Parmi les enjeux occultés d’élection en élection, la santé mentale n’aura pas fait l’objet d’une exception cette année. Catégorique dans sa position formulée l’an dernier,2 l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) réclame l’élaboration d’une loi sur la parité en santé mentale qui forcerait le gouvernement à déployer autant d’efforts et de ressources en santé mentale qu’en santé physique.
« Le Canada consacre 7,2 % de ses dépenses de santé aux services en santé mentale, un taux jugé insuffisant pour répondre à la demande, selon l’OCDE. »
En clôture de cet article y sont décrites les plateformes des 6 partis en matière de santé mentale. En bref, le Parti conservateur promet le statu quo ; le Bloc québécois et le PPC voient les provinces comme étant uniques responsables de leur stratégie en matière de santé mentale ; le NPD réitère l’importance de garantir la couverture de la santé mentale et souhaite s’attaquer au suicide dans les communautés autochtones ; le Parti libéral compte injecter plus d’argent en santé mentale et s’attarder aux vétérans ; et le Parti vert souhaite mettre sur pied une stratégie nationale sur la santé mentale et le suicide. Santé mentale, grande oubliée de la campagne électorale fédérale, 16 octobre 2019.
Les mesures d’inclusion des personnes vivant avec un handicap auront également été quasi-totalement éclipsées des discours des partis, alors qu’une toute nouvelle Loi canadienne sur l’accessibilité fut adoptée au dernier mandat, promettant de créer 5000 emplois pour cette population.3
« L’accès à chaque ressource et type d’aide nécessite des heures à remplir des formulaires avec des informations pourtant fournies dans de nombreux cas depuis la petite enfance ou les mêmes dossiers à renouveler tous les deux ou trois ans ». Les personnes handicapées presque invisibles dans la campagne électorale, 17 octobre 2019.
Dans un autre ordre d’idées, Heidi Rathjen, militante contre les armes d’assaut et témoin de la tuerie de Polytechnique, s’est prononcée cette semaine concernant les plateformes des différents partis en matière de l’enjeu de santé publique que constitue le contrôle des armes à feu. Selon la coordonnatrice de PolySeSouvient, alors que le Parti libéral du Canada avait fait adopter la loi C-71, renforçant la vérification des antécédents et exigeant des vendeurs qu’ils vérifient la validité du permis d’armes à feu, ceux-ci n’en ont toutefois pas fait assez.
« Les autres partis, le Parti libéral, le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois et le Parti vert sont tous en appui au contrôle des armes, […] la plateforme libérale est la plus forte » en ce qu’elle mettrait en place « une interdiction totale des armes d’assaut, sans clause grand-père, avec un engagement de racheter les modèles existants qui ont été acquis légalement. » Par ailleurs, elle estime qu’un vote conservateur « équivaudra à voter pour le lobby des armes ». Heidi Rathjen : un vote pour les conservateurs est un vote pour le lobby des armes, L’actualité, 15 octobre 2019. Election 2019 : Polytechnique victims support Trudeau on gun control, Montreal Gazette, 15 octobre 2019.
Par ailleurs, le dossier de l’avortement en aura été un corsé pour le Parti vert cette année, mais nul ne pouvait s’attendre à voir Elizabeth May se présenter en personne à la manifestation contre la fermeture de la seule clinique privée d’avortement du Nouveau-Brunswick.
« Pour une campagne [électorale] qui a largement été dominée par la question de quel parti défend le plus fermement le droit des femmes à un avortement légal et sans risques, il est quelque peu ironique et triste de constater qu’au milieu de la campagne fédérale, un élément clé à l’accessibilité pour les femmes du Nouveau-Brunswick […] est menacé de fermeture imminente en raison d’une décision du gouvernement conservateur [du Nouveau-Brunswick] » a-t-elle indiqué. Quand la fermeture de la clinique d’avortement devient un enjeu électoral, Radio-Canada, 13 octobre 2019.
Enfin, le collectif Health Providers Against Poverty (HPAP) vient tout juste de déposer un rapport faisant foi de bulletin de notes pour les plateformes électorales des 4 principaux partis (excluant le Parti populaire du Canada et le Bloc québécois). Les enjeux faisant l’objet de cette évaluation sont la sécurité du revenu et de l’emploi, l’accessibilité des soins de santé, les logements abordables, la crise des opioïdes, la crise climatique et la souveraineté autochtone. Selon eux, le Parti vert et le NPD se méritent la note de B, les Libéraux un D+ et les Conservateurs un échec. Ce rapport s’étirant sur presque 40 pages recèle de précieuses comparaisons et critiques permettant d’éclairer nos choix au seuil du scrutin du lundi 21 octobre. Conservative platform gets a failing grade, Liberal’s barely passes on poverty and health : report, GlobalNews, 16 octobre 2019. 2019 federal election poverty and health report card : an analysis and comparison of election promises of the four major parties, Health Providers against Poverty, 15 octobre 2019.
Notes
1- Participation record au vote par anticipation, Radio-Canada, 15 octobre 2019
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1346854/vote-anticipation-participation-hausse-record
2- L’ACSM demande une nouvelle législation en matière de santé mentale,Association canadienne pour la santé mentale, 17 septembre 2018
https://acsmmontreal.qc.ca/news/lacsm-demande-une-nouvelle-legislation/
3- Résumé du projet de Loi canadienne sur l’accessibilité, Gouvernement du Canada, Juin 2019 https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/accessible-personnes-handicapees/loi-resume.html
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