Il serait bon de se rappeler qu’il y a à peine quelques mois il était enseveli sous le scandale de la corruption dans le domaine de la construction. C’est d’ailleurs pour cette raison que la fenêtre de possibilité d’élections se rétrécit et devra avoir lieu avant les travaux de la commission Charbonneau l’automne prochain si Charest ne veut pas être éclaboussé.
En effet le rapport Duchesneau faisait état d’une situation de corruption et de collusion avancée au sein de l’industrie de la construction et du gouvernement. À peine 10 firmes se partagent 68% des services professionnels. Celles-ci préparent actuellement 100% des estimations relatives aux contrats d’infrastructure routière à Montréal et 95% dans les autres régions. Selon le rapport, des firmes d’ingénieurs s’associent à des entreprises de construction pour frauder le gouvernement, tandis qu’elles utilisent des prête-noms pour financer les partis politiques. (1)
Amir Khadir a dénoncé à plusieurs reprises cette pratique de la part des firmes d’ingénierie pour financer surtout le Parti Libéral du Québec (PLQ). Elles sont, parmi les compagnies, celles qui contribuent le plus à la caisse électorale du PLQ. Suite à une enquête du Directeur Général des Élections du Québec (DGÉQ) entreprise sous la pression de Québec Solidaire, la firme Axor, en août 2010, a plaidé coupable d’avoir utilisé des prête-noms pour financer surtout le PLQ. Amir affirmait que ce type de financement n’était pas le fait de gestes isolés mais un système bien organisé. Avec raison, il craignait que les firmes d’ingénierie profitent de façon indue d’un retour d’ascenseur de la part du gouvernement Charest. Il ne se trompait pas.
Selon la liste des appels d’offre de 2010, 19 contrats ont été signés de gré à gré seulement avec les firmes d’ingénierie pour un montant de plus de 26 millions $. La moyenne des contrats est évaluée à plus 1 360 000 $. Les bénéficiaires les plus importants sont, seul ou en consortium, SNC Lavalin. Cima+, Dessau, BPR, Séguin et Roche. Comme par hasard, parmi l’ensemble des grandes firmes d’ingénierie, Cima+ et SNC-Lavalin profitent le plus de ces contrats négociés, elles, qui ont été les plus importants "contributeurs" au PLQ en 2007 et 2008.
Il y a quelques jours Le directeur de SNC-Lavallin Pierre Duhaime a été remercié après avoir fait de mystérieux paiements de 56 millions $ comptabilisés dans des projets auxquels ils n’étaient pas reliés, mais a tout de même reçu 4,9 millions en prime de départ.
Quelle signification, autre que la collusion, peut-on donner au fait que Charest se soit opposé si longtemps à la tenue d’une commission d’enquête publique dans l’industrie de la construction ?
Aujourd’hui il fait campagne contre les étudiant-e-s « qui ne veulent pas faire leur juste part ». C’est tout simplement outrageant et scandaleux !
NB Tiré du discours d’André Frappier lors de l’assemblée publique de Québec Solidaire Crémazie sur la lutte du mouvement étudiant jeudi le 5 avril dernier.
(1) André Noël, La Presse 1er Octobre 2011