réelle d’accentuer les efforts déployés dans la dernière année et de donner suite aux recommandations formulées dans les récents rapports d’experts qui lui ont été déposés.
Elles ont dit :
« Il est essentiel de prendre en compte l’ensemble des facteurs de risque pour prévenir les homicides conjugaux. Le rapport du Comité d’examen des décès liés à la violence conjugale produit par le bureau du coroner met clairement en évidence ces facteurs que l’on doit reconnaitre rapidement et prendre au sérieux. Une évaluation concertée de la dangerosité permet d’éviter la chronique d’une mort annoncée. »
– Manon Monastesse, directrice générale de la FMHF
« Depuis le début de la pandémie, les femmes rapportent que la violence qu’elles subissent est plus grave et plus fréquente. Les ressources comme les maisons d’aide et d’hébergement doivent avoir les moyens de rejoindre ces femmes de leur offrir toute l’aide nécessaire, mais aussi de sensibiliser les autres intervenant.e.s et les proches à qui elles peuvent s’adresser afin qu’ils soient capables de leur offrir une réponse adéquate ».
– Chantal Arseneault, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
« La séparation récente ou imminente correspond au moment où le risque homicidaire est le plus élevé pour une femme dans une situation de violence conjugale. Comment se fait-il que les autorités impliquées restent inertes face à des situations présentant des indices de dangerosité aussi élevés ? Le système a clairement échoué à protéger ces victimes et devra impérativement rendre des comptes. »
– Sabrina Lemeltier, présidente de l’Alliance MH2
« Cette année, SOS violence conjugale a déjà reçu presque 35 000 demandes, ce qui représente déjà presque 2000 demandes de plus que l’an dernier (qui était d’ailleurs déjà une année record), alors qu’il reste encore un peu plus d’un mois pour boucler l’année. Quand une victime de violence conjugale demande de l’aide, on devrait toujours être en mesure de dire oui, peu importe son besoin et peu importe sa région ».
– Jocelyne Jolin, Directrice générale de SOS violence conjugale
« Pour éviter les angles morts, il est important que les policiers ou toute personne appelée à intervenir aient une vision globale de la violence envers les femmes. Justement, on constate que les angles morts au niveau de l’analyse d’une situation de violence conjugale sont mortels pour les femmes davantage discriminées tels que les femmes autochtones, les femmes racisées et les femmes lesbiennes notamment. La Coalition féministe contre la violence envers les femmes insiste sur le fait qu’il faut assurer une prise en compte de la réalité de toutes les femmes violentées dans les politiques publiques et dans les pratiques d’intervention policières ».
– Jennie-Laure Sully, Coalition féministe contre la violence envers les femmes
Pour visionner à nouveau la conférence de presse, cliquez ici : https://www.facebook.com/RMFVVC/videos/344234963485300
Merci d’inclure l’information pour permettre aux victimes d’avoir accès à de l’aide à travers le Québec : SOS violence conjugale 1-800-363-9010
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