NITASSINAN, QUEBEC—(Marketwire - 9 mai 2011) -
« Le gouvernement ne nous a pas consultés, alors qu’il en a l’obligation. On ne lui signera certainement pas un chèque en blanc pour exploiter nos territoires », déclare le Chef Raphaël Picard.
Aucune véritable consultation
Les Chefs innus déplorent que, malgré les promesses faites, le gouvernement n’ait encore manifesté aucune réelle intention de les consulter selon les critères dictés par la Cour suprême du Canada. « Comment croire le premier ministre aujourd’hui quand il affirme vouloir nous consulter alors qu’il ne l’a pas encore fait depuis tout ce temps ? », soutient le Chef Jean-Charles Piétacho. « Nous ne sommes pas contre le développement, mais quand il concerne notre territoire, nous devons être pleinement impliqués. Nous exigeons des relations de nation-à-nation, de gouvernement à gouvernement », ajoute le Chef Réal McKenzie.
Consentement requis
Les Innus vivant au Québec forment un peuple distinct, possédant des droits non-éteints sur un immense territoire nommé « Nitassinan » (notre territoire, en langue innue). Malgré des négociations qui perdurent depuis 30 ans, aucun traité n’a encore été conclu avec les gouvernements, contrairement aux nations crie, inuite et naskapie. « Notre message est clair : nous avons des droits qui exigent notre consentement pour tout projet de développement territorial sur nos terres ancestrales,affirme le Chef George.-C.S Bâcon. Le Gouvernement du Québec nous promet, entre autres, 251 millions par période de cinq ans pour le prolongement de la 138 à l’Est de Kégaska, ce qui est une bonne nouvelle même si cette demande d’Unamen Shipu ne faisait pas initialement partie du Plan Nord, s’inscrivant dans une démarche distincte. Pour tout le reste, il est évident que la démarche entreprise par le gouvernement du Québec devra se faire dans le respect des droits ancestraux et issus de traités. »
Les Innus ont subi des injustices historiques à cause, entre autres, de la dépossession de leurs terres, territoires et ressources, ce qui les a empêchés d’exercer, notamment, leur droit au développement conformément à leurs propres besoins et intérêts. Dans ce contexte, et en l’absence d’un traité entre les Innus et les gouvernements du Québec et du Canada, nous ne pouvons qu’insister sur l’importance pour notre nation de participer à la mise en œuvre et à l’évaluation des plans et programmes national et régional susceptibles de nous toucher directement. Pour le Chef Georges-Ernest Grégoire, « Les Innus ont le droit de définir et d’établir des priorités et des stratégies pour la mise en valeur et l’utilisation de leurs terres ou territoires et de leurs ressources naturelles. Particulièrement, avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur le Nitassinan notamment en ce qui concerne la mise en valeur, l’utilisation ou l’exploitation de nos ressources minérales ou hydroélectriques – comme par exemple, celui du projet hydroélectrique sur la Petite Meticana – le consentement innu est essentiel. »
En conclusion, le Chef Grégoire est d’avis que « rien dans le Plan Nord ne peut porter atteinte à l’obligation constitutionnelle du Québec de mettre en place des mécanismes efficaces visant à assurer une réparation juste et équitable pour toute activité de développement sur les terres et ressources naturelles innues. De même, des mesures adéquates devront être prises pour en atténuer les effets néfastes sur les plans environnemental, économique, social ou culturel. »
Les cinq communautés signataires de cette Alliance représentent quelque 9 500 Innus, soit environ 70 % de la population globale des communautés innues au Québec. Leur territoire commun (Nitassinan) couvre 460 000 km2, au Québec et au Labrador.