C’est plus de 80 personnes, syndicalistes de toutes allégeances, jeunes et moins jeunes, qui se sont massées dans le Centre Saint-Pierre à Montréal pour entendre Charles Ste-Marie, vice-président à l’éducation et mobilisation et information pour le Syndicat des employé-e-s du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (SECHUM-CSN) et Ghislaine Raymond, militante de la Centrale des syndicats du Québec (anciennement la CEQ) et auteure de l’ouvrage Le « partenariat social », Sommet socio-économique de 1996, syndicats et groupes populaires. Le tout a été présidé par l’ancienne porte-parole de l’ASSÉ, aujourd’hui militante syndicale pour UNIFOR, Jeanne Reynolds.
Les conséquences du « partenariat social »
Lors de son intervention, Ghislaine Raymond a remis en cause la stratégie du « partenariat social » prônée par les centrales syndicales à partir des années 90. Cette approche consiste à favoriser une politique de concertation et de dialogue avec les différents acteurs politiques et économiques, plutôt que de miser sur l’instauration d’un rapport de forces avec le gouvernement et les employeurs pour faire avancer les revendications des travailleur-euses.
Elle a raconté comment cette approche s’est révélée désastreuse lors du Sommet socio-économique de 1996, à l’époque des politiques du « déficit zéro » de Lucien Bouchard. Les directions des centrales ont préféré miser sur le dialogue plutôt que sur la mobilisation. Le patronat et le gouvernement n’ont donc eu aucun mal à imposer leur agenda néolibéral. Ses politiques ont eu des conséquences terribles sur les conditions de travail, notamment la coupure de 50 000 postes, et ont été l’une des causes directes de la décrépitude des services publics aujourd’hui. L’autre grande conséquence de cette politique de conciliation a été la « désappropriation » du syndicat par la direction des centrales. À quoi bon militer, si les directions font ce qu’elles veulent ? Il faut donc que les militant-e-s de la base se réapproprient leurs organisations.
« Pour un retour au travail de terrain »
Charles Ste-Marie milite depuis 12 ans pour le SECHUM, le plus gros syndicat local au Québec avec ses 4500 membres. Le CHUM « incorporated » réunit sous un même toit toutes les dérives de la gestion néolibérale du système public et des partenariats publics privés (PPP) ; mal-financement, corruption, collusion, dépassements de coût et surcharge de travail. Tout cela se résume, selon le militant, à une « socialisation des pertes et à une privatisation des profits ». La situation au CHUM démontre bien la liaison étroite entre les luttes locales et les grands enjeux sociaux, et prouve l’urgente nécessité de redonner vie concrètement au « deuxième front [1] ».
Le militant a également parlé du décalage entre les membres et le syndicat. Selon lui, cela s’explique par une accumulation de tâches administratives qui amène les représentants syndicaux à négliger le travail de terrain. Mais il n’y pas de solution miracle, la priorité doit rester la mobilisation de la base, c’est la seule porte de sortie si le mouvement syndical veut survivre.
Construire Offensive syndicale
Après les présentations s’en est suivi une longue période de discussions avec les gens de l’assistance. Malgré les divergences, l’ensemble des interventions témoignaient d’une volonté ferme de se battre pour de meilleures conditions de travail et un syndicalisme plus combatif. Le premier test d’Offensive syndicale est donc réussi, mais il reste beaucoup de travail à faire. Il faut maintenant élaborer des perspectives concrètes d’action dans l’immédiat et élaborer des stratégies d’interventions dans le mouvement syndical. C’est à cela que doivent servir les prochaines assemblées publiques.
Les assemblées d’Offensive syndicale sont le seul lieu au Québec où les miliant-e-s des différentes centrales peuvent échanger et élaborer collectivement des perspectives communes. Dans cette optique, le collectif a décidé de mener une première assemblée publique durant le mois d’avril à Québec et une autre à Montréal le 14 mai prochain. Offensive syndicale sera également présent lors de la manifestation du 3 avril contre l’austérité.
Pour ne pas que cette initiative reste sans lendemain, il faut construire Offensive syndicale. N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour nous aider dans cette tâche, parce que, comme le déclarait Ghislaine Raymond, « s’il y a une volonté de résister, il y a une possibilité de changement ».
Travailleurs-euses…organisons notre offensive !
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