Édition du 17 décembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Syrie : première réunion publique contre le régime à Damas

Des opposants ont appelé, lundi, à une "transition pacifique vers un régime démocratique" au cours d’une réunion publique à Damas, la première du genre en Syrie, en proie depuis plus de trois mois à un mouvement de contestation sans précédent.

À l’ouverture de la réunion vers 09H30, les participants ont entonné l’hymne national et observé une minute de silence pour "les martyrs civils et militaires" tombés depuis le début du mouvement, le 15 mars. En un peu plus de trois mois, 1.342 civils ont été tués et 343 policiers et soldats, selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Plus de 100 opposants non affiliés à des partis sont réunis pour une journée dans un hôtel de Damas afin de trouver une issue à la crise.

"Il y a deux chemins, le premier clair et non négociable qui va vers une transition pacifique vers un régime démocratique et qui sauvera notre peuple et notre pays. Il y a un autre chemin qui conduit vers l’inconnu et détruira tout le monde", a affirmé l’opposant Mounzer Khaddam, le président de la réunion, dans une allocution.
« Empêcher la société de s’écrouler »

"Nous faisons partie du peuple et nous avons opté pour le premier chemin avec le peuple. Ceux qui refusent de le prendre iront en enfer", a-t-il ajouté."Le régime tyrannique qui est au pouvoir doit disparaître", a martelé de son côté l’écrivain Louaï Hussein, ajoutant : "Il faut établir un régime démocratique fondé sur la citoyenneté et les droits de l’Homme".

Les participants, réunis sous le slogan "La Syrie pour tous à l’ombre d’un Etat démocratique civil", tentent de parvenir à "une vision sur la manière de mettre fin à la tyrannie et pour une transition pacifique vers l’Etat espéré", a encore déclaré M. Hussein, détenu de 1984 à 1991 pour son appartenance au Parti de l’action communiste (interdit).

"Nous sommes là pour nous exprimer d’une manière libre et sans limites (...) Demain (...), le système politique va peut-être tomber et nous devons dès à présent oeuvrer pour empêcher la société de s’écrouler", a-t-il dit.

L’écrivain et opposant Michel Kilo -qui a purgé une peine de trois ans de prison pour avoir signé une déclaration contestée par le régime- a, quant à lui, estimé que "la solution sécuritaire (adoptée par les autorités) entraînerait "la destruction de la Syrie".
« Un changement complet »

"Le régime politique actuel doit disparaître au niveau structurel", car "le pouvoir doit être le produit de la société et non l’inverse", a-t-il également jugé.

C’est la première fois depuis le début de la révolte que des opposants se réunissent ainsi au grand jour à Damas, selon l’avocat des droits de l’Homme Anouar Bounni, qui a précisé que la rencontre n’incluait "pas de partis de l’opposition". Cette réunion a été contestée par des opposants se trouvant à l’extérieur de la Syrie, qui ont accusé les participants d’être "manipulés par le régime".

"Nous n’avons pas de liens avec les opposants à l’extérieur. Nous aussi nous nous interrogeons sur leurs objectifs. Ceux qui s’étaient réunis à Antalya en Turquie et à Bruxelles ont repris des opinions similaires à celles de pays occidentaux qui n’oeuvrent pas en faveur de la Syrie", a répliqué le journaliste et écrivain Nabil Saleh.

Le régime doit pouvoir bénéficier de temps "pour mettre en oeuvre les réformes" annoncées par le président Assad, a-t-il dit, précisant : "Il y a des opposants qui souhaitent un changement partiel, d’autres veulent un changement complet".

La réunion rassemble des opposants qui souhaitent la chute du régime et d’autres qui réclament simplement des réformes.

Le 20 juin, le président Assad avait proposé un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution". Il avait évoqué notamment la possibilité d’"amender" la clause 8 qui fait du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, "le dirigeant de l’Etat et de la société". Mais le chef d’Etat avait rejeté la mise en oeuvre de réformes "à travers le sabotage et le chaos".

Environ 300 étudiants arrêtés la semaine dernière à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, ont par ailleurs été déférés dimanche devant la justice, accusés d’avoir commis des "actes de sabotage" et proféré des "insultes contre le président", a indiqué lundi Radif Moustapha, président du Comité kurde des droits de l’Homme.

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