Contrairement à l’analyse qu’en fait l’éditorialiste Descôteaux, dans la page en regard de la lettre publiée, et à la présentation qu’en font Hélène Buzzetti et Christian Rioux en page A3, à partir de l’interprétation qu’en font certains leaders souverainistes, dont madame Louise Beaudoin, je trouve que cette lettre n’est pas du tout apaisante et qu’elle ajoute l’injure à l’insulte.
En effet, pas une seule fois le président ne se justifie des termes très durs qu’il a employés, et c’est là le nœud du problème. Nul ne conteste que le président français ait le droit de préférer le fédéralisme. Nul ne lui conteste le droit de le dire haut et fort. Toutefois, comme le disait Jacques Brel : « Je sais, on fait ce qu’on peut, mais y a la manière. » Car, que reproche-t-on au discours de monsieur Sarkozy ? Pas de s’être prononcé contre l’indépendance, mais d’avoir traité les indépendantistes de sectaires, de partisan de l’enfermement sur soi, de personnes qui refusent l’autre. Il y a sûrement de cette attitude parmi les nationalistes réactionnaires, mais les leaders indépendantistes du Québec sont en général partisans de l’ouverture au monde et on ne saurait les amalgamer avec une frange extrémiste, ce qu’a fait le président Sarkozy dans son discours. Or, de cela, il n’est jamais question dans sa lettre. Et ne pas revenir là-dessus, c’est persister dans son erreur.
Les propos lénifiants du président passent totalement à côté du reproche qui lui est fait ; ils l’éludent ; ils le nient. Ce message promotionnel pourrait tout aussi bien avoir été écrit par un spécialiste de la publicité, mais il ne répond en rien à la lettre de madame Marois et de monsieur Duceppe.
Certes, il n’est diplomatiquement pas facile de reconnaître ses erreurs, mais les camoufler ainsi n’est pas très convaincant non plus.