Mais résistances à quoi ?
La conjoncture politique mondiale est loin de mettre les droits des femmes de l’avant. Les crises économiques, environnementales, sociales, fragilisent l’autonomie des femmes et leur place dans la société.
L’inflation généralisée oblige les femmes à encore plus de gymnastique pour tenir les ménages en équilibre. Leur place sur le marché du travail voit leur rémunération réelle baisser avec l’inflation. Les mécanismes d’indexation n’étant presque qu’inexistants, la situation sera difficile à rattraper sinon par le bas. Les femmes gagnent toujours 80% du salaire des hommes. Quant à la retraite, la situation française démontre bien les mécanismes pernicieux qui font que les femmes, à cause du travail à temps partiel, des périodes d’accouchement, du prendre soin des enfants, reçoivent moins que les hommes en bout de parcours. Les mécanismes PCR mis en place au Canada pendant la COVID-19 ont aussi montré que vivre avec un chèque d’aide sociale, c’est vivre sous un minimum vital. Et les femmes en sont majoritairement bénéficiaires tout comme plusieurs personnes réfugiées. Les femmes en situation de handicap subissent aussi les impacts des coupures de service.
Les changements climatiques avec leur lot de désastres : feux, inondations, tornades, tremblements de terre obligent aussi les femmes à prendre encore plus soin des familles et des ménages . Faire les deuils, reconstruire, s’exiler, recommencer une nouvelle vie sont des réalités non pas nouvelles,, mais plus documentées. Il y a aussi les migrations dues aux changements et aux désastres climatiques parce qu’il est impossible de vivre à ces endroits e et les migrations pour cause de guerre qui affectent davantage les femmes et les enfants, l’Ukraine étant le dernier exemple en date.
Les crises sociales, et en première loge la montée de la droite et de l’extrême droite,, accablent aussi les femmes, principalement dans leur corps. C’est d’abord le droit l’avortement qui a été remis en question en Pologne et aux États-Unis, suivi par d’autres pays en Amérique latine. Et, dans cette foulée, les droits des personnes LGBT+ voient leur la discrimination à leur endroit s’accentuer. Viennent ensuite toutes les formes de violences faites aux femmes. Les féminicides, y compris ceux des personnes trans, sont devenus une réalité connue. Les violences et le harcèlement révélés grâce à MeToo sont aussi d’actualité. Les conséquences du patriarcat sur la vie des femmes ne passent plus, la porte de la vie privée est maintenant défoncée. Et les liens du patriarcat avec l’exploitation capitaliste des femmes commencent à mieux s’articuler.
Résistances et luttes des femmes
Les conséquences de ces différentes crises affectent davantage les femmes, mais les femmes n’en sont pas victimes : elles réagissent. Les femmes résistent et luttent.
Contre l’inflation mondiale, les infirmières partout dans le monde se mettent en grève : en Angleterre (du jamais vu depuis les années 80), en France pour défendre leur retraite et au Québec avec la prochaine lutte du secteur public (75% des femmes) autour de demandes d’indexation des salaires.
Les femmes autochtones culturellement liées à la terre mère mènent des luttent exemplaires contre l’extractivisme capitaliste. Les industries minières creusent le sol, défont les paysages, exproprient les gens de leur territoire, polluent l’eau et tuent les militantes et militants écologistes. Les femmes mènent aussi des luttes exemplaires contre l’agrobussiness (huile de palme entre et autres surexploitations) et les industries de pesticides, de semences OGM, ou forestières. C’est en Amérique latine, mais aussi en Afrique et partout dans le monde. Via Campesina appelle à remettre en question cette exploitation capitaliste éhontée pour une agriculture de proximité plus respectueuse de la nature, appelle à porter attention à la situation des femmes qui possèdent à peine 1% des terres, mais produisent 80% des denrées dans les pays du sud.
Les femmes se mobilisent et luttent maintenant pour défendre leur vie et leur intégrité. Me Too en est le symbole le plus connu. Mais les femmes mexicaines avaient sonné l’alarme avec en dénonçant les meurtres de femmes à Ciuda Juares. Et alors, le mot féminicide a commencé à être prononcé. Viols, violence conjugale, harcèlement ne sont plus de la faute des femmes, ni problèmes de couples, ni affaire du privé, mais bien le fait de la domination des hommes sur les femmes : le patriarcat a ainsi été pointé du doigt. Les femmes iraniennes ont développé leurs forces et leurs revendications pour transformer une révolte justifiée en mouvement social, et ce, depuis 4 mois. Dans tous ces contextes de violence, les femmes se sont protégées, ont crées des réseaux, des maisons d’hébergement, des safe spaces.
Elles ont pris aussi la rue et crié EL VIOLATOR ERES TU (LE VIOLEUR C’EST TOI), comme les militantes au Chili.
Elles ont, en outre, lutté, pour garder le contrôle sur leur corps, pour avoir les enfants qu’elles veulent. Des manifestations de masse en Argentine ont gagné le droit pour les femmes à l’avortement. Les femmes américaines dans des états très républicains ont réussi à conserver le droit à l’avortement.
Les mobilisations continuent pour les droits des personnes LGBT+ et les personnes trans car les acquis sont de plus en plus fragilisés.
Mais surtout les résistances féministes ont ouvert de nouveaux chemins, des chemins vers l’unité et la tolérance.
L’intersectionnalité est maintenant une valeur reconnue : se battre pour les droits des femmes marginalisées, c’est se battre pour toutes les femmes. Les femmes racisées, et principalement les femmes noires, ont bataillé longtemps pour faire reconnaître cette valeur essentielle à l’organisation du mouvement des femmes.
Les femmes latino-américaines par leur détermination, leurs moyens de luttes originaux et de masse ont aussi ouvert de nouvelles perspectives. C’est dans la rue que les luttes se gagnent.
Enfin, les femmes autochtones partout dans le monde nous ont montré l’importance de respecter la nature, d’être en lien avec la terre mère et de se mobiliser pour le respect du territoire, car notre corps est aussi un territoire qu’on viole et qu’on saccage.
Les résistances féministes sont là, les femmes sont en action. Bon 8 mars.
Un message, un commentaire ?