Édition du 8 avril 2025

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Quand Éric Duhaime veut nous libérer… pour mieux nous enchaîner !

Quand Éric Duhaime veut nous libérer… pour mieux nous enchaîner !J’assisterai demain à un spectacle visant à dénoncer le saccage de l’assurance-emploi par le gouvernement Harper et à démontrer notre solidarité envers les chômeuses et les chômeurs qui doivent y faire face (le spectacle sera Webdiffusé en direct, dès 19 h, au www.webtv.coop/live). L’événement est organisé par la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi dont font partie la CSQ et plusieurs autres organisations syndicales. Je me demande si Éric Duhaime serait d’accord avec notre démarche… probablement pas !

En effet, une fois de plus, le Don Quichotte de la droite libertarienne au Québec, Éric Duhaime, vient de publier un nouveau pamphlet. Après s’être attaqué une première fois au modèle de l’État québécois, notre scribouilleur prend maintenant comme cible les « méchants syndicats », titrant d’ailleurs sa diatribe Libérez-nous des syndicats, une adaptation de la célèbre chanson de Loco Locass.

Une « job de bras » pour le compte des plus riches

Un titre symbolique, facile et sans imagination, à l’image d’un écrit pour lequel l’auteur se vante, dès les premières pages, de n’avoir aucune citation ni autre source pour appuyer sa thèse. En fait, dans ce contexte, il serait plus juste de parler non pas de thèse, mais plutôt de préjugés. De fait, c’est exactement de cela qu’il s’agit : un ramassis de vulgaires préjugés, de demi-vérités et de fausses informations regroupés ensemble et ressassés sans cesse du début à la fin pour essayer de convaincre les lecteurs que les syndicats ont fait leur temps.

M. Duhaime ne manifeste aucun souci pour la vérité. Peu lui importe puisqu’il est évident, dès le début de son pamphlet, qu’il n’est pas en mode information, mais bien en mode propagande. Il mène en fait une vulgaire propagande antisyndicale pour le compte probable de ces mêmes individus puissants et riches qui financent par de généreux dons anonymes son Réseau Liberté Québec aussi bien que l’Institut économique de Montréal.

Un moraliste… sans morale

Cette attaque de M. Duhaime contre les syndicats n’est pas le fruit du hasard. Elle est téléguidée et probablement commanditée dans l’ombre par une riche élite qui se sert de l’individu pour tenter d’affaiblir le dernier vrai rempart pour la défense et la protection de nos droits sociaux au Québec : les syndicats.

Son opinion est tellement imprégnée de faussetés et d’inexactitudes, qu’elle ne peut donc pas s’appuyer sur des erreurs. Elle relève de la mauvaise foi évidente, une mauvaise foi insuffisante pour porter ombrage aux syndicats, mais qui nous en dit long sur la morale de l’auteur.

Les seuls empires chers au cœur de Duhaime

Il voudrait nous libérer des syndicats, mais il se garde bien de dire ce qu’il propose en retour. Je vais vous le dire.

À une société où les travailleuses et les travailleurs ont le droit de se regrouper, de se serrer les coudes pour revendiquer leurs droits et de meilleures conditions de travail, Éric Duhaime préfèrerait une société composée d’individus isolés les uns des autres et donc tous vulnérables et dépendants du bon vouloir des riches et des puissants, dont les patrons.

Il aime bien faire de la démagogie sur le dos des syndicats qu’il accuse de vouloir se bâtir des empires. Mais n’est-il pas étrange de voir comment il ferme facilement les yeux sur les vrais empires capitalistes, qui n’ont jamais assez de profits et de pouvoirs pour imposer leur volonté à la société et à nos gouvernements.

Qui notre société doit-elle le plus craindre ? Les syndicats qui sont le reflet de la volonté de leurs membres ou les riches entreprises qui se livrent la plupart du temps à un chantage honteux contre leurs propres travailleurs et l’ensemble de la société, dès le moment où on leur demande de payer une plus juste part ?

La vraie liberté

D’autres générations qui nous ont précédés ont connu ce qu’était la société sans syndicats. Ils s’en trouveraient bien peu pour dire qu’ils se sentaient alors libérés. Bien au contraire, ils se savaient enchaînés. Et c’est justement pour briser ces chaînes qu’ils ont uni leurs forces à travers des syndicats.

Aujourd’hui, Éric Duhaime voudrait que nous nous libérions des syndicats pour reprendre nos chaînes. Nous préférons continuer à profiter de la liberté telle que nous la concevons.

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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