On se souvient de la poussée virale du hashtag #ThisIsACoup cet été sur twitter, au moment où Tsipras signait l’accord d’austérité à Bruxelles, alors que le pays était en pleine asphyxie bancaire en raison des mesures prises par la BCE. Le premier ministre grec aurait subi un coup d’Etat de la part de ses créanciers. Dans son nouveau projet documentaire, Aris Chatzistefanou propose une autre lecture de cette séquence : selon lui, ce n’était pas un coup d’Etat... C’est tout simplement ainsi que fonctionne l’Union européenne. « J’aurais pu appeler le film : this is not a coup, this is EU », nous explique-t-il depuis Athènes.
Le titre sera finalement un peu plus court. Véritable réquisitoire contre l’UE. « This is not a coup » devrait comporter quelques pépites. Le réalisateur entend en effet raconter comment, dans différents pays membres de la zone euro, la pression des créanciers s’est imposée pour faire plier les gouvernements, voire les renverser. Avec quelques révélations au passage sur le revirement du gouvernement grec en juillet : le film doit mettre en scène le témoignage d’anciens ministres n’ayant encore jamais parlé à la presse de ces négociations.
A travers différents interlocuteurs du continent - écomistes, politiques, anciens négociateurs -, Aris Chatzistefanou veut montrer comment, en Italie, en Irlande, à Chypre, au Portugal ou en Grèce, « ce sont les choix de la BCE qui s’imposent ». Le documentariste a rencontré par exemple Dimitris Christophias, l’ancien président chypriote en fonction au moment de la décote des dépôts bancaires à Chypre, au printemps 2013. Il a prévu également de remonter aux sources de l’euro, en interrogeant certains de ses fondateurs, comme le Belge Etienne Davignon. « Qui a construit l’eurozone ? Dans ce film, je montre que cet espace est le résultat du lobby des multinationales, que l’euro est un outil pour les banques et les entreprises, qu’il n’a pas du tout été créé pour le bien des individus », nous explique Aris.
Comme ses précédents documentaires, engagés et militants, « This is not a coup » sera, à coup sûr, un film très politique. Pour Aris Chatzistefanou, l’Union europénne est à refaire de fond en comble. Et l’euro, selon lui, est forcément synonyme de rigueur budgétaire et d’absence de démocratie. On peut ne pas être d’accord avec cette vision des choses. Il n’empêche, chacun des films d’Aris apporte un éclairage nouveau sur les processus que notre continent traverse depuis bientôt six ans. Au départ centré sur la Grèce, son travail s’est élargi au continent. Et ses montages très réussis ont une force pédagogique rare lorsqu’on aborde à l’écran des sujets aussi peu « cinégéniques » qu’une crise financière ou des institutions européennes...
Comme les fois précédentes, le réalisateur grec fait appel au financement participatif. « En Grèce, je suis grillé par la plupart des médias », assure ce journaliste passé au long format pour qui « il est nécessaire d’être rémunéré pour ce travail. Je ne peux pas faire travailler toute une équipe bénévolement sur un film ». C’est ainsi que ses trois précédents films ont été financés, et ils ont connu un succès phénoménal sur la toile. A eux trois, ils totalisent à ce jour plus de 6,5 millions de vues... Ils ont également été diffusés dans des milliers de salles de cinéma, en Grèce, mais aussi en France et dans d’autres pays européens. Pour pouvoir ainsi être réalisé, diffusé, et ensuite disposnible en accès libre sur Internet, « This is not a coup » a donc besoin de soutien ! Vous pouvez faire un don ici.
Pour vous faire une idée du travail d’Aris Chatzistefanou - si vous ne le connaissez pas déjà ! - vous pouvez revoir ici ses précédents films, avec les sous-titres en français :
Fascism Inc. (2014 ; film sur le parallèle entre la montée du nazisme dans les années 1930 et la montée de l’extrême droite en Europe depuis le début de la crise) :
FASCISM INC MULTILINGUAL (long version)
par infowar Fascism Inc. © Infowar
CATASTROIKA - Multilingual par infowar Catastroïka © Infowar (2011 ; film sur les origines de la dette publique grecque et la nécessité d’un audit)
Debtocracy International Version
par ThePressProject