L’exploitation des sables bitumineux a débuté en 1970 en Alberta. Toutefois, ce n’est qu’en 2000 qu’à débuté l’exploitation à grande échelle, à la faveur surtout d’une augmentation des prix dépassant les 100$/baril (2014). Ce contexte particulier a fourni des conditions favorables permettant l’exploitation d’un pétrole cher et très polluant. Depuis plusieurs mois cependant, les prix ont chutés dramatiquement pour atteindre environ 30$ à 40$/b. et ce contexte ne semble pas prêt de s’améliorer.
Selon certains chiffres publiés récemment le coût de production serait de 10$/b. pour le pétrole liquide du Moyen Orient, de 50$/b. pour le pétrole de schiste américain et encore plus pour le pétrole issu des sables bitumineux canadiens. Le bas prix du baril est maintenu par un excès de l’offre sur la demande au niveau des marchés internationaux. Serait-ce là une stratégie pour éliminer les exploitants de pétrole dit « non conventionnel » comme les pétroles de schiste américain et des sables bitumineux du Canada ? Dans un climat de compétition internationale féroce, ont est porté à le croire.
À court terme, les exploitants de sables bitumineux trouveront difficile de continuer à produire à perte. Alors qu’à moyen terme, on peut prévoir que les contraintes reliées aux problèmes des changements climatiques se feront sentir de plus en plus lourdement sur la consommation de pétrole. N’oublions pas que d’ici 2030, il y aura 14 autres rencontres internationales de type COP 21 qui créeront de très fortes pressions à la baisse sur la production d’hydrocarbures. En 2030 également, à titre d’exemple, le Québec propose une réduction des hydrocarbures de 40%. Dans ce contexte, les projets canadiens de construire un oléoduc de 15 milliards $ d’ici 2020 et de doubler la production des sables bitumineux d’ici 2030 apparaissent invraisemblables et pour le moins hasardeux sinon suicidaire financièrement.
Nous croyons donc que l’industrie des sables bitumineux canadienne ne sera pas en mesure de concurrencer sur les marchés internationaux à court terme et qu’à moyen terme elle se fera rattraper par les contraintes environnementales mondiales associées aux changements climatiques. Autrement dit, ils sont coincés par les deux bouts. Par conséquent, l’espérance de vie (utilisation) d’un éventuel oléoduc pourrait ne pas dépasser 15 ou 20 ans. Dans ce contexte, est-il vraiment raisonnable de faire un tel investissement ?
Quoi faire maintenant ? Le plus sage serait de stabiliser la production (je crois que les mises à pied des derniers mois vont dans ce sens), cesser les investissements structurant, dont l’oléoduc Energie Est, et attendre pour voir de quel côté le vent va souffler d’ici quelques mois et années. De plus, pour venir en aide aux travailleurs ayant perdu leur emploi, on peut leur suggérer de vivre plus simplement et pour ceux qui sont en emploi, de partager leur temps de travail. Les salaires sont bons dans le pétrole, alors travailler 3 ou 4 jours par semaine peut permettre de vivre décemment dans la simplicité. De plus, il serait sage de diversifier l’économie dans ces provinces car l’exploitation des sables bitumineux peut disparaître et ne jamais revenir.
Pascal Grenier, ingénieur et simplicitaire
Québec
(418) 529-7890
Note : Ce document sera présenté au BAPE prochainement dans le cadre des consultations publiques québécoises sur l’oléoduc Énergie Est.