On nous avait annoncé que les machines simplifieraient notre travail, nous débarrasseraient des tâches lourdes et peu gratifiantes de sorte que les emplois occuperaient moins de notre temps et seraient de plus en plus épanouissants. C’est plutôt le règne des horaires éclatés et imprévisibles, des tâches sans signification dans une société malade de la gestion. (Lire à ce sujet : La société malade de la gestion : Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social, Vincent de Gaulejac, Points, Seuil, 2009 [2005])
Les grands esprits promeuvent, depuis le siècle des Lumières, le droit au bonheur pour l’être humain, la liberté et l’émancipation de l’individu, l’affranchissement des chaînes qui empêchent la personne de réaliser son potentiel. Or, la société de consommation asservit les êtres en les réduisant au statut de consommateurs et de clients, et les soumet aux diktats des banques émettrices de crédit.
Alors, peut-on en vouloir aux jeunes, devant des prédictions qui ne se réalisent pas, devant les contradictions de l’évolution de la société, de ne pas s’investir à fond dans le travail, de chercher à réaliser leur bonheur personnel tout de suite, de préférer la libre disposition de leur temps aux responsabilités gestionnaires et aux honneurs, de ne pas faire confiance aux leaders et d’afficher une certaine indifférence aux autorités autoproclamées ?
N’avons-nous pas récolté ce que nous avons semé ? Le temps n’est-il pas venu de refonder la société sur des valeurs humaines ?