Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Pourquoi je dis non à Enbridge ?

À cause de tous les non-dits, interprétations et mensonges par omission présents dans ce dossier, qui touche pourtant à des questions essentielles pour notre avenir.

Les experts en économie ont déjà démontré que les avantages économiques éventuels seront loin d’être à la hauteur des promesses, et pourraient même être absents ou négatifs pour le Québec.

Les experts en sécurité des installations ont déjà démontré que les risques pour l’environnement et pour la sécurité des populations sont très élevés, et qu’Enbridge est loin d’avoir un bilan sans taches sur ce plan.

Je regarde les cartes des tracés de pipelines en Amérique du Nord, et je m’étonne que le tracé de la canalisation 9B s’arrête à Montréal, alors que Lévis attend la manne, que le Nouveau-Brunswick et le Maine sont déjà reliés à Montréal.

L’oléoduc aurait un bilan propre sur le plan des gaz à effet de serre ? Enbridge se drape dans son simple rôle de transporteur ; la responsabilité en matière de GES reviendrait à ses clients, les compagnies pétrolières.

L’oléoduc ne transporterait que du pétrole léger ? Dans le document soumis par Enbridge à la commission parlementaire (p. 12), on parle d’approvisionnements en pétrole brut de l’Ouest canadien et de la région de Bakken aux États-Unis, et même d’« une certaine quantité de pétrole brut lourd… ». Dans les faits, c’est la porte ouverte au pétrole des sables bitumineux. La raffinerie Suncor serait prête à investir pour s’adapter à une augmentation des apports de pétrole lourd, qui constitue pour le moment 15 % du volume qu’elle traite. Quant à la compagnie Valero, elle attend le pétrole de l’Ouest, aussi bien du pétrole synthétique de l’Alberta que du pétrole de Bakken, pétrole de schiste obtenu par fracturation.

Donc approuver l’inversion du flux de l’oléoduc 9B d’Enbridge, c’est donner le feu vert à la croissance de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels de l’Ouest, ce qui représente un déni de la réalité : nous devons lutter contre les gaz à effet de serre, travailler à réduire notre dépendance aux hydrocarbures fossiles afin de réduire les changements climatiques qui menacent l’avenir d’une bonne partie des habitants de la Terre. Le temps est venu pour le Québec de réagir et de s’opposer aux diktats de l’industrie du gaz et du pétrole dont le discours rassurant cache des objectifs de croissance et de recherche de profit immédiat incompatibles avec le souci du bien commun.

Je demande en conséquence à nos élus d’imposer un moratoire sur le projet d’Enbridge et de prendre le temps de réfléchir et d’élaborer une véritable politique énergétique tournée vers l’avenir.

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