C’est sans doute une bonne chose mais le prochain congrès doit surtout être l’occasion pour Québec Solidaire de se positionner plus clairement sur l’échiquier politique québécois et de mieux se démarquer comme seule alternative de la gauche radicale sur le plan électoral. Je propose pour ma part que le parti se définisse à la fois comme le parti de la rupture et du dialogue, ce qui peut paraître à première vue contradictoire, et je m’explique.
Parti de rupture il s’affirmerait comme faisant partie du courant mondial de la gauche radicale à l’exemple du Parti radical grec qui est passé près de devenir la principale force politique de ce pays lors des dernières élections dans le contexte de l’application de mesures d’austérité sans précédent dictées par les milieux financiers internationaux. Se situant dans cette ligne de pensée Québec Solidaire se différencierait ainsi de la gauche traditionnelle dont fait parfois partie le Parti Québécois au Québec selon les époques, et également le NPD au Canada. Même si les partis de la gauche traditionnelle comme le Parti socialiste français actuellement au pouvoir ont un discours de gauche lorsqu’ils sont dans l’opposition, dès qu’ils sont au pouvoir, et cela est plus vrai aujourd’hui que jamais, ils font une politique de droite. Ayant mis de côté leur discours traditionnel socialiste, comme vient de le faire le NPD, en respectant les prémisses du système capitaliste ils ne peuvent dans la logique économique dominante qu’à agir au pouvoir comme la droite. Nous en avons l’exemple au Québec avec le discours plus à gauche du PQ lors de la campagne électorale ( gel des frais de scolarité, abolition de la taxe santé, augmentation de l’impôt des plus riches etc. ) et sa politique plus à droite une fois au pouvoir ( indexation des frais de scolarité, maintien de la taxe santé, coupures à l’Aide sociale, maintien de l’impôt des plus riches au niveau actuel etc. ).
Québec Solidaire s’inscrirait ainsi clairement dans la ligne de pensée des partis politiques qui s’affichent en rupture avec le système capitaliste basé avant tout sur l’intérêt individuel, le secteur privé et la recherche du profit. Il s’affirmerait plus que jamais comme porteur avant tout de l’intérêt collectif, de secteurs public et de l’économie sociale forts et du bien commun. L’intérêt privé aurait toujours sa place mais serait subordonné dans tous les domaines au bien commun. Le mur écologique et économique vers lequel nous nous dirigeons et la période chaotique qui suivra cette crise majeure mondiale donnera naissance à toutes sortes d’issues politiques de droite comme de gauche. La dérive autoritaire à la Harper apparaîtra à plusieurs comme la solution et il est important dès maintenant de bien positionner une solution radicale de gauche pour qu’elle devienne pour plusieurs une option valable.
Parti de dialogue, après avoir ainsi précisé les fondements de son existence et de son action Québec Solidaire demeurerait ouvert à la discussion avec toutes les couches de la société et tous les partis politiques. Faisant preuve d’humilité il ne serait pas le propriétaire de la vérité il serait prêt tout en respectant ses principes de mettre de l’eau dans son vin selon les sujets et les circonstances pour répondre avant tout au bien commun et à l’expression de la démocratie. Il serait ouvert aux alliances circonstancielles avec d’autres partis politiques selon la teneur des débats et serait même prêt à faire partie d’une coalition gouvernementale et à y défendre ses idées si l’intérêt de la population le commande.
Yves Chartrand, membre de Québec Solidaire Hochelaga-Maisonneuve