Avez-vous consulté vos commettants à propos du projet de loi 106 ?
Vous avez tous et toutes été élus par des gens de vos comtés qui vous ont choisi pour les représenter.
Alors, avez-vous consulté la population de vos circonscriptions à propos du chapitre 4 du projet de loi (PL) 106 ?
Leur en avez-vous expliqué les tenants et aboutissants ? Mais peut-être ne les connaissez-vous pas vraiment...
Avez-vous vraiment lu le chapitre 4 du PL 106 ?
Ce n’est certainement pas lors des réunions de caucus que vous avez pu vous renseigner sur la question des hydrocarbures, sur la fracturation hydraulique, sur l’utilisation des différents procédés chimiques qui servent à leur exploitation, ainsi que sur les conséquences de cette exploitation sur les nappes phréatiques, les sources d’approvisionnement en eau potable, les cours d’eau, la vie aquatique, l’agriculture, l’alimentation et la santé des gens ?
Non, ce n’est pas au cours des caucus que vous avez pu vous renseigner.
Le ministre Arcand a-t-il informé la population du Québec du contenu du chapitre 4 du PL 106 ?
Non.
Premièrement il a tenu des consultations en pleine période de vacances. Il a reçu des mémoires, mais semble avoir entendu surtout les mémoires provenant de groupes en faveur de son projet de loi : les chambres de commerce, le Conseil du patronat, des associations d’industriels, des groupes d’intérêts qui n’ont que la finance en tête, l’argent. Ces gens-là voudraient nous faire croire que nous avons besoin des hydrocarbures pour avancer économiquement, pour créer des emplois. Rien n’est plus faux ; nous en créerions beaucoup plus avec les énergies vertes, c’est prouvé.
Deuxièmement, il a toujours présenté le chapitre 4 de son projet de loi comme étant une tentative d’encadrer l’exploitation des hydrocarbures. Voyons ! Avec son PL 106, le ministre Arcand ouvre toute grande la porte aux compagnies pétrolières et gazières qui n’attendent que l’adoption de la loi pour commencer leurs travaux de forage, chez-vous, dans vos cours, sur les terres agricoles du Québec, au nord et au sud du Saint-Laurent. De toute façon, presque tout le territoire habité du Québec est déjà sous concession. Et des milliers de propriétés sont dans le collimateur de ces compagnies.
On vous l’avait dit ?
Le ministre Arcand a-t-il apporté des modifications à son projet de loi ?
Non.
Mais il vous dira le contraire. Il vous affirmera qu’il y a apporté quelques 70 modifications, alors qu’il s’agit plutôt de précisions, de changements de vocabulaire, etc. Des broutilles.
Aucun changement sur le fond.
Un député, dont nous tairons ici le nom, (et qui, vraisemblablement, n’a pas lu le PL 106) aurait fièrement affirmé que le ministre Arcand s’était engagé à ce qu’il n’y ait pas d’expropriation en phase d’exploration. C’est vrai, et c’est même prévu dans le projet de loi. Mais c’est là une demi-vérité, comme d’habitude. Monsieur Arcand aurait dû ajouter, pour mieux éclairer le député, que l’expropriation n’est prévue que pour la phase d’exploitation. Dans ce cas, en effet, une compagnie peut vous exproprier si vous lui refusez l’accès à votre propriété. Monsieur Arcand n’arrive jamais à dire toute la vérité à son interlocuteur. C’est le modus operandi de son gouvernement.
Que fait monsieur Couillard ?
Il se rend à la COP 21 à Paris, puis à la COP 22 à Marrakech, et y fait de belles déclarations, relayées sur nos écrans, sur les bonnes actions de son gouvernement en matière de protection de l’environnement contre les effets négatifs des changements climatiques.
Peut-être rêve-t-il d’une nomination à l’international ?
Que fait Monsieur Couillard un fois rentré chez-nous ? Il laisse son ministre Arcand conserver tel quel le chapitre 4 du PL 106, ce qui aura pour effet d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre tout en nous dépouillant de nos propriétés pour les donner aux compagnies pétrolières et gazières.
Monsieur Couillard parle des deux côtés de la bouche. On appelle-ça un discours de Premier ministre qui dit savoir où il va, mais pas nous...
L’eau, l’air et le sol
Y a-t-il quelque chose de plus essentiel que l’eau ? Parlez-en à la population de La Paz, en Bolivie, qui n’a actuellement accès à de l’eau que 3 heures par jour, et cela aux 3 jours !!! Parlez-en aux citoyens des États américains où l’on extrait le pétrole et le gaz grâce à la fracturation hydraulique : ils doivent maintenant faire venir des citernes d’eau potable pour leur consommation quotidienne, pour faire cuire leurs aliments, se laver, etc.
Et l’air ? L’exploitation des gaz de schiste empoisonne l’air.
Les sols ? Une fois l’eau contaminée et l’air irrespirable, les sols ne peuvent plus fournir la nourriture aux insectes pollinisateurs, aux oiseaux, aux bêtes, aux humains. Et c’est la chaîne de la contamination qui tourne en boucle.
D’après vous, que devrait faire un gouvernement qui se vante d’être responsable ?
Que cherchent les ministres Arcand et Couillard ?
C’est bien connu, les gens d’affaires et la classe politique marchent main dans la main. Alors que cherchent nos politiciens ? Se faire du crédit auprès des compagnies pétrolières et gazières afin de s’y garantir un emploi lorsqu’ils se seront retirés de la politique ?
On a déjà vu ça dans un passé pas très lointain...
Travaillent-ils pour nous, pour la population ? Pour conserver notre eau potable, notre air pur et nos sols en santé afin de produire une nourriture locale saine ? Oh que non !
Ils travaillent pour le pouvoir, l’argent et une future grosse « job » payante avec les « puissants » qu’ils ont côtoyés et généreusement subventionnés avec l’argent de nos impôts et de nos taxes pendant leur mandat.
Savez-vous que si monsieur Couillard avait fait campagne sur les hydrocarbures (avec, bien sûr, toutes les informations sur les véritables conséquences qu’implique leur exploitation), près de 70 % de la population du Québec aurait voté contre lui, contre son parti... et contre vous.
Et vous, députés libéraux et ministres du gouvernement du Québec, que cherchez-vous ?
Avez-vous à cœur de servir et de protéger la population du Québec ? Je suis certaine que oui.
Du moins c’était vrai lorsque vous vous êtes présentés en politique et que vous avez gagné le comté.
Mais qu’êtes-vous devenus ? Des gens qui se sentent plus ou moins à l’aise de suivre la ligne de parti ? Qui, par peur, n’osent pas questionner les autres députés et ministres autour de la table ? Qui ne prennent pas le temps de lire un projet de loi aussi capital pour la population du Québec et se fient à ce que dit le député et ministre Arcand sans se soucier de ce qu’il ne dit pas ?
Que cherchez-vous ? Un sourire du premier ministre ? Une promotion au sein du conseil des ministres ? Peut-être un ministère ? Une carrière ?
Dans quelques années, que direz-vous à vos enfants et à vos petits-enfants ? Que pour leur bien et pour le bien de tous les Québécois, le gouvernement Couillard jugeait important d’adopter le PL 106 ? Vraiment ? Vos enfants et vos petits-enfants ne vous croiront pas... avec ce qu’ils auront à boire et à manger...
Qu’allez-vous voter le moment venu ?
À titre de députés, vous représentez tous les citoyennes et les citoyens de vos circonscriptions. Ceux-ci n’avaient pas vraiment prévu devoir se prononcer sur le projet de loi 106.
C’est vous qui le ferez à leur place.
Le ministre Arcand veut faire adopter tel quel son PL 106, avec son chapitre 4, avant la période des Fêtes, probablement après avoir imposé le bâillon.
Peut-on dans ce cas encore parler de démocratie, surtout quand il s’agit d’un projet aussi important, aussi essentiel et vital pour le Québec, et qui justifierait, pour être valide, la tenue d’un référendum ?
Alors ? Vous tiendrez-vous debout ? Vous opposerez-vous à ce projet de loi, comme vous le demandent vos commettants ? Serez-vous assez forts pour vous dissocier de la ligne de parti ?
Saurez-vous reconnaître la justesse des revendications de la population civile qui demande de retirer le PL 106, ou à tout le moins son chapitre 4 ? Saurez-vous faire valoir cette demande légitime auprès des collègues de votre parti qui sont en chambre avec vous ?
SEREZ-VOUS ASSEZ COURAGEUX POUR VOUS LEVER, POUR VOUS TENIR DEBOUT ET POUR DIRE NON ?
Faites-le et vous serez gagnants sur toute la ligne !
Et la population s’en souviendra.
Michelle Théroux
Le 28 novembre 2016