Les syndicats et les organisations de la société civile du Canada appellent à la prise de mesures immédiates pour secourir les travailleuses et les travailleurs et défendre les droits dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
La coalition dit que le souci des travailleuses et travailleurs ne peut pas s’arrêter aux frontières du Canada et qu’on ne saurait abandonner les millions de femmes et d’hommes qui confectionnent des vêtements dans d’autres pays. Les efforts faits pour rectifier les dangereuses conditions de travail par suite du désastre du Rana Plaza ne doivent pas être annulés au cours de la crise mondiale actuelle.
Le 24 avril 2013, l’effondrement de l’usine Rana Plaza à Dhaka, au Bangladesh, a tué au moins 1 132 personnes et en a blessé plus de 2 500 autres.
La tragédie a mis en évidence les conditions de travail inférieures aux normes et les bas salaires dans l’industrie. En réponse à l’indignation publique devant ce désastre, plus de 200 marques et détaillants mondiaux ont signé une entente juridiquement contraignante avec le Bangladesh et les organisations syndicales mondiales qui a apporté d’importantes améliorations à la sécurité au travail.
La pandémie actuelle fait peser de nouvelles menaces sur la vie et le gagne-pain des travailleuses et travailleurs du vêtement.
Les marques et les entreprises ont annulé des commandes dans toutes leurs chaînes d’approvisionnement, rendant les usines incapables de verser les salaires à leur personnel, même à l’égard du travail déjà accompli. Cela laisse des millions de personnes sans revenu ni sécurité d’emploi. Les femmes sont frappées de façon particulièrement dure par la crise.
Quatre-vingts pour cent des quatre millions de travailleurs du vêtement bangladais sont des femmes. Depuis des années, ces personnes touchent des salaires de misère qui leur permettent à peine de joindre les deux bouts. Elles n’ont pas d’épargne dans laquelle puiser. Sans travail, sans revenu, avec un accès minime aux soins de santé et sans filet de sécurité social, elles peuvent facilement sombrer dans la misère noire et avoir du mal à se nourrir ainsi qu’à nourrir leurs familles.
En réponse à la crise, le gouvernement du Bangladesh a déclaré une suspension nationale du travail pour une période prolongée. Des millions de travailleuses et travailleurs sont rentrés dans leurs villages les poches vides, incapables de récupérer leurs salaires impayés ni une indemnité de départ auprès des usines fermées. L’aide publique est acheminée aux usines mais les travailleuses et les travailleurs ont de la difficulté à y accéder. Certaines usines sont restées ouvertes et les gens continuent à y travailler à l’étroit sans équipement de protection individuelle.
Les syndicats et les organisations de la société civile du Canada expriment leur solidarité à l’égard des travailleuses et travailleurs du vêtement du Bangladesh et de tous les pays, et ils recommandent que soient prises de toute urgence les mesures suivantes :
Paiement des commandes et des salaires et santé et sécurité des travailleuses et travailleurs
Les marques et les détaillants canadiens doivent honorer leurs obligations envers les fournisseurs et les travailleuses et travailleurs en acquittant les commandes achevées ou en cours d’exécution. Ils devraient s’assurer que les salaires ou les indemnités de départ de toutes les personnes qui occupaient un emploi au début de la crise soient payés et que les personnes qui travaillent pendant la pandémie puissent suivre les directives de protection de l’Organisation mondiale de la santé et se réserver le droit de refuser un travail dangereux.
Secours d’urgence pour les travailleuses et les travailleurs
Les gouvernements, y compris celui du Canada, devraient soutenir les programmes mondiaux de secours d’urgence à l’intention du personnel du secteur du vêtement auxquels contribuent les institutions financières internationales, les gouvernements donateurs ainsi que les marques et les détaillants. Ces programmes doivent maintenir les emplois et les salaires des travailleuses et travailleurs.
Diligence raisonnable obligatoire en matière de droits de la personne
Le gouvernement du Canada devrait adopter des dispositions législatives obligeant les entreprises à respecter les droits de la personne dans leurs activités et leurs chaînes d’approvisionnement. Ces dispositions devraient exiger que les entreprises fassent preuve de diligence raisonnable par rapport à leurs risques en matière de droits de la personne et d’environnement, qu’elles prennent les mesures nécessaires pour prévenir et réduire ces risques et qu’elles rendent des comptes aux tribunaux si elles bafouent les droits de la personne.
Réédification d’une économie juste après la pandémie
L’ensemble de l’industrie doit modifier son mode de tarification et de gestion. Les marques canadiennes doivent s’engager à établir des chaînes d’approvisionnement plus durables et plus résilientes qui respectent les droits des travailleurs et permettent de voir à ce que les fournisseurs assurent à leur personnel un salaire suffisant pour vivre et des avantages sociaux.
Appuyée par :
Alliance de la Fonction publique du Canada
Amnistie internationale Canada francophone
Association québécoise des organismes de coopération internationale
Canadian Jesuits International
Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
Congrès du travail du Canada
Connextion Justice Sociale
Conseil canadien pour la coopération internationale
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
L’Église Unie du Canada
Fairtrade Canada
Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l’Ontario
Inter Pares
KAIROS : Initiatives oecuméniques canadiennes pour la justice
Maquila Solidarity Network
Mines Alerte Canada
Nobel Women’s Initiative
Ontario Catholic No Sweat Network
Ontario English Catholic Teachers’ Association
Oxfam Canada
Réseau canadien sur la reddition de compte des entreprises
Syndicat canadien de la fonction publique
Syndicat des Métallos
Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce
Workers United Canada Council
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