Édition du 19 novembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Plus de 20 groupes de la diaspora indienne au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Australie, en France et au Canada publient une déclaration commune sur leurs préoccupations concernant l'inauguration du Ram Mandir.

L’inauguration du Temple Ram crée un précédent dangereux pour les
minorités en Inde

Montréal. 22 janvier 2024.

Déclaration conjointe

**

Les organisations de la société civile indienne sont extrêmement
préoccupées par le précédent dangereux créé par l’inauguration du temple
Hindou Ram à Ayodhya par le Premier ministre Narendra Modi. L’inauguration
marque le début des élections générales indiennes, qui auront lieu en
avril-mai 2024. C’est clairement le début de la campagne électorale du
parti Bharatiya Janta (BJP). Ayant lieu quatre jours avant le Jour de la
République de l’Inde, il s’agit également d’une tentative de mettre de côté
et de remplacer la Constitution laïque de l’Inde rédigée par le Dr B.R.
Ambedkar.

Le temple Ram a été construit sur les ruines de la mosquée Babri Masjid du
XVIe siècle, détruite par les suprémacistes hindous en 1992. En 2019, la
Cour suprême indienne s’est prononcée [1] en faveur de la revendication
foncière des suprémacistes hindous pour autoriser la construction du
temple, bien qu’il considère la destruction de la mosquée Babri Masjid
comme un acte criminel. Cependant, la décision n’est pas allée jusqu’à
condamner l’effacement culturel d’un site musulman historique, ni n’a
cherché à répondre aux violents affrontements communautaires qui ont suivi
dans le pays à la suite de sa destruction.

La « consécration » prévue du temple par le Premier ministre Modi et
d’autres membres du parti au pouvoir BJP et des piliers du Rashtriya
Swayamsevak Sangh (RSS), une organisation suprémaciste hindou, est un
signal que l’Inde est sur le point de créer un Rashtra (État) hindou. Cela
mettra en œuvre les objectifs à long terme du RSS visant à faire de l’Inde
un Rashtra hindou et remplacer la Constitution par le Manusmriti, un ancien
texte hindou violemment brahmanique, anti-dalit (discriminatoire et
exclusive) et patriarcal. Bien entendu, cela indique également que
l’Hindutva (le suprémacisme hindou) sera au centre de la campagne
électorale du BJP.

Cela se produit dans le contexte d’une horrible escalade de la
discrimination et de la violence contre les minorités religieuses, en
particulier les musulmans. D’avoir comme but la création d’un État hindou
va également à l’encontre du tissu laïc du pays et de sa Constitution.

Le parti BJP, dirigé par Modi, cherche activement à effacer les traces de
l’héritage musulman en Inde, par exemple en révisant les manuels scolaires
et en réécrivant l’histoire telle qu’elle est racontée dans les médias
populaires et dans les sphères publiques et politiques. Il s’agit de
présenter la communauté minoritaire comme étrangère, sans aucun lien avec
l’Inde, conformément à l’idéologie suprémaciste hindoue.

L’appropriation de sites religieux musulmans, comme la mosquée Babri
Masjid, est l’un des outils de l’arsenal nationaliste hindou. Le verdict de
la Cour suprême sur la mosquée Babri Masjid en 2019 a donné lieu aux
allégations similaires [2] et aux campagnes bien planifiées de la part des
suprémacistes hindous contre les lieux de culte musulmans et sites
religieux ailleurs en Inde. Dans la ville de Mathura, dans l’Uttar Pradesh,
un procès est en cours pour déterminer si l’emplacement de la mosquée Shahi
Idgah est le lieu de naissance du dieu hindou Krishna. À Varanasi,
également dans l’Uttar Pradesh, la mosquée Gyanwapi est également
revendiquée par des groupes hindous alignés sur le parti au pouvoir, le
BJP. En acceptant des réclamations juridiques sur ces mosquées historiques,
les tribunaux, dont la Haute Cour de l’Uttar Pradesh, ont permis ces actes
d’appropriation. La Cour suprême indienne a elle-même ouvert la porte à des
contestations judiciaires contre la loi de 1992 sur les lieux de culte [3],
qui visait à protéger le caractère religieux des bâtiments historiques
après la destruction de la mosquée Babri Masjid.

Alors que l’Inde se prépare aux prochaines élections générales,
l’inauguration du temple Ram – sur le terrain où se trouvait autrefois la
mosquée Babri Majid – est un symbole puissant du mépris du BJP pour le
droit des minorités religieuses à exister dans la sphère publique indienne
et à exercer leur droit à la liberté de croyance. Cela cimente également un
dangereux précédent [4] déjà établi, en s’appropriant davantage le
patrimoine culturel et religieux des minorités et en leur supprimant leurs
droits [5] en tant que citoyens indiens.

Alors que la République indienne entre dans sa 75e année, nous, la diaspora
indienne, nous tenons aux côtés de tous ceux qui, en Inde, résistent
courageusement à l’offensive meurtrière et déshumanisante du régime Modi
contre les musulmans, les chrétiens, les Dalits et d’autres minorités, à
son castéisme et à sa misogynie virulente, à sa persécution des dissidents,
et ses tentatives de remplacer ou de saper la Constitution laïque.

Signataires :

South Asia Solidarity Group
South Asia Justice Campaign
Uniting Ummah of Australia Organisation
Indian American Muslim Council
Hindus for Human Rights - UK
Alliance Against Islamophobia . Australia
Strive UK
Anand Shakya, Maharashtra Officer Forum, Nagpur
UK Indian Muslim Council
Indian Alliance Paris, France
India Civil Watch International, North America
Periyar Ambedkar Thoughts Circle of Australia. (PATCA). Australia.
Melbourne Grand Mosque
Asim Jaleel - Craigieburn Masjid and Community Centre
Muslim Collective, Australia
Peace in India (UK)
Scottish Indians For Justice
South Asian Diaspora Action Collective (SADAC)
Women Against Caste
India Labour Solidarity (UK)
International Solidarity for Academic Freedom in India (InSAF India)
Coalition Against Fascism in India
The Rights Collective (UK)
CERAS (South Asia Forum)

Source :
South Asian Diaspora Action Collective (SADAC) & CERAS (South Asia Forum)

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