Deux agriculteurs seront sur place lundi après-midi pour présenter leurs questions et doléances à la commission de l’ONÉ. L’enjeu des changements climatiques préoccupe tout particulièrement Réjean Beauparlant, producteur de pommes de terre de Lanoraie, qui s’est lui-même doté d’un système d’irrigation avant-gardiste, sans hydrocarbures, afin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles. « Nous ne voulons pas de cet oléoduc qui permettrait une hausse de la production de pétrole des sables bitumineux à des fins d’exportation, résume son fils Jean-Christophe Beauparlant. Il va sans dire qu’en tant qu’agriculteurs, le risque de contamination de l’eau potable nous préoccupe aussi au plus haut point. » Patrice Riopel, propriétaire d’un centre équestre à Mascouche, verrait pour sa part sa propriété amputée du quart si l’oléoduc était construit selon le tracé actuel. Il dépend de la disponibilité d’une eau potable de qualité pour abreuver ses chevaux.
« À ce temps-ci de l’année, les agriculteurs veulent être dans leurs champs, avec leurs animaux, pas au centre-ville de Montréal, souligne Odette Sarrazin, responsable du RCVHL. Il faut rendre hommage à ces producteurs agricoles qui luttent pour défendre leur territoire, notre territoire et la planète, même s’il leur en coûte beaucoup. »
Pierre Foisy, porte-parole du CVHMMM, souligne pour sa part le déséquilibre des moyens entre les citoyens touchés et le promoteur : « La motivation de notre comité pour mener ce qu’il convient de décrire comme un combat, est inversement proportionnelle aux ressources dont nous disposons. Si la compagnie TransCanada jouit de moyens techniques et financiers quasi illimités pour promouvoir son projet, la société civile, elle, doit s’appuyer sur le seul engagement de citoyens dépourvus des ressources démesurées dont dispose le lobby pétrolier », s’indigne-t-il.
« Au printemps dernier, les citoyens ont investi une somme époustouflante d’énergie dans un BAPE boiteux, si boiteux qu’il a été interrompu à mi-chemin, rappelle Carole Dupuis coordonnatrice générale et porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ). À présent, ils sont appelés à défendre leurs points de vue devant l’ONÉ, alors qu’il manque encore des éléments énormes au dossier et que l’impartialité de la commission est devenue un sujet pour les humoristes. Où est le gouvernement ? Quand mettra-t-il fin à cette farce macabre ? »