Le rapport de l’AIE comporte plusieurs omissions dont le fait que le gaz entre en compétition avec les énergies vertes et qu’il sera extrêmement difficile de contrôler les émissions de méthane une fois que les puits seront « fermés ». Étonnamment, l’AIE fait fi de ses propres constats quant à l’urgence de s’affranchir rapidement des combustibles fossiles de manière à éviter les changements climatiques anticipés.
Pour Patrick Bonin, « le rapport de l’AIE manque de nuances et démontre l’absurdité de développer le gaz de schiste, particulièrement au Québec où le potentiel des énergies renouvelables est très grand. Les calculs jovialistes de l’Agence nous confirment que développer des gaz de schiste mènerait à un réchauffement planétaire de 3,5 degrés ! ».
Le gaz nuit au développement des énergies vertes
L’AQLPA rappelle qu’en 2011 Fatih Birol, économiste en chef de l’AIE, associait le développement du gaz de schiste à une baisse de 50% dans les investissements dans les énergies renouvelables aux États-Unis »[2]. La Banque mondiale précisait à ce titre que les investissements dans les infrastructures portent sur de très gros montants et qu’il est impératif d’éviter de verrouiller les économies qui le peuvent dans des scénarios en contradiction avec nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre[3].
Puits fermés : fuites de méthane
Récemment Marc Durand, professeur retraité de l’UQAM a démontré que l’exploitation des gaz de schistes présente de grands risques de fuites de méthane pendant la phase d’exploration, d’exploitation et même après la fermeture des puits[4]. Il est en effet impossible d’enlever un puits, encore moins de remettre le schiste fracturé dans son état initial. Les données sur les puits classiques[5], actifs ou abandonnés montrent que les émissions de gaz sont détectées dans des proportions de 20% dans le cas des puits datant de quelques années, mais que ce pourcentage augmente à 40% pour des puits datant de dix ans et jusqu’à 60% des puits pour la tranche datant de 25 ans et plus.
De plus, une étude réalisée par Maurice B. Dussault[6], ingénieur géologue ayant travaillé pour l’industrie gazière, fait état de dizaines de milliers de puits abandonnés qui présentent des fuites à la surface. Étant trop récents, aucune donnée n’est disponible pour les puits québécois. Pourtant, nous devrions atteindre les mêmes résultats puisque les matériaux utilisés sont les mêmes.
Le gaz de schiste plus polluant que le charbon
Finalement, l’AQLPA rappelle le Scottish Widows Investment Partnership vient de publier une étude démontrant que le gaz de schiste est aussi polluant que le charbon[7]. Cette étude s’ajoute à celle de l’Université Cornell qui arrive à des conclusions similaires[8].
Notes
[1] Agence Internationale de l’énergie (2012), "Are We Entering a Golden Age for Gas ? "Are We Entering a Golden Age for Gas ?”
[2] Harrabin’s Notes : Mission impossible ?. 19 January 11 09:27 ET http://www.bbc.co.uk/news/mobile/science-environment-12224948
[3] Banque mondiale (2010), Rapport sur le développement dans le monde 2010 - Développement et changement climatique. Abrégé version préliminaire, p.11 http://siteresources.worldbank.org/INTWDR2010/Resources/5287678- 1226014527953/Overview-French.pdf
[4] Voir la page Facebook de Monsieur Durand contenant l’ensemble de ces publications : http://fr- fr.facebook.com/gazdeschiste2
[5] Brufatto et al (2003), From Mud to Cement—Building Gas Wells Oilfield Review, Sept 2003, pp 62-76
[6] Dussault(2000), Why Oilwells Leak : Cement Behavior and Long-Term Consequences, Society of Petroleum Engineers, pp1 http://aqlpa.com/catalogue-de-documents/doc_download/175-why-oil-gas-wells-leak.html
[7] Mackenzie et Russel (2012), The view from SWIP… Sustainability Scottish widows investment partnership http://www.eeb.cornell.edu/howarth/Marcellus.html