Au final, 56% de celles-ci auraient été réalisées, 24% d’entre elles en voie de l’être et 20% auraient été rompues. Il s’agit d’un bilan qui se situe dans la bonne moyenne si on le compare aux gouvernements antérieurs, notamment ceux de Philippe Couillard et de Jean Charest.
Intéressante à certains égards, cette analyse ne permet pas toutefois pas de poser un jugement quant à la qualité de la prestation du gouvernement, car aucun poids n’est accordé aux différentes promesses. Par exemple, promettre de protéger le patrimoine religieux, promettre de rénover des hôpitaux ou, encore, promettre d’améliorer les conditions de vie dans les maisons de retraite ne revêt pas la même importance. De plus, comme les adversaires de la CAQ ne manqueront pas de le soulever, avec seulement 37% du vote populaire, la CAQ ne pouvait légitimement pas réaliser un certain nombre de promesses, telle celle visant à abolir les commissions scolaires.
Par ailleurs, c’est au niveau de la promotion de la démocratie que la CAQ aurait failli à la tâche ayant rompu 50% des promesses associées cette thématique retenue par les analystes de l’Université Laval, dont l’obligation d’étudier des projets de loi de l’opposition et la création d’un mécanisme de votes libres. Mais la promesse plus importante qui a été rompue est sans conteste celle d’instaurer un mode de scrutin proportionnel mixte qui permettrait de corriger les distorsions inhérentes à notre scrutin uninominal à un tour. C’est ce dernier qui, en 2018, a fait en sorte que la CAQ a obtenu 60% des sièges avec seulement 37% des suffrages. L’occasion était pourtant propice à ce changement. Le premier ministre pouvait s’appuyer sur l’opinion de plus de 60% des électeurs et électrices, ce projet de changement faisant partie de la plateforme électorale du PQ et de QS, à la suite d’ailleurs d’une entente formelle entre les trois partis. François Legault, qui clamait haut et fort qu’il ne ferait pas de lui-même un Justin Trudeau (ce dernier ayant rompu une promesse semblable), l’a pourtant fait ! Il a ainsi renié sa signature privilégiant les doléances des députés d’arrière banc de son parti qui avaient peur de perdre leur siège si un nouveau mode d’élection prévalait. En accord avec la ministre Sonia Lebel, il a volontairement fait trainer les choses en longueur : la loi 39 qui prévoyait un changement de régime électoral n’a pas été rappelée devant l’Assemblée Nationale. Et, sans surprise, le projet de cette loi est absent de la nouvelle plateforme électorale de la CAQ.
Mettre de l’avant une telle promesse afin d’amadouer les chefs et les partisans et partisanes des autres partis, puis la renier tient non seulement d’une trahison mais du désintérêt de la CAQ pour la promotion de la démocratie. En quelques, la CAQ a berné le peuple québécois.
Jacques Désautels
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