Édition du 17 décembre 2024

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Algérie et Soudan

Soudan. Un accord est célébré. De nombreux défis restent

Les célébrations se sont répandues dans tout le Soudan samedi 3 août 2019 alors que des manifestants pro-démocratie se sont rassemblés dans les rues de la capitale Khartoum et d’autres villes pour marquer l’accord qui a conclu de longs pourparlers entre le Conseil militaire de transition (TMC) et les Forces pour la liberté et le changement (FFC).

Tiré de À l’encontre.

Les deux parties ont confirmé qu’elles étaient parvenues à un accord sur des questions litigieuses et qu’elles signeront un document qu’elles ont appelé une « déclaration constitutionnelle », ouvrant la voie à un nouveau gouvernement de transition. Le TMC a pris le pouvoir après le renversement de l’ancien président Omar el-Béchir en avril.

Certains manifestants ont levé des banderoles réclamant une autorité gouvernementale civile et ont chanté des slogans réclamant la justice et d’établir les responsabilités des tueries. D’autres ont appelé à l’arrestation des Forces de soutien rapide (RSF) qui ont participé au massacre de manifestants dans différentes parties du pays.

Mutaz Siddig, dont le cousin Abdul Salam Kisha a été tué lors de la dispersion d’un sit-in le 3 juin à Khartoum, a déclaré qu’il se félicite de l’accord, mais souhaite que justice soit faite. « Tout accord qui n’inclut pas la responsabilité des auteurs des meurtres ne sera pas accepté », a-t-il dit.

Amani Awad Allah, un membre de la famille d’une victime du massacre d’El-Obied, la semaine dernière, lorsque cinq enfants ont été tués et d’autres blessés, a déclaré vouloir voir les assassins de leurs enfants en prison et exécutés.

« Nous ne sommes pas contre la paix et la solution de la crise, mais nous devons aussi avoir nos droits », a-t-elle déclaré au téléphone à MEE.

Le médiateur de l’Union africaine, Mohamed Hassan Lebatt, a déclaré samedi matin à Khartoum, à l’issue des pourparlers de nuit, que les deux parties s’étaient mises d’accord sur la déclaration constitutionnelle qui doit organiser la période transitoire.

« Les délégations du TMC et du FFC ont réglé la question de la déclaration constitutionnelle, ce qui signifie que les différends ont été résolus. Les deux parties se rencontrent aujourd’hui (3 août) pour préparer une cérémonie à laquelle assisteront certains présidents des pays voisins », a déclaré M. Lebatt, sans préciser quand le document doit être signé.

Medani Abas Medani, membre de premier plan du FFC, a déclaré à MEE que l’accord est un jalon vers la victoire de la révolution soudanaise, bien que de nombreuses autres mesures soient nécessaires pour atteindre les objectifs finals. « Il reste encore beaucoup de choses à faire sur le chemin de notre révolution », a dit M. Medani.

Il a confirmé que le FFC assurera le suivi de la question de la responsabilité de ceux qui ont tué des manifestants, ajoutant qu’un comité indépendant serait nommé après la formation d’un nouveau Conseil des ministres.

« Lorsque le gouvernement civil aura été formé, l’une des principales questions à traiter sera la responsabilité de ceux qui ont tué les manifestants, de sorte que nous formerons un comité indépendant pour enquêter sur tous les meurtres et crimes commis contre les manifestants », a affirmé M. Medani.

Le TMC a admis que les soldats de RSF ont abattu cinq écoliers dans la ville d’Obied la semaine dernière et tué quatre manifestants à Khartoum jeudi dernier (1er août).

Ibtissam al-Sanhouri, membre de la commission juridique du FFC, a déclaré que les deux parties s’étaient mises d’accord sur la majorité des questions en litige, y compris la formation des institutions du gouvernement de transition.

Elle a déclaré au MEE que les deux parties s’étaient également mises d’accord sur une représentation au parlement, dans laquelle le FFC contrôlera 67% des 300 sièges.« Les deux parties ont convenu de former le Conseil de souveraineté, le Conseil des ministres qui sera établi par le FFC et la représentation de 67% au Parlement. Le Parlement aura le droit de nommer un procureur général et responsable de la justice, et de faire des déclarations ayant trait à la guerre et à l’état d’urgence, ce qui renforcera la construction du système parlementaire au Soudan », a-t-elle dit. [1]

Elle a ajouté que 11 commissions seraient constituées pour travailler indépendamment sur les questions de corruption et de réforme de la fonction publique, ainsi que sur les élections, les litiges frontaliers, les conflits fonciers et la planification, entre autres.(Article publié sur le site de MEE le 3 août 2019 ; traduction rédaction A l’Encontre)

Note

[1] Selon une déclaration constitutionnelle signée dimanche, le Conseil militaire de transition (CMD) cédera le pouvoir le 18 août à un conseil civilo-militaire conjoint qui conduira une période de transition de 39 mois vers un régime civil.

Un document, examiné par le MEE, indique que le Conseil de Souveraineté sera formé le 18 août, un premier ministre nommé le 20 août et un cabinet sera formé le 28 août.

Lors d’une cérémonie à Khartoum, le médiateur de l’Union africaine, Mohamed Hassan Lebatt, a déclaré que l’accord final sera officiellement signé le 17 août en présence des dirigeants des pays voisins et d’autres dignitaires. (MEE, 4 août 2019)

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