La présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Mme Louise Chabot, a profité de l’ouverture du Conseil général de la Centrale, ce matin à Québec, pour commenter les premiers pas du gouvernement de Pauline Marois depuis son élection le 4 septembre dernier.
Des initiatives intéressantes
Louise Chabot reconnaît au gouvernement des initiatives intéressantes, parmi lesquelles on retrouve l’annulation des droits de scolarité, la bonification du régime de prêts et bourses, l’abolition partielle de la taxe santé, l’ajout de 3 000 logements sociaux, l’introduction d’un nouveau palier d’imposition pour les mieux nantis et l’annonce de l’ajout de 28 000 nouvelles places subventionnées dans les services de garde.
Des reculs qui portent ombrage
Toutefois, la présidente de la CSQ déplore les reculs et les faux pas qui ont porté sérieusement ombrage aux bonnes nouvelles. « Le dépôt des crédits budgétaires est venu confirmer que de fortes compressions sont à prévoir entraînant avec elles des répercussions extrêmement négatives sur les services publics dès cette année, notamment en éducation et en santé. Et ça ne s’annonce guère mieux l’an prochain avec la plus faible hausse des dépenses enregistrée depuis quatorze ans », déplore Louise Chabot.
Un gouvernement en partie responsable de ses malheurs
Mme Chabot ajoute que le président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, a beau jeu de dire que ce n’est pas de sa faute, mais celle des libéraux, il n’en demeure pas moins que ce n’est pas non plus la faute du personnel du secteur public et de la population qui en feront pourtant les frais.
« S’il est vrai qu’on ne peut pas tenir le gouvernement actuel responsable du marasme financier dont il hérite des libéraux, on peut cependant lui reprocher de ne pas avoir eu le courage de prendre les moyens nécessaires pour se doter de nouvelles sources de revenus. Comme la plupart des gouvernements en Occident, le gouvernement péquiste a préféré recourir au plus facile en coupant dans les dépenses de l’État, au risque d’affaiblir les services publics », constate la présidente de la CSQ.
Dans ce contexte, Louise Chabot n’est guère optimiste devant l’engagement électoral du gouvernement de lancer une vaste mobilisation pour lutter contre le décrochage scolaire et l’analphabétisme.
Un dangereux glissement vers la déshumanisation en santé
En santé, la situation peut sembler plus rose avec l’annonce d’une hausse du budget de 1,5 milliard de dollars l’an prochain, mais les apparences sont trompeuses puisque de ce montant, 500 millions de dollars iront directement dans la poche des médecins. Donc, bien peu pour améliorer les services.
« Le nouveau gouvernement doit également mettre fin aux dangereux glissements entraînés par les mesures d’optimisation des soins, telle que la fameuse méthode Toyota de l’ex-ministre de la Santé, Yves Bolduc. Ces approches de minutage des actes professionnels relèvent de la production à la chaîne et sont plus propices aux usines de fabrication d’automobiles qu’aux établissements de santé et contreviennent aux codes de déontologie du personnel professionnels. Ce sont des pratiques de déshumanisation des soins de santé qu’il faut abolir sans tarder », plaide Louise Chabot.
Harper maintient son préjugé favorable aux riches
Cette dernière ne cache pas que la situation au Québec est encore loin de se comparer à certains pays européens qui sont frappés de plein fouet par de sévères mesures d’austérité. Toutefois, cette réalité pourrait rapidement nous rattraper avec un gouvernement conservateur à Ottawa qui préfère alourdir le fardeau fiscal de la classe moyenne plutôt que de lutter contre les paradis fiscaux. « L’idéologie conservatrice demeure la même : les riches ont le droit de contourner les règles et de s’enrichir encore plus pendant que la classe moyenne et les moins nantis doivent s’appauvrir pour supporter une part de plus en plus lourde et injuste du fardeau fiscal », juge Mme Chabot.
Des « gras durs » du secteur public qui n’existent pas
D’autre part, la présidente de la CSQ a lu avec attention le dernier rapport publié par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui confirme que le personnel de l’État est loin d’être « gras durs » comme une certaine droite voudrait nous le faire croire. En effet, les données objectives démontrent clairement que les travailleuses et travailleurs sont mieux traités dans le secteur privé que dans le secteur public, et ce même en tenant compte de l’ensemble des avantages sociaux consentis. L’écart favorable au secteur privé ne cesse d’ailleurs de se creuser. Une situation qui risque de placer l’État devant des difficultés croissantes en matière de recrutement et de rétention du personnel hautement qualifié.
Un dernier élément important qui ressort du rapport de l’ISQ porte sur la prétendue lourdeur des régimes de retraite publics. La réalité est bien différente puisque ces régimes sont plus économiques et offrent une meilleure protection que dans le secteur privé.
Ottawa en guerre contre les syndicats
La présidente de la CSQ a conclu son allocution devant les membres délégués réunis en dénonçant le projet de loi C-377 qu’elle qualifie « d’offensive sauvage du gouvernement conservateur contre les organisations syndicales ». Selon elle, après avoir bâillonné ses propres scientifiques et étouffé la voix des environnementalistes, des groupes féministes et des ONG internationales en leur coupant les vivres, le gouvernement Harper étend maintenant sa guerre aux organisations syndicales.