Édition du 19 novembre 2024

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Débat sur les politiques d’alliance

Pour réussir la fusion avec Option nationale

Québec solidaire (QS) est traversé par un double débat qui peut avoir des conséquences majeures sur son avenir. Dans le tourbillon des adhésions favorisées par celle de Gabriel Nadeau-Dubois, réussir la fusion avec Option nationale (ON) nous apparaît être le défi le plus important du prochain congrès, bien au-delà de la discussion sur la tactique électorale.

Il est vrai que QS est plus important en nombre qu’ON, qu’il jouit d’une aile parlementaire et que le nom des solidaires demeurerait. On pourrait ainsi croire que la perspective soumise au congrès est secondaire. Toutefois, ce serait se méprendre si on refuse de consentir à revoir la position de 2016. Si on veut que l’exercice renforce le mouvement et que le tout soit plus grand que la somme des parties, on ne peut sous-estimer les exigences de la fusion.

L’importance de la fusion

Le Comité de coordination nationale (CCN) l’a bien vu : la fusion entre QS et ON ne peut pas être évaluée sur une base strictement comptable, en fonction du nombre de membres. Dans le contexte des débats sur la convergence au Québec, elle représente une importante avancée politique.

D’abord, elle va en sens contraire de l’évolution du Parti québécois (PQ) depuis des décennies, dont les crises ont successivement chassé des courants dissidents, voire réformateurs. Par exemple, la défection dans les années 80 a vu quelques dissidents fonder une coalition pour la proportionnelle, , alors que René Lévesque suggérait le beau risque et que Jacques Parizeau démissionnait du cabinet. Cette coalition s’est éteinte quelques années plus tard. C’est le résultat le plus avancé que les différentes crises du PQ ont pu produire, exception faite de la dernière grande crise.

En effet, alors que les Aussant, Beaudoin, Curzi ou Lapointe quittaient le PQ, le premier a lancé un nouveau parti politique, Option nationale. Que cette formation issue du PQ décide maintenant de rejoindre les rangs d’un parti de gauche indépendantiste constitue une première dans l’histoire du mouvement national et du PQ.

De plus, la portée de la fusion avec ON ne concerne pas seulement les prochaines élections. Elle va au-delà, après 2018, dans le cadre de la recomposition qui se produira invariablement. Elle concrétise une réelle approche stratégique de convergence. Réussir la fusion avec ON contribue à démontrer que l’avenir du mouvement indépendantiste se trouve du côté de la vision progressiste de l’indépendance du Québec.

Par ailleurs, si on tient compte de celles et ceux qui ont adhéré récemment avec Gabriel Nadeau-Dubois, l’intégration des membres d’ON marquerait le renouvellement de la composition du parti, puisque plus de la moitié des membres le serait depuis moins d’un an.

QS doit souscrire dès le congrès de mai à reconsidérer sa décision adoptée lors du congrès de 2016 sur l’assemblée constituante, si on veut donner une chance réelle aux discussions avec ON de réussir. Un tel exercice doit offrir l’occasion de refaire l’unité de QS sur l’indépendance et d’exprimer aux membres d’ON notre volonté de les accueillir dans nos rangs.

Revoir la position adoptée en 2016

Au lendemain du congrès de 2016, les détracteurs de QS ont vite fait de s’emparer du résultat pour tenter de prouver que la position majoritaire n’est pas vraiment indépendantiste. Comment interpréter les résultats du congrès de 2016 ? Comment réaliser une intégration productive des deux sensibilités de QS qui permettrait de réussir la fusion avec ON ?

Depuis des années au Québec, la gauche est divisée en deux grands courants progressistes : un pour l’indépendance et un autre pour le droit à l’autodétermination, c’est-à-dire reconnaissant le droit à l’indépendance comme un droit qu’un peuple peut recourir, sans pour autant conclure à la nécessité de la séparation. Alors que le premier courant considère que l’indépendance ne peut se concrétiser sans réaliser projet social, celles et ceux du deuxième courant s’y sont ralliés en participant à la fondation de QS et en reprenant l’idée que l’indépendance constitue une voie pour réaliser le projet social, sans pour autant que ça offre une garantie.

La contribution historique de QS à ce jour est d’avoir réuni ces deux courants pour proposer un programme de gauche dans une perspective indépendantiste. L’idée de l’assemblée constituante est celle qui synthétise le mieux cette fusion. Nous sommes loin de l’opposition simpliste, comme le soutiennent certains détracteurs de QS, entre un courant plus indépendantiste et un autre fédéraliste. Le courant plus fédéraliste a déjà quitté les rangs de QS lors d’un précédent débat, alors que le parti a affirmé de manière sans équivoque qu’il n’y avait pas d’avenir à réformer le fédéralisme canadien.

L’assemblée constituante et la souveraineté populaire

L’autonomie de l’assemblée constituante est le message du vote majoritaire du dernier congrès. Si QS doit revoir sa position adoptée pour assurer la fusion avec ON, il ne s’agit pas de reconsidérer l’autonomie de remettre en question ce que le congrès a voulu reconnaître à la constituante. Il importe toutefois que QS affirme clairement qu’il ne peut exister qu’une seule constitution pour le Québec pour établir une perspective susceptible d’unir les différents courants progressistes et indépendantistes.

L’autonomie de la constituante est fondamentale, mais comme le reconnaît maintenant le CCN, il s’agit de la mise en place d’un mécanisme d’exercice de la souveraineté du peuple québécois qui s’oppose à la constitution canadienne. L’impossibilité de réformer le fédéralisme canadien ne permet pas d’équivoque sur un retour en arrière pour demeurer une province canadienne telle qu’elle existe actuellement !

À partir du moment que la constitution est vue comme unique, toute l’autonomie de la constituante peut alors s’exercer, non seulement sur les différents aspects de l’état et des droits, mais aussi au niveau des alliances subséquentes entre peuples souverains, notamment avec les populations amérindiennes. En exerçant pleinement son autonomie, en posant les assises d’une souveraineté politique assumée, le peuple québécois pourra librement choisir les associations qu’il souhaite conclure avec les populations voisines.

Revoir la position adoptée au congrès, n’exige pas une réécriture importante. Revoir la position implique d’affirmer la plus complète autonomie de la constituante, d’une part, la reconnaissance qu’il n’y a plus d’avenir dans le cadre constitutionnel canadien actuel, d’autre part, et que le mandat de l’assemblée constituante sera de définir les fondements d’une constitution pour le Québec.

L’idée que QS fasse la promotion de l’indépendance dans le cadre de la constituante devient alors un peu une pétition de principe. On devrait plutôt écrire que QS s’engage à promouvoir, dans le cadre des débats au sein de la constituante, la pleine souveraineté du peuple québécois dans ses droits et ses institutions, dans le cadre de la nouvelle constitution du Québec.

Ronald Cameron
membre QS du comté de Mercier
responsable substitut de la CT altermondialiste
Le 23 avril 2017

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