Édition du 19 novembre 2024

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Économie

Pétrole, moins mais plus

Dans mon article récent sur la COP26 (COP26, assez de blabla, seule la lutte paiera) je citais une spécialiste de la Chine pour qui les tensions sur l’approvisionnement énergétique, qui ont amené Pékin à hausser de 10% la production de charbon, ne sont pas un incident mais l’expression des contradictions structurelles de l’impossible (selon moi) "transition énergétique" capitaliste.]*), je citais une spécialiste de la Chine pour qui les tensions sur l’approvisionnement énergétique, qui ont amené Pékin à hausser de 10% la production de charbon, ne sont pas un incident mais l’expression des contradictions structurelles de l’impossible (selon moi) "transition énergétique" capitaliste.

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Cette analyse est confortée par les infos diffusées hier par le Financial Times. Selon le Financial Tmes, en effet, Biden, en même temps qu’il prétend organiser la transition renouvelable aux USA, fait pression depuis plusieurs semaines sur la Russie et sur l’Arabie saoudite... pour qu’elles augmentent leur production pétrolière !
Les raisons du président US sont à la fois économiques et politiques.

Économiquement, le problème est que les pétrolières, tout en restant accrochées a l’exploitation des réserves, freinent leurs investissements fossiles pour restreindre leur exposition future aux "stranded assets" (la perte sèche de participations dévalorisés). La pénurie relative qui en découle fait monter les prix, ce qui contrarie la relance post covid de l’ensemble de l’économie... (tout en faisant exploser les profits que les pétrolières distribuent a leurs actionnaires : raison pour laquelle les Saoud et Poutine ont dit zut a Biden).

Politiquement, la hausse des prix de l’énergie met en danger la très fragile majorité démocrate au congrès et dans le pays. Les Républicains misent a fond là-dessus dans l’espoir de gagner les élections de mi-mandat. En réalité, ils imputent a Biden ce qui est imputable aux lois de l’économie capitaliste sur un marché énergétique dérégulé. Mais, avec une bonne dose de populisme à la Trump, ça marche...

Le FT considère possible un scénario énergétique global dans lequel le pic de l’offre précède de plusieurs années le pic de la demande. Cela semble assez probable en effet, dans la mesure où les principaux gouvernements capitalistes ne peuvent plus se permettre de ne pas agir sur le climat, mais maintiennent contre vents et marée les politiques néolibérales au service de la relance par la concurrence pour le profit, donc de l’accumulation... responsable à la fois du basculement climatique et de la pénurie relative d’énergie.

Ce scénario signifie que les hausses des prix énergétiques s’installeront dans la durée, avec des conséquences redoutables sur le plan social, en termes de pauvreté et de montée des inégalités.

Sur le plan social, en effet, il va de soi que le monde du travail sera durement frappé. Surtout les couches les plus populaires, qui ne peuvent s’offrir les investissements verts et efficients et dont les salaires/allocations ne sont pas indexés, ou le sont mal.

Il y a un vrai danger de voir alors les populistes d’extrême droite utiliser cette situation de façon démagogique, pour relancer le négationnisme climatique, durcir encore le refoulement des migrant.e.s , consolider la mainmise coloniale la plus brutale sur les ressources du Sud et discréditer les cris d’alarme écologiques... Tout cela pour le plus grand profit du capital, fossile en particulier.

La réalité, cependant, est que les tensions prolongées sur le marché énergétique risquent de rendre la transition aux renouvelables encore plus mythique qu’aujourd’hui, donc d’accélérer la catastrophe écologique… dont les pauvres sont les principales victimes.. C’est bien ce que montrent les cas chinois et US, avec la volonté de relancer la production fossile, dans les deux cas pour des raisons à la fois économiques et politiques !

"Le capitalisme ruine les deux seules sources de toute richesse : la Terre et le travailleur/la travailleuse". Nous sommes entrés de plein pied dans une période historique où cette conclusion de Marx se vérifie au quotidien. Elle se vérifiera de plus en plus douloureusement si une lutte à la fois sociale et écologique ne vise pas a abattre ce système. Gagner les exploité.e.s à cette lutte, les amener à rompre le compromis productiviste avec le capital ( le compromis qui fait croire que l’emploi, le revenu, les conditions d’existence... dépendent de la "croissance") est LA TÂCHE STRATÉGIQUE DE LA PÉRIODE.

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