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Néanmoins, ces manifestations démontrent ce qui nous a toujours fait défaut dans nos propres pays : une influence du peuple sur les décisions et les politiques de guerre. Ceci est étroitement lié à la relation à sens unique entre les gouvernements et les gouverné.es, une relation à sens unique basée sur l’absence totale des individus dans la gestion de leur vie et le déni de tout droit « populaire » à intervenir ou même à réfléchir à l’intérêt supérieur du pays. En temps de guerre notamment, nos systèmes politiques prétendent défendre l’intérêt suprême du pays, ne laissant au peuple d’autre choix que celui de la soumission ou de la trahison. Le même type de relation s’applique aux formations non étatiques, en particulier celles qui reposent sur une base religieuse, qui entreprennent des missions militaires contre Israël, mais ces formations ne disposent pas d’une capacité de domination suffisante sur la sphère nationale et sont donc moins à même de contrôler les individus que les États. Cependant, l’émergence de ces formations non étatiques est en soi l’expression d’un problème national profond.
Notre incapacité chronique à libérer l’État de l’emprise des cliques dirigeantes renforce notre vulnérabilité chronique à l’égard d’Israël.
Le fait que les politiques intérieures, et plus encore les orientations, les décisions et la gestion de la guerre, ne soient pas soumises à l’obligation de rendre des comptes a pour point de départ et pour aboutissement le fait que le peuple est privé de toute possibilité d’influer sur sa situation et que les « dirigeants » sont réputés infaillibles, ce qui signifie que leurs décisions et leurs politiques sont les meilleures possibles, les plus propices à l’intérêt national, et que le fait de protester contre ces décisions ne fait que faire le jeu de l’ennemi. Ainsi, il semble que les protestations du peuple « ennemi » et la mise en cause de ses dirigeants, la chute de certains d’entre eux, et peut-être leur procès pour les actes qu’ils ont commis, soient la preuve de la justesse des politiques de nos « dirigeants » qui sont infaillibles. C’est pourquoi nous nous réjouissons lorsqu’une commission d’enquête israélienne publie un rapport qui rend les dirigeants israéliens responsables d’un échec, comme ce fut le cas, par exemple, lors de l’annonce du rapport de la Commission Vinograd en avril 2007. Après la fin de la guerre israélienne contre le Liban à l’été 2006, sans qu’Israël ait atteint ses objectifs déclarés (destruction du Hezbollah, libération de prisonniers sans échange, mise en œuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies), la rue israélienne s’est mobilisée pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il forme une commission chargée d’enquêter sur les activités des dirigeants israéliens dans les domaines politique, militaire et de la sécurité. La commission Vinograd a été créée et, quelques mois plus tard, elle a publié son premier rapport, qui tenait le gouvernement pour responsable de l’échec de la guerre. L’échec ne signifie pas la défaite, mais plutôt que de meilleurs résultats auraient pu être obtenus, que ce soit en infligeant plus de dégâts à l’ennemi ou en évitant plus de pertes. Le chef d’état-major a démissionné au cours de l’enquête, avant la publication du rapport, le ministre de la Défense a démissionné après la publication du rapport et la popularité du Premier ministre Ehoud Olmert a chuté.
Le Hezbollah voulait faire croire à une victoire triomphale et a salué la « chute » des chefs de guerre israéliens comme une confirmation de sa victoire. En effet, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait déjà déclaré que cette guerre coûterait leur poste aux dirigeants israéliens, et c’est ce qui s’est passé. Mais est-ce une manifestation du succès du Hezbollah, du fait qu’il est sur la bonne voie et qu’il n’est pas nécessaire d’enquêter sur ses dirigeants ou de leur demander des comptes, ou est-ce une manifestation du fait qu’il existe en Israël un mécanisme de responsabilité fondé sur les intérêts suprêmes de l’État et que les dirigeants israéliens, même s’ils se situent très en deçà de ces intérêts, restent comptables de les avoir servis ? Il est évident que l’objectif de ces commissions d’enquête est que les dirigeants israéliens se comportent mieux, ce qui signifie qu’il faut accroître le différentiel entre Israël et son environnement, car Israël doit non seulement être supérieur sur le plan technique et matériel, mais aussi sur le plan de la conduite et de la gestion de la guerre. La démocratie intérieure qui permet les protestations n’est pas moins importante que ces deux aspects, car elle préserve d’une relation aliénée entre le peuple et son gouvernement, de sorte que le gouvernement n’apparaisse pas comme un organe répressif indépendant du peuple et échappant à son influence.
La situation inverse est largement et profondément ressentie en Syrie : les Syriens sont devenus indifférents à toutes les formes d’agression que subit leur pays sous le régime de la junte au pouvoir, et certains Syriens en sont même venus à apprécier les frappes israéliennes répétées comme un affaiblissement du régime et à les considérer comme une manifestation de la crise et de l’incapacité croissantes de la junte. Ainsi, la répression généralisée n’est pas seulement efficace pour le maintien de la junte au pouvoir, mais aussi, dans le même temps, efficace sur le plan interne au service d’un ennemi extérieur.
Si, en 2006, le Hezbollah a effectivement fait preuve d’une cohésion, d’une discipline et d’une excellente capacité de combat qui ont étonné le monde à l’époque, en particulier face à l’offensive terrestre israélienne dans les derniers jours de la guerre, lorsque l’armée israélienne voulait atteindre le fleuve Litani, il a fait montre de ce que les régimes arabes ont toujours montré : l’absence de toute forme de prise en compte ou de lien vivant avec les populations sous leur contrôle qui leur donnerait un droit à demander des comptes, à quoi il faut ajouter son régime partisan interne qui a produit une dissociation paralysante entre le patriotisme affiché comme objectif et la réalité du patriotisme que révèlent les moyens employés.
La vitalité de la relation entre le peuple d’Israël et son gouvernement favorise l’expansionnisme et la domination israéliens, contrairement à une perception qui voit dans les manifestations un signe de la désintégration de la société israélienne et une menace pour l’État occupant. Cette vitalité est un élément de supériorité politique qui s’ajoute aux autres atouts d’Israël. En revanche, notre incapacité chronique à libérer l’État de l’emprise des cliques dirigeantes renforce notre vulnérabilité chronique à l’égard d’Israël, et les droits de nos peuples glissent de plus en plus sur la pente savonneuse.
Rateb Shabo
• Traduction automatique par Deepl (légèrement remaniée pour ESSF par Pierre Vandevoorde) d’un article publié en arabe sur alaraby.co.uk
L’auteur n’a pas pu vérifier la traduction.
• Rateb Shabo est né en 1963. Il est chirurgien, traducteur de l’anglais et écrivain. Il est actuellement réfugié politique en France. Il a été détenu 16 ans dans les prisons syriennes (1983-1999). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels « Le monde de l’islam à ses débuts » (en arabe, non traduit), le récit de ses années de prison (« Achter deze Muren »-« derrière ces murs-là » disponible en arabe et en néerlandais) et « Une histoire du Parti de l’Action Communiste en Syrie (1976-1992) », non traduit.
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